Cinq journalistes, deux français, deux colombiens et un espagnol, arrêtés ces derniers jours au Venezuela ont été remis en liberté alors que se poursuit la contestation populaire contre le président Nicolas Maduro.  Pour parler de cette crise, Franck Mathevon chef du pôle Monde de la rédaction internationale de Radio France au micro d’Emmanuelle Daviet, médiatrice des antennes.

A Radio France quel choix a été  fait  pour couvrir ce conflit ?

Des pays demandent des visas aux journalistes pour travailler dans leur pays, c’est le cas de la Syrie, de l’Iran ou des Etats-Unis mais c’est aussi le cas du Venezuela. C’est un dilemme pour les médias qui veulent travailler sur place. Certains médias font le choix d’aller sur place sans visa en tant que simple touriste. Choix respectable quand on défend la liberté de la presse, choix que Radio France a déjà fait pour de très nombreux pays. Il se trouve qu’au Venezuela, Radio France a déjà un pigiste, Benjamin Delille, excellent qui couvre la crise depuis le début, assisté d’une équipe Olivier Poujade et Laurent Macchietti qui possèdent tous les deux un visa des autorités.

Dans quelles conditions travaillent les journalistes ?

Il faut être extrêmement prudent, car le Venezuela est l’un des pays les plus dangereux au monde. Mais quand les journalistes ont un visa dans les règles qu’ils peuvent présenter aux autorités en cas de contrôle, il n’y a aucun problème.

Astrid une auditrice nous  écrit : Les informations de radio France concernant la crise politique vénézuélienne répètent depuis hier que Monsieur Guaido s’est auto proclamé président de la République. Or, ce n’est pas vrai. Monsieur Guaido a assumé la présidence par intérim en tant que président du parlement (assemblée nationale) pour éviter un vide de pouvoir. Son acte est légitime et en accord avec la constitution. 25 millions de vénézuéliens qui souffrent une dictature insupportable attendent que les journalistes européens fassent leur travail et qu’ils disent la vérité.

Franck Mathevon, que répondez-vous à cette observation ?

Juan Guaido s’appuie sur la Constitution pour s’autoproclamer Président, si le Président en place, Maduro est illégitime, le Président du Parlement doit assumer ce rôle. Mais il y a débat dans le camp Maduro, on considère que Maduro est légitime. donc nous journalistes, nous restons impartiaux en disant qu’il y a deux présidents, l’un élu lors d’élections contestées, Maduro, l’autre Guaido qui s’est autoproclamé.

Des précisions sur la notion de prisonniers politiques

Message de Jean: J’ai entendu une de vos journalistes parler de prisonniers politiques au sujet des manifestants arrêtés lors de manifestations au Venezuela contre le président Maduro. Dois-je donc en déduire, à propos du mouvement des gilets jaunes, que ceux qui ont été arrêtés et condamnés lors des manifestations contre le président Macron, sont des prisonniers politiques ?

Difficile de comparer les deux situations. En effet la crise économique vénézuélienne est colossale. Il y a une inflation de 1 000 000 %. La  notion de prisonnier politique est à manier avec précaution. Un prisonnier politique est une personne emprisonnée pour des motifs politiques. C’est bien souvent contestable, on pense aux indépendantistes Corses. Pour le Venezuela, on est prudent, on précise qu’ils sont considérés comme tels par l’opposition mais selon les experts, ils ont été emprisonnés pour s’être opposés au gouvernement en place.