Le sondage réalisé pour le Comité Orwell est plutôt sévère à l’égard du traitement journalistique d’une dizaine de sujets d’actualité, tous médias confondus. D’où vient cette incompréhension ?

La menace terroriste et le changement climatique ont été bien traités par les médias, estiment les personnes interrogées à la demande du Comité Orwell*. Pour le reste, les avis sont plutôt négatifs (voir tableau). Sur les 10 sujets d’actualité proposés, 8 sont considérés comme ayant eu un traitement de « mauvaise qualité ».

SONDAGE-ORWELL

La façon de relater la réforme du collège (73% d’avis négatifs) et le débat sur l’identité nationale (65%) sont particulièrement critiquées. Viennent ensuite le traitement médiatique de la laïcité et la place des religions en France (61%) et celui de l’évolution du chômage et de la situation économique (57%).

Seuls deux sujets recueillent un avis majoritairement positif chez les personnes interrogées : la menace terroriste (58% d’opinions positives) et les changements climatiques (56%).

Cette étude montre, entre autres, le fossé qui se creuse entre la presse et son public. Un fossé souvent lié à la politique et aux hommes politiques, objets d’une forte défiance… Et les journalistes qui détiennent une forme de pouvoir, le pouvoir d’informer, sont souvent « mis dans le même panier ». Or, la majorité des journalistes exerce avec passion et honnêteté leur métier ; un métier complexe dans un monde de plus en plus complexe, qui consiste à donner les faits, les expliquer et aider à décrypter l’actualité. La difficulté vient souvent d’une intolérance : l’auditeur, le téléspectateur ou le lecteur voudrait n’entendre que ce qui va dans le sens de ses opinions et va rejeter un reportage ou un invité qui a une voix dissonante. Pourtant, c’est bien là le rôle de la presse : offrir diverses opinions, faire découvrir des mondes nouveaux ou des idées originales, s’ouvrir aux autres, afin que chacun soit un citoyen conscient et responsable.

Ce qui est inquiétant, c’est que nombre de ceux qui en viennent à détester la presse – celle de journalistes honnêtes et professionnels – se « réfugient » dans les bras de propagandistes, souvent extrémistes, qui ne transmettent que des informations orientées, souvent non vérifiées, quand elles ne sont pas carrément fausses ; celles que l’on trouve sur les réseaux sociaux où on n’hésite pas à détourner des photos, des événements ou des déclarations pour défendre des thèses souvent haineuses.

Ceci étant dit, les journalistes sont tout-à-fait critiquables ; comme tout humain, ils peuvent commettre des erreurs,avoir des explications pas toujours très claires, voire déraper. Mais là, vous, auditeurs fidèles et exigeants des antennes de Radio France, vous écrivez au Médiateur, qui – même s’il ne vous répond pas personnellement – interviendra auprès des journalistes pour transmettre vos remarques (si elles sont justifiées) et demander une meilleure rigueur.

Rappelons quand même l’étude sur la crédibilité des médias (La Croix/TNS Sofres – janvier 2015) qui place en tête la radio avec 63% d’avis positifs, devant la presse écrite (58%), la télévision (57%) et, loin derrière, internet (39%).

Bruno DENAES

Médiateur des antennes.

 

*Sondage Elabe réalisé les 28 et 29 décembre 2015 sur internet auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population française.