Médecin, citoyen, je suis très inquiet de l’évolution du débat démocratique concernant la protection sociale dans notre pays. La teneur des propos des députés lundi est un vrai scandale pour notre démocratie. L’entre soi des gouvernants et du monde de la finance atteint la limite du socialement supportable. Vous, députés, avez une responsabilité énorme dans les prochains jours pour trouver une solution juste, et non cette réformette, pure adaptation mathématique sans ambition concernant les retraites. A se satisfaire de peu, on ne fait jamais rien de grand. Je suis inquiet du climat que vous laissez s’installer dans notre pays par votre aveuglement collectif dans vos salons feutrés des palais de la République, que je chérie et que je sens aujourd’hui plus fragile que jamais, en partie par votre incurie à penser l’avenir. Triste constat. Ecoutez la chronique d’un des journalistes de France Inter en début de semaine…. Il nous annonce ce que je pressens, et tout comme vous, je n’en ai pas envie. A quand un vrai sursaut républicain et social dans ces temps difficiles…?

Est-ce que les sénateurs sont prêts à abandonner leur régime spécial de retraite ? Abandonner ne signifie pas un nouvel aménagement favorable, mais la fin complète d’un avantage non tenable face à vos demandes d’effort. C’est ma condition sine qua non pour accepter de travailler jusqu’à 64 ans. Si non je continuerai à refuser votre réforme.

La réforme est un non-sens écologique : à l’heure du réchauffement climatique et de la sobriété énergétique a-t-on évalué l’empreinte carbone que coûterait deux années de plus au travail pour des millions de personnes ?
La réforme est un non-sens générationnel : a-t-on mesurer le coût en termes de chômage que causerait une main d’œuvre perdurant sur le marché du travail deux années de plus et qui de fait empêcherait une les jeunes générations d’accéder à l’emploi ?
La réforme est un non-sens humain : a-t-on estimé le temps passé par les jeunes retraités auprès des petits enfants et des aînés, surtout si l’on tient compte la situation catastrophique de nos écoles, crèches, Ehpad, où plus personne ne veut travailler ? Cela étant ce modèle de société n’est pas dans les plans du président et de son gouvernement, où seuls triomphent l’argent et le travail. Le don de soi et la main tendue vers l’autre sont inconcevables pour ce gouvernement.
La réforme est un non-sens social : a-t-on mesuré l’implication des jeunes retraités dans le tissu associatif (humanitaire, social, artistique, culturel, sportif, …) ? Là encore ce modèle de société n’est pas dans les plans du président et de son gouvernement, où seuls triomphent l’argent et le travail. Ici aussi le don de soi et la main tendue vers l’autre sont inconcevables.
Enfin, mettre au travail deux ans de plus des ouvriers dont l’espérance de vie est déjà réduite par rapport à de nombreuses autres professions est un scandale humain, d’autant qu’il est évident que ces deux dernières années de travail rajoutées vont accélérer de manière exponentielle la réduction de cette espérance de vie.
L’argent existe, ailleurs, l’impôt sur les grandes fortunes a disparu, jamais les patrons du CAC 40 n’ont autant perçu de bénéfices, jamais le fossé entre les plus riches et les plus démunis n’a été aussi grand. Mais il semble plus éthique et plus responsable pour ce gouvernement et ce président de prendre des années de vie aux modestes travailleurs et de continuer d’accroître, par cette réforme, ce fossé. Cette réforme est insensée, indigne, indécente, malveillante et maltraitante. Totalement déconnectée des préoccupations des gens et de la manière dont ils vivent.

Pourquoi lors des débats sur les retraites nous n’entendons jamais parler de la position des employeurs en France ? Est-ce parce que cela ôterait du poids à l’argument que nos voisins travaillent plus longtemps mais avec un taux d’emplois des séniors de + 20% qu’en France et que les salariés travaillent à la qualité de vie au travail en participant au CA des entreprises ?

Merci de faire la remarque suivante à vos invités et ça tous les matins pendant la période où il sera question des retraites : les robots ont remplacé les hommes mais ne cotisent ni pour la sécu ni pour la retraite. Et pourtant ils participent aux immenses profits des industriels. En taxant ces profits, voilà de quoi financer les retraites.

