Sébastien Baer chef du service reportage de franceinfo est au micro de la médiatrice des antennes.
Jeudi 26 septembre, vous êtes dépêché sur place, quel est votre premier réflexe ? Auprès de qui cherchez vous des informations ? Les riverains, la Préfecture, des associations locales ?
Sébastien Baer : La première source d’information sur place, ce sont les riverains : beaucoup sont sur le pas de leur porte, devant leur appartement, devant leur maison en train de se demander ce qu’il se passe. Différents témoignages, celui d’une habitante réveillée à 6h du matin par une explosion, ou celui d’un homme levé à 3h pour aller travailler.[…]
Si l’on reprend les faits chronologiquement, quelques heures seulement après votre arrivée l’antenne de France Info bascule en spéciale.
Comment vivez-vous cette séquence ? On éprouve de frustration en tant que reporter sur le terrain ?
Sébastien Baer : à 11h58 ce jeudi, l’actu Lubrizol disparaît complètement des écrans radars. Six directs étaient prévus entre 12h à 13h20, on passe à zéro ; grosse frustration à titre personnel. Mais on est face à un événement exceptionnel, la mort de Jacques Chirac. Parallèlement on a le site internet et nos consœurs et confrères de France Bleu Normandie sont en édition spéciale, et trois heures plus tard l’information « normale » reprend sur les antennes de Radio France.
Malgré des conférences de presse et des propos qui se veulent rassurants, l’inquiétude des habitants persiste au fil des jours… en tant que journaliste avez-vous perçu un défaut d’information de la part des autorités ?
Sébastien Baer : Effectivement, selon les témoignages des riverains, l’alarme ne retentit qu’à 8h du matin, plus de 5h après le début de l’incendie, ainsi que l’intervention du Préfet qui se veut rassurant sur l’absence de dangerosité. Les gens sont déboussolées.[…]
Ce fossé entre la parole des autorités et le ressenti des rouannais vous parait-il justifié ?
Sébastien Baer : vous avez des propos rassurant du Préfet qui communique sur les résultats officiels des analyses sur ces particules de fumées et les policiers sur le terrain qui sont tous équipés de masques, puis les agriculteurs qui vont jeter leur lait, les dépôts de suie laissés dans les communes alentours […] puis le déplacement de 4 ministres sur place […] On se dit que si une partie du gouvernement se déplace, c’est qu’il se passe quelque chose de grave.
On a vu énormément d’informations et de photos circuler sur les réseaux sociaux, quel crédit leur avez-vous alors accordé ?
Sébastien Baer : sur le terrain, aucun. Mais on est en constant lien avec l’Agence de franceinfo, qui est la cellule de vérification de franceinfo. Emilie Gautreau relayait les questions posées sur les réseaux sociaux […] J’essayais moi d’avoir les informations sur place auprès du Préfet et des pompiers.
Quelle a été pour vous la difficulté majeure à Rouen lors de vos reportages ?
Sébastien Baer : une multitude d’angles et de sujets à traiter à Rouen. On travaillait avec nos confrères de France Bleu Normandie qui étaient plusieurs à être déployés sur le terrain […]
Et qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?
Sébastien Baer : le décalage entre les propos rassurant des autorités, et ces policiers qui portaient des masques, catastrophique en terme de communication. Il y a eu un défaut de communication au début, trop « brouillonne », le déplacement du premier ministre trop tardif…