Comment une rédaction d’information en continu couvre une actualité aussi sensible ? Florent Guyotat, directeur adjoint de la rédaction et David Di Giacomo, chef du service police-justice répondent aux questions des auditeurs au micro d’Emmanuelle Daviet.
Emmanuelle Daviet : La couverture éditoriale d’une information aussi sensible que la découverte des ossements d’un enfant disparu est un sujet de débat et de réflexion. Le week-end dernier, les informations concernant le petit Émile ont suscité des réactions de la part des auditeurs. Ils ont été nombreux à réagir à ce traitement journalistique. Alors, première question, David Di Giacomo quel était l’objectif de mettre en avant cette information sur la disparition du petit garçon de deux ans et demi et la découverte de ses ossements ?
David Di Giacomo : Cette information est communiquée dimanche dernier par le procureur d’Aix-en-Provence. Il précise qu’une randonneuse a découvert des ossements et que, selon les analyses génétiques réalisées en urgence, et bien il s’agit du petit Emile. Dans cette affaire, c’est évidemment une avancée très significative. Pourquoi ? Parce que ce petit garçon, il était recherché depuis sa disparition, le 8 juillet dernier. Et la découverte de ces ossements permet donc d’espérer ensuite que l’on sache comment le garçonnet est mort et s’il s’agit d’un accident ou d’un crime. D’autres analyses sont d’ailleurs en cours pour tenter de comprendre, on ne sait toujours pas aujourd’hui. Voilà pourquoi cette information a été largement traitée sur notre antenne. Cette disparition mystérieuse en plein mois de juillet 2023, avait beaucoup ému. Nous en avions bien entendu parlé sur franceinfo et au sein du service Police Justice, nous avons travaillé sur cette disparition. Et donc, dimanche dernier, il y avait, on va dire, un énorme coup d’accélérateur donné avec la découverte de ces ossements. Il était donc indispensable de donner ensuite tous les éléments relatifs à cette découverte et à ce qui allait suivre.
Emmanuelle Daviet : Florent Guyotat, pensez-vous que votre traitement de cette information a été équilibrée et respectueuse de la dignité de l’enfant et de sa famille ? Avez-vous pris ces critères en considération ? demandent des auditeurs.
Florent Guyotat : Vous savez notamment que la famille d’Emile a lancé un appel aux journalistes : Respectez notre deuil, a-t-elle dit en substance, n’essayez pas de nous contacter. Nous avons évidemment respecté cela. De même que l’avocat de la famille du petit garçon n’a pas souhaité s’exprimer chez nous, et c’est évidemment son droit. Et puis vous savez que dans ce genre d’affaire, chacun a ses propres hypothèses, parfois farfelues, parfois non étayées. Le plus possible, nous nous efforçons, nous, de nous cantonner aux faits, ce que l’on sait. C’est pour ça qu’on travaille beaucoup avec le service Police Justice dirigé par David Di Giacomo. Et dans le choix des invités également, on fait très attention. Vous avez entendu à l’antenne des gens d’expérience, des gens qui savent de quoi ils parlent, comment on mène des enquêtes en pareil cas. C’est notamment le cas de l’ancien procureur de la République, Jacques Dallest ou de l’ancien gendarme Jacques-Charles Fombonne. Et c’est justement pour cela que vous les avez beaucoup entendus à l’antenne plutôt que d’autres invités.
Emmanuelle Daviet : Alors justement, des auditeurs estiment que le traitement de cette information sur l’antenne a été excessif, vous venez de dire qu’on les a beaucoup entendu, un traitement excessif et macabre. Que leur répondez-vous ?
Florent Guyotat : Effectivement, des auditeurs se demandent si on en fait trop, s’il n’y a pas d’autres sujets d’actualité à traiter ce jour-là. Là encore, je crois que tout est une question de mesure. Cette affaire Emile, David le disait, a beaucoup ému une partie du public. On ne peut pas le nier. D’ailleurs, vous savez, ce sont les chiffres de notre site internet qui le disent. Les articles consacrés à cette affaire Emile le week-end dernier ont été les plus lus. Donc véritablement, il y a une attente sur cette affaire de la part d’une partie de l’opinion. Après, encore une fois, nous nous efforçons de rester équilibrés, de ne pas sombrer dans des détails macabres et inutiles. Et puis, le week-end dernier, il faut le dire aussi, nous avons accordé une large place à cette actualité, c’est vrai, mais pas que. Nous n’avons pas fait d’édition spéciale à proprement parler. Nous avons conservé des chroniques consacrées à d’autres sujets et nous avons aussi évoqué à l’antenne d’autres actualités comme les inondations dans le Centre Val de Loire ou encore les élections en Turquie.