Les auditeurs réagissent au traitement éditorial de la condamnation de Nicolas Sarkozy. Une sélection de messages à lire ici :

Ce n’est pas que je porte beaucoup d’estime à M. Sarkozy mais j’ai du mal à comprendre le jugement. Pourriez-vous m’expliquer pourquoi il est condamné pour association de malfaiteurs alors qu’il est relaxé pour les faits de recel de détournement de fonds publics libyens, de corruption passive et de financement illégal de campagne électorale? On entend tout et n’importe quoi à ce sujet actuellement, difficile de se faire une opinion juste et fondée. Je suis pourtant un fidèle auditeur de France Culture mais j’ai dû louper les émissions qui en parlaient.
Bravo et merci pour votre honnête travail d’information.

Je me permets de vous écrire car j’ai été frappé par la façon dont vos émissions ont récemment abordé les procès de l’ancien président Nicolas Sarkozy.
J’ai trouvé les explications données, notamment autour de la notion de « droit », particulièrement insuffisantes pour un simple citoyen comme moi.
Dire « nous, on applique le droit » – comme l’a exprimé le syndicat de la magistrature – ne parle pas vraiment au grand public. Ce mot, aussi essentiel soit-il, reste abstrait s’il n’est pas accompagné d’explications concrètes.
En revanche, il me semblerait beaucoup plus pédagogique et utile de rappeler, par exemple, que : -Les décisions qui concernent M. Sarkozy ne reposent pas sur un seul juge, mais sur le travail de dizaines de magistrats et procureurs qui ont enquêté, instruit et délibéré, parfois sur plus d’une dizaine d’années ;
-Les dossiers sont constitués de milliers de pages de preuves, de rapports, d’écoutes et de témoignages, analysés et débattus contradictoirement ;
-Chaque étape du processus judiciaire permet des recours, appels et pourvois en cassation, garantissant ainsi un contrôle multiple et approfondi ;
Enfin, l’ex-président fait face à plusieurs procédures, certaines déjà jugées, d’autres en cours, ce qui illustre le poids et la complexité des affaires.
Si ces éléments étaient expliqués avec clarté, les citoyens comprendraient mieux que ces décisions de justice ne sont pas le fruit d’un règlement de comptes, ni d’un juge isolé qui agirait par parti pris, mais bien le résultat d’un processus collectif, long, encadré et contrôlé.
Il me semble essentiel que Franceinfo, dont la vocation est aussi d’éclairer et d’informer le grand public, insiste davantage sur cette dimension pédagogique. Cela permettrait d’éviter les malentendus et d’améliorer la compréhension du fonctionnement réel de la justice française, notamment lorsqu’il s’agit de personnalités politiques de premier plan.
Je vous remercie de votre attention et de votre rôle dans la qualité du débat public.

En tant qu’auditrice assidue de Radio France, je suis pour le moins choquée de la surenchère médiatique effectuée sur une décision de justice de nos institutions judiciaires les plus compétentes. Le cas s’était déjà produit avec Marine Le Pen. Que ce soit sur France Culture ou France Inter, la médiatisation à outrance me semble semer le doute et la confusion sur les décisions de justice et je remercie très fortement Monsieur Ghaleh-Marzban d’être intervenu sur France Inter pour remettre les points sur les I.
Si les médias publics relaient en permanence les doutes et les contestations de notre monde politique en pertes des repères les plus élémentaires de notre République, alors, l’heure est grave.
Merci et courage à Monsieur Ghaleh-Marzban et tout notre appareil judiciaire garant de notre intégrité démocratique.

Après Kirk, voilà Sarkozy… toute la journée depuis l’annonce du jugement, pour nous apprendre quoi ? Hormis le grand entretien de vendredi 26 matin (débat et arguments), on nous sert la petite musique d’une décision de justice politique. Les juges appliquent le droit édicté par des lois votées par les parlementaires, certes les lois ne sont jamais assez sévères -sauf quand elles s’appliquent à eux-mêmes, les politiques !
Le niveau des interventions est affligeant, ces accusations plus ou moins directes des juges/de la justice que vous laissez distiller sur les antennes du service public sont honteuses, très dangereuses, la trumpisation vous gagne, s’il-vous-plaît, réveillez-vous !
Quant à moi, je me protège, mon impuissance me noue les tripes alors j’écoute une radio musicale !

Franchement consacrer la plus grande partie de cette matinale à la condamnation de Nicolas Sarkozy, non mais franchement ! Combien y a-t-il de condamnations par jour ? Peut-être des centaines de milliers ! Ceux qui nous parlent de la loi de l’ordre du respect, de la discipline et qui sont incapables d’accepter quand des décisions judiciaires s’appliquent à eux. C’est écœurant et vous l’êtes avec par le traitement tout à fait partial que vous faites. C’est lamentable. Informez-nous choses qui nous intéressent nous Français, parler de notre vie à nous.

