L’attentat du Super U de Trèbes a évidemment suscité des réactions et des questions de la part des auditeurs. Pour y répondre, Erik Kervellec, directeur de la rédaction de franceinfo, est au micro du Médiateur

 

Plusieurs auditeurs se sont étonnés que ce 24 mars, donc le lendemain de l’attentat, seule la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame ait été évoquée. « Il s’est sacrifié, nous écrit Véronique, et c’est un véritable héros. Mais pourquoi aucun mot sur les trois autres personnes assassinées par le terroriste ? Elles ont aussi des parents, des amis qui les pleurent ».

La mort du gendarme a-t-elle supplanté les autres victimes ?

Oui clairement, la disparition d’Arnaud Beltrame a fait la Une, car le décès du Colonel a été officialisé dès 6h du matin et cette information a pris logiquement le pas sur toutes les autres informations. Plus tard dans le week-end, et les jours suivants, les auditeurs ont pu entendre les portraits des autres victimes.

D’autres auditeurs s’indignent que « vous ayez fourni, disent-ils, des informations utiles pour les prochains terroristes ». Mathilde, par exemple, nous dit : « Je suis effarée de l’inconscience quasi criminelle des journalistes qui expliquent que le malheureux gendarme avait laissé son portable allumé pour guider ses collègues ».  Précisons que franceinfo n’est pas le seul média à avoir donné cette information. Mais on peut se dire que, désormais, les terroristes savent qu’il faut détruire tous les téléphones portables d’otages.

On peut se dire que ces gens-là n’ont pas besoin de nous pour savoir qu’un téléphone portable est une source d’ennuis pour eux, car cela permet notamment une géolocalisation. Dire que le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame a eu la présence d’esprit de laisser son portable allumé, c’est juste montrer le professionnalisme de cet homme. C’est le ministre de l’Intérieur,  lui-même, qui a révélé cette information.

 

L’anonymisation

Et puis, comme à chaque attentat, des auditeurs ne comprennent pas que l’on donne le nom du terroriste. Pour Marie : « Arrêtez de marteler le nom du terroriste à chaque bulletin. C’est une insulte à ses victimes et une publicité dont les islamistes doivent se réjouir ».

Pourquoi donnez-vous le nom du terroriste ?

Le choix des rédactions de Radio France est de continuer à donner toutes les informations possibles sur celles et ceux qui sont impliqués dans ces attentats. Le nom d’un assassin fait partie de ces informations importantes. Traiter différemment les terroristes en cachant leur identité alimenterait le complotisme ambiant.

Après l’attentat de Nice et les centaines de messages reçus par le médiateur, les rédactions des différentes chaines de Radio France avaient adopté une charte, refusant, entre autres, l’anonymisation des terroristes. A propos des images des terroristes, cette charte préconise de ne pas diffuser les images de propagande, et de se contenter le plus souvent de photos d’identité.

Enfin, pour terminer, des auditeurs ont remarqué que vous aviez mis un temps assez long avant d’être sur place à Trèbes.

Comment vous êtes-vous organisés lorsque vous avez appris cet attentat ?

Il a fallu un peu de temps pour se rendre sur place de Paris, à cause de la grève à Air France, mais France Bleu et notre bureau de Toulouse ont été réactifs.