Il me semble que l’objectif principal (voire primordial) est oublié. Nous souhaitons que notre système par répartition perdure au-delà de notre propre retraite. Nous ne voulons pas d’un système individualiste par capitalisation qui créerait des inégalités, et des situations dramatiques. Je veux que mon enfant, quelle que soit sa profession, bénéficie de ce système. Or, le nombre d’actifs diminue, et le nombre de retraités augmente. Je ne suis pas spécialiste, mais si on veut un système durable, il est nécessaire que nous, les actifs d’aujourd’hui et ceux de demain, fassions un effort collectif. Bien sûr, les métiers pénibles doivent faire un effort moindre (car ils l’ont déjà fait, cet effort). C’est pourquoi le système par points me paraissait pertinent, métier difficile = plus de points, ce qui marche également si on change de carrière. Mais visiblement ce qui m’apparaissait logique et faisable a été abandonné.

Pourquoi la pension de réversion existe-t-elle ?
Est-ce pour reconnaître que la personne défunte a mené la carrière qu’elle a menée, cotisé ce qu’elle a cotisé, grâce à l’autre membre du couple qui l’a déchargée en s’occupant des enfants, des tâches ménagères, etc ? Si c’est le cas, pourquoi cette pension est-elle supprimée en cas de remariage, pacs, concubinage ? On ne touche pas à la retraite d’une personne qui se remarie, se pacse, vit en concubinage.
Sinon, la plupart des personnes qui touchent une pension de réversion étant des femmes, est-ce une trace du patriarcat ? La femme reçoit une aumône au nom de son ancien époux, puis appartient au nouveau en perdant tout ce qu’elle a largement mérité par son travail invisible qui a soutenu et permis celui de la personne défunte…

Mais pourquoi ne pas réformer en profondeur un système réalisé en 1945 ? Mettre un peu de répartition, un peu de capitalisation collective, un peu de capitalisation personnelle, un peu de TVA spéciale retraite sur des produits importés de pays à bas coûts… etc c’est incroyable ce manque d’idée chez nos gouvernants !

A propos de la réforme des retraites, je m’agace d’entendre souvent que « les Français sont contre ». Une réforme est probablement nécessaire, mais je suis contre la manière dont le gouvernement veut procéder : il me semblerait plus juste de commencer par le nombre d’années cotisées, peut être 43 années, avant de parler d’âge. Ceux qui commencent à travailler avant 20 ans ont le plus souvent des salaires moindres, et sont plus concernés par la pénibilité. Les femmes pourraient comptabiliser au moins 4 trimestres par enfant, ce qui pourrait compenser des congés parentaux. Elles pourraient aussi recevoir un salaire congé parental, ce qui les amènerait à cotiser pendant ces périodes.
Si, à qualification égale, il y avait réellement salaire égal, les femmes abonderaient davantage au financement. Et si tous les citoyens étaient au même régime, ce serait peut-être plus juste.

Le problème comme toujours, c’est l’argent, le financement. Nous sommes de moins en moins nombreux à travailler, donc on nous fait travailler plus longtemps. L’outil de travail (mécanisation, informatisation) réduit toujours le nombre de travailleurs. Et demain, l’intelligence artificielle le réduira encore. Pourquoi ne pas élargir l’assiette de cotisation à ces outils de travail qui suppriment des salariés, donc des cotisations ?

Depuis des années, on nous dit qu’il faut sauver le système de retraites, à coup de réformes toujours insuffisantes. Les autres pays, eux, ne connaissent pas ce système. Ce système est-il réellement viable ? Ne doit-on pas se résoudre à abandonner le système par répartition ?

La retraite est une question de qualité au travail pour les séniors dans leurs entreprises, pas une question d’âge. Je suis retraité depuis peu, j’ai travaillé jusqu’à 65 ans.

On nous dit qu’avec cette réforme, on va supprimer les régimes spéciaux. Et là on pense SNCF, EDF, mais qu’en est-il des régimes spéciaux des parlementaires ? Des ministres ?

Dans toutes les émissions qui parlent des retraites, on dit que ceux qui ont commencé à travailler à 20 ans pourront partir avant 64 ans. Mais on ne dit jamais rien de ceux qui ont commencé à cotiser à 18 ans (c’est le cas de ceux qui ont passé le bac puis ont fait une formation de technicien ou d’ingénieur en passant par l’apprentissage). 18 ans + 43 années de cotisation nous amènent à 61 ans.
Quel sera, pour ces personnes, l’âge légal de départ à la retraite ? 61 ? 62 ? 63 ? 64 ? Merci de bien vouloir poser cette question quand vous aurez un interlocuteur susceptible d’y répondre…