J’ai été très déçu de votre chronique sur le jugement de l’affaire Sarkozy-Kadhafi. Vous critiquez le flou du jugement et qu’au nom du peuple Français, cette décision aurait dû être limpide. Comme vous l’avez bien indiqué, l’affaire et très complexe et l’instruction a durée plusieurs longues années. La défense, comme la loi le permet, a utilisé tout ce qui lui était possible pour apporter la preuve de son innocence. Le parquet financier au terme de cette discussion contradictoire, a considéré qu’il y avait suffisamment d’éléments pour porter l’affaire devant le juge avec différents chefs d’accusation. Le juge a arbitré. Mais ce jugement ne peut pas être limpide comme vous le souhaiteriez à la vue de cette complexité. Par contre chacun peut faire l’effort de comprendre les arguments des différentes parties au dossier et de faire son avis.
J’ai fait l’effort et je considère que le jugement est clément pour M. Sarkozy. Démontrer la corruption est très difficile car les prévenus sont suffisamment aguerris pour supprimer le maximum d’indices qui pourraient les compromettre. Le parquet financier a considéré qu’ils en avaient suffisamment, le juge non. La justice a fonctionné.
Contrairement à votre commentaire, je suis fier que notre système judiciaire ait fonctionné et que le jugement reflète un arbitrage d’une situation complexe.
Vous minimisez la condamnation pour association de malfaiteur de M. Sarkozy. C’est une infraction suffisamment grave à elle seule. Elle montre que nos hommes politiques ne sont pas au-dessus des lois. Au contraire, ils doivent être exemplaires. Cette infraction doit être punie de manière d’autant plus sévèrement que l’accusé est un responsable politique. C’est aussi une caractéristique de notre droit, ou les peines sont individualisées. Ce qui ajoute, certes, de la complexité, mais la majorité des Français sont en capacité de le comprendre, contrairement à ce que vous pensez.
Critiquer notre justice, en ce moment, c’est apporter de la confusion dans l’esprit des Français et c’est bien regrettable. Votre commentaire aurait dû être, cette fois-ci, beaucoup plus limpide.

Démonstration absolument magistrale… À l’heure des attaques perfides multiformes contre journalistes et magistrats, longue vie à Patrick Cohen sur le service public !

Je tenais à vous écrire pour exprimer mon profond désaccord et indignation concernant l’intervention de Patrick Cohen dans la matinale de France Inter au sujet de la décision rendue à l’encontre de Nicolas Sarkozy.
Je reste persuadé que Mr Cohen n’a pas lu les 400 pages du jugement qui a condamné Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, Brice Hortefeux, Alexandre Djouhri et d’autres dans l’affaire des financements libyens. Des faits et du droit qui permettent d’y voir clair dans le chaos des réactions politiques et médiatiques inexactes ou outrancières. En tant qu’auditeur régulier de France Inter, j’apprécie généralement la rigueur et l’équilibre de vos émissions. Cependant, j’ai été choqué par le ton et le contenu des commentaires de Patrick Cohen, qui manquent de neutralité et de respect envers les institutions judiciaires. Je considère qu’une chaîne de service public comme France Inter se doit de garantir un traitement équilibré et respectueux de l’information, surtout lorsqu’il s’agit de sujets aussi sensibles que la justice et la vie politique. Les propos tenus lors de cette chronique m’ont semblé en contradiction avec ces principes.

Messages reçus le 26 septembre :

Je suis assez choqué des réactions d’une partie de la classe politique, concernant le jugement dans l’affaire de la condamnation de Nicolas Sarkozy.
Je m’interroge sur l’origine de la règle de droit de l’exécution provisoire, dont une partie des politiques se plaignent.
Pour moi ce sont les députés et sénateurs qui font la loi, ils ont donc voté cette disposition. Si vous avez la possibilité de m’éclairer sur ce point ? Et je pense qu’un article sur le sujet avec qui a voté quoi, permettrait de couper une partie de l’herbe sous le pied des « complotistes de tous bords ».
D’autre part, merci pour votre travail qui au quotidien me rend moins ignorant !

Quel est l’intérêt du « reportage » micro-trottoir fait à Neuilly-sur-Seine ? En plus, c’est diffusé sur France Inter et Franceinfo. C’est ça la mutualisation ? Il vaudrait mieux expliciter aux auditeurs ce qui est reproché à l’ancien président de la République. C’est une affaire difficile à comprendre et Radio France informerait ses auditeurs en l’expliquant et la détaillant.

