Le week-end dernier, deux événements occupaient l’antenne de Franceinfo : la réouverture de Notre-Dame de Paris et et la chute du président syrien Bachar al-Assad. Les auditeurs nous ont écrit à propos du traitement éditorial de ces deux événements. Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction de franceinfo est au micro d’Emmanuelle Daviet :


Emmanuelle Daviet : Nous revenons aujourd’hui sur les deux événements historiques qui se sont déroulés le week-end dernier : la réouverture de Notre-Dame de Paris, devant un parterre de chefs d’État et de personnalités et la chute du président syrien Bachar al-Assad, renversé après des années de guerre civile et de souffrances humaines sans précédent. Un bouleversement majeur sur la scène internationale. Alors on commence avec Notre-Dame. Je vous lis le message d’un auditeur qui résume bien la teneur de ceux que nous avons reçus : « Vous consacrez une large part de votre antenne à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame. Que l’événement soit important, soit. Mais de là à lui laisser autant de place sur une chaîne de service public, je ne comprends pas. Beaucoup de Français ne sont ni croyants, ni catholiques, ni intéressés par l’événement. Alors pourquoi cette surmédiatisation ? » Florent Guyotat, que répondez-vous à ces auditeurs ?

Florent Guyotat : Alors pourquoi une telle place ? Je pense que chacun peut convenir que la réouverture de Notre-Dame n’est pas simplement un événement religieux. Ça va bien au delà. Au delà de ça, qu’on soit catholique ou pas, finalement, c’est la réouverture dans des principaux symboles du patrimoine français qui a failli brûler il y a cinq ans. On rappelle que Notre Dame, avant sa fermeture en 2019, c’était le monument le plus visité en France, plus notamment que le Sacré-Cœur à Montmartre ou la Tour Eiffel. 12 millions de visiteurs par an. Donc je pense que tout ça dépasse le cadre religieux, d’autant qu’on n’a pas parlé que des événements purement liturgiques, comme les messes du dimanche sur franceinfo. Samedi dernier, il y avait aussi des enjeux diplomatiques dont on a largement parlé avec nos spécialistes en direct du Parvis. Je vous rappelle que cette réouverture de la cathédrale a été l’occasion aussi d’une rencontre entre le président américain élu, Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Rencontre que nous avons abondamment commenté puisqu’on attend toujours de savoir précisément si Donald Trump, après son investiture, continuera d’aider l’Ukraine financièrement. Ce sont des enjeux cruciaux donc, qui dépassent le cadre religieux et qui méritent assurément une édition spéciale.

Emmanuelle Daviet : On poursuit avec une remarque qui concerne la gestion simultanée de ces deux actualités Notre-Dame et la Syrie. Un auditeur exprime sa déception sur la couverture des événements en Syrie dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre. Il écrit : « la chute du régime Assad avec les scènes de liesse, les réfugiés syriens massés aux frontières pour rentrer chez eux. C’est un moment historique. Or, samedi soir, vous ne parliez pratiquement que de Notre Dame. Vous ne pouvez pas à la fois déployer des moyens médiatiques exceptionnels, et tant mieux, pour suivre la réouverture de la cathédrale et passer à côté d’un événement aussi historique. Nous avons commencé à entendre des interventions approfondies sur la Syrie dans la matinale de dimanche matin ». Florent Guyotat, quels ont été les défis éditoriaux à relever ?

Florent Guyotat : Alors c’est vrai, samedi soir, nous avons encore très largement parlé de Notre-Dame de Paris, avec la diffusion cette fois de larges extraits du concert de réouverture avec nos journalistes sur place Frédéric Carbonne, Thierry Fiorile, Matteu Maestracci . Mais nous évoquions aussi, c’est important pour cet auditeur, la situation en Syrie avec un récit factuel des villes syriennes qui tombaient une à une aux mains des rebelles. Et nous avions d’ailleurs un expert en longueur à l’antenne, Fabrice Balanche, qui nous expliquait que la chute de Bachar al-Assad était inéluctable. Il nous disait que finalement, la question n’est pas de savoir si le régime va tomber, mais quand. Et justement dimanche matin, très tôt. Lorsque nous avons eu la certitude que Damas, la capitale, était tombée. Nous avons alors complètement bouleversé notre antenne édition spéciale dès 7h toute la journée jusqu’à minuit, avec des témoignages des invités. Nous avons continué à évoquer les messes à Notre-Dame, mais beaucoup moins que ce qui était prévu à l’origine. L’antenne a donc été très majoritairement consacrée à la Syrie, avec un détour par la cathédrale à la fin de chaque demi heure. Évidemment, vu l’événement majeur et d’ampleur, vous le disiez, que constitue la chute de Bachar al-Assad, il était tout à fait normal de bouleverser nos programmes et de reléguer Notre-Dame au second plan.

Emmanuelle Daviet : Mais alors, précisément, par rapport à cette actualité, des auditeurs souhaiteraient savoir quels moyens sont déployés par la rédaction pour suivre les événements en Syrie ?

Florent Guyotat : Nous avons déployé un dispositif vraiment très important sur le terrain. Dès dimanche soir, notre reporter Omar Ouahmane était à Damas et nous livrait ses premiers récits. Et désormais, nous avons cinq envoyés spéciaux qui sont encore sur place en Syrie à l’heure où je vous parle. Tout cela, bien sûr, grâce à la force du groupe Radio France dont Franceinfo fait partie. Nous bénéficions aussi et merci à eux, de l’appui de nos collègues de la rédaction internationale de Radio France et de France Inter. Et c’est justement grâce à tout ce dispositif que vous avez pu entendre des reportages extrêmement marquants cette semaine, ça nous a tous marqués des témoignages d’anciens détenus de la prison de Saidnaya, des témoignages d’exilés également qui rentrent dans leur pays. Et puis des gens qui ont travaillé aussi pour le régime de Bachar al-Assad et qui eux, au contraire, tentent de fuir le pays. Tous ces reportages, bien sûr nombreux et documentés. Je vous invite à aller les réécouter si vous ne l’avez pas déjà fait sur franceinfo.fr.