Alors que la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19 s’intensifie, un grand nombre de soignants appréhende très mal la crise à venir. Epuisés, dénonçant un manque de moyens et de considération, certains vont même jusqu’à envisager de changer de métier. Réaction d’auditeurs à la suite du téléphone sonne du 12 octobre
Votre première auditrice a bien résumé la situation qui concerne aussi les hôpitaux privés à but non lucratif. Moi aussi, j’aime mon métier mais je ne peux plus continuer à le faire comme je l’aimerais.
Les conditions de travail sont critiquables c’est un fait mais après réflexion, la médecine en France, gratuite dans nos mentalités, est devenue un bien de consommation. Les patients deviennent clients et aimeraient (pour certains) être rois. Moi, je vais quitter mon métier de médecin urgentiste pour ne plus être confrontée à des patients qui consomment les soins comme du Mac do. Je passe sous silence les insultes et les crachats. . .
Je travaille dans un hôpital breton. Depuis le mois de juillet nous devons justifier par écrit de nos heures supplémentaires. C’est la cadre supérieure qui valide ou non ces heures. Comment réussir à faire les transmissions pour 25 patients (aux pathologies lourdes) en 30 mn ? L’autre matin (je travaille de nuit), j’ai eu une urgence vitale 1 h avant que mes collègues n’arrivent… 1 h ça peut paraître suffisant pour gérer le problème… si l’on n’a rien d’autre à faire… ce qui évidemment n’était pas le cas (prises de sang, changes, transmissions écrites.) Eh bien vous savez quoi ? ça n’a pas été validé en heures sup !!!! Je suis dépitée, déçue que notre charge de travail ne soit pas reconnue et même niée…
Pour info, l’hôpital où je travaille accuse un déficit abyssal… ceci explique peut-être cela ? Merci pour vos émissions
Votre émission de ce soir est très anxiogène ! J’ai une pathologie qui depuis 10 ans m’a obligé à fréquenter les hôpitaux pendant plus de 30 mois, et je m’inquiète de voir la réaction du personnel de santé. Au nom de leurs revendications, j’ai comme l’impression d’être pris en otage par le personnel soignant. Cela fait depuis plusieurs années que je sens cette tension au sein du personnel médical, et je comprends tout à fait les réactions entendues ce soir. Mais j’ai aussi constaté que pour avoir de meilleurs revenus, des professionnels se sont mis en libéral, fuyant l’hôpital public : qu’allons-nous devenir, nous, patients ? D’autres ont heureusement fait clairement le choix du service public. En l’état actuel de la politique mené par le gouvernement, et au-delà des revendications des professionnels, je suis à peu près sûr que, qu’elles que soient les réponses du Ministère de la Santé face à ces revendications, il y aura toujours beaucoup d’insatisfactions. Certains jettent l’éponge, mais comment réformer la santé en France en seulement quelques mois. Toute réforme met du temps à donner des effets : les rattrapages sont trop importants pour donner entière satisfaction et tout de suite aux personnels soignants. Il faut que le personnel de santé continue de travailler, et que le gouvernement manifeste clairement que la personne humaine est au centre du dispositif de santé, et non pas prioriser l’équilibre financier des établissements. Au nom des patients et malades, je remercie le personnel soignant de ne pas sauter du bateau en pleine mer, en pleine tempête ! Nous aussi notre santé est en pleine tempête !
Infirmière depuis 35 ans, je suis un dinosaure, depuis 3 ans vacataire sur Toulouse, savez-vous combien une infirmière est payée de l’heure ? 12 euros est ce motivant ? est-ce une reconnaissance professionnelle ? comment voulez-vous que les jeunes acceptent les conditions de travail à la chaine et le salaire ??
Quand va t on prendre soin des soignants ? Ma fille est une infirmière investie qui adore son métier, au bord du burn-out comme tant d’autres… comment garder la foi quand le système est indigne et ne prends pas soin de ses soignants ? C’est juste une question d’humanité… de non-sens ou de bon sens … c’est de la maltraitance institutionnalisée
Grèves personnel médical fin 2019
Pourquoi ne parlez-vous pas des grèves et revendications des personnels hospitaliers qui précédaient la crise COVID… et qui N’ONT PAS CHANGÉ !!! Pourquoi les médias dans l’ensemble entretiennent la mémoire courte ?