J’ai été particulièrement choqué par le traitement de la condamnation de Monsieur Sarkozy dans le journal de 19h hier soir. Un micro-trottoir à Neuilly qui met en scène des personnes qui contestent la culpabilité de Monsieur Sarkozy, l’opinion de trois hommes politiques de droite et un seul de gauche, aucun juriste. À écouter ce journal, on a le sentiment que Monsieur Sarkozy impose une nouvelle fois son récit victimaire et que vous vous en faites le relais. Où est l’analyse ? Rappeler que les juges appliquent la loi, cette loi étant notamment votée par le Sénat. Diffuser le commentaire de Monsieur Larcher, président du Sénat, lequel a voté la loi sur l’exécution provisoire, sans aucune explication, ni rappel que ces hommes politiques demandent plus de fermeté judiciaire pour les autres tout en hurlant à l’injustice ou à l’acharnement quand il s’agit d’eux renforce le sentiment d’un gouvernement des juges et une défiance à leur égard. Il serait préférable d’interroger des juristes et de rappeler quelques principes juridiques plutôt que remettre en cause l’autorité de la justice en interrogeant de simples passants qui manifestement ne connaissent rien au droit et qui ne sont que dans l’émotion, ce que précisément la justice a pour objectif d’éviter. Comment peut-on en tant que journaliste, diffuser des témoignages sur un prétendu acharnement judiciaire alors que cet homme en est à sa deuxième condamnation et que d’autres procédures sont en cours ? Toutes les opinions ne se valent pas et c’est précisément le rôle d’un journaliste, a fortiori sur le service public, d’informer et non de se faire le relais passif d’opinions infondées qui ne représentent en plus probablement pas la majorité. Cette critique, qui se veut constructive, s’inscrit dans un sentiment de plus en plus fort à votre écoute, que la parole politique est relayée sans analyse dans vos journaux, ce qui est heureusement corrigé dans d’autres émissions.

En tant que juriste et ancienne avocate je suis très étonnée d’entendre les commentateurs de la condamnation de Nicolas Sarkozy répéter qu’il est « présumé innocent puisqu’il a fait appel ». Non ! Il n’est plus « présumé innocent » puisqu’il a été condamné. En revanche sa condamnation n’est pas définitive puisqu’il a fait appel. On confond jugement et double degré de juridiction. J’ai même entendu des politiques déplorer une atteinte à un principe fondamental du droit (transformé en état de droit) à savoir le double degré de juridiction. Et l’appel interjeté par M. Sarkozy c’est une promenade de santé (sans jeu de mot) ? Là encore confusion sans doute volontaire entre organisation judiciaire et exécution provisoire, cette dernière ne privant pas l’intéressé de faire valoir à nouveau ses arguments… Il faudrait peut-être un cours de droit accéléré ?

A la suite de la condamnation pénale de Nicolas Sarkozy, des personnes, de parti pris évident en faveur du condamné, interviewées sur votre antenne ce jour affirment que le fait de faire appel va rétablir la présomption d’innocence en faveur de Nicolas Sarkozy. Votre journaliste reprend cette affirmation comme vraie au lieu de la rectifier. En droit, c’est faux, il vous suffira de consulter un expert pénaliste pour le confirmer. De manière plus général, il serait exigible que le service public d’information informe correctement les citoyens sur le fonctionnement de la justice (manifestement méconnu), et à tout le moins ne laisse pas des acteurs de parti pris les désinformer à son antenne. Merci d’avance. Les pénalistes honnêtes et compétents courent les rues (pas les plateaux, hélas), votre service justice doit bien en connaître un.

Je rejoins Jérôme Jaffré sur son analyse mais uniquement dans le 2e volet. La classe politique, de même que les Français dans leur ensemble, n’ont pas de culture de la probité dans les intérêts publics, un défaut qui pèse essentiellement sur la plupart des « responsables » politiques.
Qu’après une condamnation, ils/elles continuent à vouloir se présenter à des élections représente un problème qu’il conviendrait bien de traiter sérieusement !
Par ailleurs, la supposée atteinte à l’État de droit est une fable : les voies de recours sont ouvertes en France et, à l’issue, devant la Cour européenne des droits de l’Homme.
Enfin, une fois le jugement rendu, comme en l’espèce, la présomption d’innocence n’est plus un argument valable : la condamnation a été prononcée et motivée. Si les voies de recours révèlent in fine que cette condamnation ne tient pas, la décision sera réformée ou cassée et le « condamné » sera alors « blanchi ». Partant, il convient d’insister sur ce point dans vos propos et votre information.

