Jean-Marc Four directeur de la rédaction internationale de Radio France répond aux questions des auditeurs, au micro d’Emmanuelle Daviet.

Emmanuelle Daviet : On commence avec la question qui domine dans le courrier des auditeurs : c’est l’hypermédiatisation de l’élection américaine et l’importante couverture qui lui est accordée sur l’antenne.
Je vous lis un message : « Pourquoi monopoliser l’antenne, avec les envoyés spéciaux et des commentaires à longueur de journée sur les états d’âme des postulants, avec en plus les sempiternelles explications sur le système électorale américain alors que seul le résultat de l’élection nous intéresse. Nous avons en France bien d’autres problèmes. »
Que répondez-vous aux auditeurs sur ce traitement médiatique de l’élection américaine ?

Jean-Marc Four : je peux comprendre cette remarque. L' »hypermédiatisation » peut irriter certaines personnes. Il y a trois raisons pour expliquer cette fascination : on parle évidemment des Etats-Unis, c’est la première puissance de la planète. Ce qu’il se passe ici, aura des conséquences pour tout le monde dans les années à venir. Prenons les accords de Paris sur le climat, typiquement. Deuxièmement on parle de Trump qui est un Président hors normes, qui a bousculé les codes pendant quatre ans. C’est une personnalité tellement particulière qu’on ne peut que s’intéresser à ce qu’il se passe ici. Troisièmement, cela peut paraître plus superficiel, mais ça explique aussi cette hypermédiatisation, ce suspens, quoi qu’on en dise est fascinant sur les résultats du système électoral américain très particulier. Mais je tiens à préciser qu’on ne fait pas que ça non plus. Par exemple si je prends les reporters de la rédaction internationale de Radio France, on avait un envoyé spécial pour les élections en Côte d’Ivoire le week-end dernier, on y était. On souhaitait également être en Algérie pour le référendum constitutionnel, c’est juste que les autorités algériennes nous ont refusé le visa et qu’on a pas pu y aller.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec des remarques d’internautes et d’auditeurs qui estiment qu’on a trop entendu de commentaires pro Biden lors des journées spéciales :
« la soirée élection US est une succursale du parti démocrate » nous écrit une auditrice .
« Vos invités sont pro Biden on voudrait plus d’équilibre de la part du service public » nous interpelle un internaute
Cette critique sur un déséquilibre éditorial entre démocrate et républicain vous parait-elle justifiée ?

Jean-Marc Four : Il y a deux choses distinctes dans la couverture éditoriale : vous avez les reportages d’un côté, vous avez les invités de l’autre. Pour ce qui est des reportages faits aux Etats Unis, je pense vraiment que nous avons une couverture très équilibrée avec beaucoup de reportages des deux côtés, avec beaucoup de reportages aussi du côté des militants Républicains et des « trumpistes », en Floride, dans le Michigan, dans le Texas, dans le Nevada, en Pennsylvanie, partout. On les a entendu au moins autant que les militants Démocrates. Je pense vraiment que c’est très équilibré.
Du côté des invités, et particulièrement des invités faits en France, il y un écueil, il y a peu de voix favorables à Trump, ailleurs dans le monde c’est un fait. L’image des Etats-Unis est très dégradée à l’étranger. Et donc mécaniquement, vous trouvez plus de voix qui parlent en faveur d’une alternance pour les Démocrates que de voix en faveur de Trump quand vous cherchez des invités à l’étranger. Cela étant, lors de cette nuit américaine, j’y étais, j’ai entendu longuement le représentant des Républicains en France, s’exprimer sur cette antenne commune France Inter, Franceinfo.

Emmanuelle Daviet : On termine avec une observation fréquente faite par les auditeurs : l’emploi du mot américain.
Voici quelques messages « Vos journalistes n’ont que l’adjectif « américain » à la bouche : élections « américaines », président « américain », « minorités « américaines »
« Rappelons que l’Amérique est un continent composé de plusieurs états qui ne sont pas forcément concernés par ces élections ?« 
« Pourquoi appeler systématiquement américains les habitants des États-Unis d’Amérique au lieu de dire états-uniens ? »
« Vous viendrait-il à l’idée d’appeler « européen » les habitants de l’Allemagne ? »
Cette remarque vous semble-t-elle fondée ?

Jean-Marc Four : Oui c’est une remarque assez fondée. Il y a une facilité de langage à utiliser le mot « américain » parce qu’il est très compréhensible du grand public. Et que c’est lié au fait que ce sont non pas les Etats-Unis mais les Etats-Unis d’Amérique, littéralement on devrait dire les Etats-Unis d’Américains ou les Etatsuniens d’Américains. C’est vrai qu’il y a plein de pays en Amérique à commencer par nos cousins canadiens, qui ne supportent pas qu’on appelle le Président des Etats-Unis, le Président américain. C’est une critique recevable et il faut l’entendre.

Emmanuelle Daviet : Mais les abus seront difficiles à modifier.

Jean-Marc Four : Probablement.