J’appelle votre attention sur le sujet de l’égalité de traitement et l’importance du contradictoire dans la gestion de l’information sur France Inter ce vendredi matin 26 septembre à 8h30 : votre journaliste a animé un débat concernant le jugement du Tribunal Correctionnel de Paris dans l’affaire N. Sarkozy.
Mediapart directement impliqué dans ce dossier était représenté pour défendre ses positions et exprimer son avis sur la sentence et l’affaire en général.
France Inter n’avait en revanche convié aucun représentant de la défense de Nicolas Sarkozy. L’information nécessite le libre exercice de la contradiction ce qui n’a pas été le cas. Aucun des propos de Mediapart n’a été questionné… Pas un seul juriste professionnel de droit pénal n’était présent… Cette façon de procéder n’est pas correcte. Les auditeurs ont droit à une information plurielle et diversifiée. Je vous remercie d’y veiller auprès de la rédaction et de la direction de Radio France.

Je reçois l’Expresso de la médiatrice et vous en remercie : prendre conscience que mon point de vue est partagé par d’autres auditeurs apaise mon dépit contre le manque de vigueur dans la dénonciation de dérives de notre classe politique.
Suite à la condamnation de Nicolas Sarkozy, je suis reconnaissante à France Inter d’avoir invité Fabrice Arfi qui rétablit le bon sens contre la présentation de la condamnation d’un ancien président comme étant de nature à porter atteinte à la Démocratie et à notre confiance envers les gouvernants. Il me semble au contraire que l’absence de sanction contre des faits de cette gravité ne ferait qu’entériner le renoncement à l’égalité devant la loi à la séparation des des pouvoirs et à la priorité à l’intérêt général. Par ailleurs, je ne comprends pas qu’on puisse laisser des invités dire que Nicolas Sarkozy a fait de la prison pour rien puisqu’il a été relaxé du chef de corruption sans faire remarquer qu’il s’agit d’une autre affaire.
Aussi, il me semble qu’il serait plus opportun de rappeler l’objet des différentes affaires, et de faire connaître et expliquer les motivations des juges.
Je vous remercie pour votre attention scrupuleuse et votre action.

Madame Sara Ghibaudo,
Merci pour la clarté et l’objectivité de votre compte-rendu du jugement de Nicolas Sarkozy dans le journal de 13 h du jeudi 25 septembre. Et je vous remercie tout aussi vivement pour votre intervention lors du débat à 8h20 dans le 6/9 du vendredi 26 septembre. Votre traitement de l’actualité judiciaire est rigoureux, soucieux d’exposer l’ensemble du dossier et pédagogique: cela permet aux auditeurs de mieux comprendre les faits.

J’ai écouté l’émission en direct sur Franceinfo, sur la condamnation de Nicolas Sarkozy. La journaliste, quand elle s’adresse aux différents invités, commente ainsi à chaque fois « il n’est condamné que pour « association de malfaiteurs », et non pour corruption.
1/ elle oublie un terme fondamental de la condamnation : « en lien avec un gouvernement étranger ». Précision essentielle dans la condamnation.
2/ elle ne précise pas que « l’association de malfaiteurs » est l’expression utilisée dans la lutte contre le grand banditisme !
3/ elle ne dit pas (ne sait pas ?) que la corruption ne vise que des personnes dépositaires d’un pouvoir public. Sarkozy n’étant que candidat au moment des faits, pas encore chef de l’Etat, la corruption est forcément exclue. Même en donnant la parole à tous de façon équitable, cette journaliste devrait être mieux armée pour animer un tel débat.

Les hommes politiques font les lois et gèrent les finances d’un pays, d’où une exigence de grande probité, Ils ne sont pas jugés pour l’exemplarité, ils sont jugés pour les conséquences que leurs actes ont sur la nation.
Ils sont élus avec un risque, l’électeur n’est pas psychologue, il ne perçoit pas aisément ce que cache la personnalité d’un candidat, Quand il y a erreur de jugement dans les urnes, c’est la justice qui prend le relais avec le même traitement pour le politique et le délinquant ordinaire, être « ancien président » n’est pas une circonstance atténuante.

C’était sûr que l’émission de ce soir serait consacrée au jugement de M. Sarkozy. Je suis perplexe et me demande si je vais écouter l’ensemble de l’émission. Chacun va y aller de son opinion et comment
cela va aider le traitement de fond de ces condamnations de personnes politiques : M. Fillon, Mme Le Pen et combien d’autres.
Et dans les autres pays comment cela se passe ? L’ensemble des députés, et je crois des sénateurs, ont voté pour que toutes les personnes politiques soient condamnées et lorsqu’elles sont concernées elles remettent en cause les lois votées.
Je me permets le parallèle entre l’édito d’un journaliste ce matin sur l’importance de prendre du temps pour réfléchir et de penser pour le long terme… Peut-être que pour le traitement des infos il serait bon d’y penser aussi…