Pourquoi les infirmières quittent leur métier
Je suis médecin, j’ai 65 ans et je pars à la retraite à la fin de cette année qui fut la pire de ma carrière avec le covid bien sûr mais également cet épuisement de voir que rien ne s’améliore. J’ai passé 40 ans dans les hôpitaux publics, privés, en soins et en management. Pendant ces 40 ans j’ai vu glisser irrévocablement la rémunération et la reconnaissance du corps médical médecins ou soignants. A l’inverse la société a valorisé le commerce et bien d’autres secteurs au détriment des soins. Les gens ne veulent pas cotiser plus mais toujours être remboursé de tout (et n’importe quoi). Les patients sont souvent impertinents et revendicateurs. De nombreux métiers gagnent bien plus que les soignants. Les tarifs des hospitalisations ne fait que baisser depuis 15 ans, j’y suis confronté au quotidien. Voici quelques réflexions qui me font quitter ce métier que j’adore le cœur lourd et très inquiète pour la suite et je comprends tout à fait le désenchantement des soignants.
Le malaise hospitalier
Merci d’avoir donné la parole aux soignants hier. Vous avez omis de parler de la lourdeur administrative qui plombe les budgets hospitaliers. Lorsque j’ai commencé mon activité de pédiatre hospitalier en 1974, il y avait 10% de personnel administratif et maintenant c’est plus de 30% (un hôpital a le record de 50%), ce qui coûte cher, d’autant que certains salaires de directeurs adjoint, sous-directeur, etc…ne sont pas du niveau de celui des infirmier(ères)…mais il faut appliquer la T2A, la contrôler, faire du management vertical, sans tenir compte de l’avis des médecins…et tout cela utilise du personnel qui ne « produit pas de soins » (usine à produire des soins!).
Supprimons 90% des personnels qui ne font que contrôler ce que font les soignants qui savent ce dont ils ont besoin pour faire le meilleur soin ; alors que les directeurs cherchent à produire les meilleurs scores T2A (méthode qui vient des USA et qui a été abandonnée rapidement). La T2A n’est rentable que pour les structures qui font des actes « codants »; pas pour le soin médical qui commence par l’écoute du patient (là on perd du temps…).
J’ai démissionné lorsque j’ai découvert que 30% de mon temps était utilisé pour remplir des papiers et justifier mon activité.
Concernant le SEGUR de la Santé, je voulais vous informer d’une inégalité criante, à savoir il est prévu une augmentation de salaire de 183€ net pour les soignants si on écoute les informations, or le décret n°2020-1152 du 19 septembre 2020 relatif au complément de traitement indiciaire stipule qu’il ne s’appliquera qu’aux agents des établissements publics de santé, aux groupements de coopération sanitaire et aux EHPAD. Cela exclu, les agents soignants de la fonction publique hospitalière travaillant dans les SSIAD (Service Soins Infirmiers à Domicile) et les aides-soignants travaillant dans les établissements accueillant des personnes handicapées. Ce qui donne la situation ubuesque de voir dans un même établissement des soignants qui auront cette augmentation et les collègues du service d’à côté = rien. D’autant que lorsque l’on est un salarié qui gagne en moyenne 1500€ net, 183€ n’est pas une somme négligeable.
J’en appelle à vos compétences de journalistes pour mener une enquête approfondie et donner des informations au plus près de la réalité.
Dommage qu’il n’y est pas de soignants sur le plateau…On demande toujours aux médecins comment vont les soignants, infirmiers, aide soignants…Donnez la parole aux soignants qui sont au plus près des patients.
Il se trouve que l’un de mes proches travaille dans le milieu ambulancier : à l’hôpital de Créteil on fait transporter des covid + sans prévenir les ambulanciers qui dans l’ignorance de l’état de leur patient n’appliquent pas le lourd protocole de sécurité particulier prévu pour ce type de malades ( et sont en danger au passage) puis l’emmène dans un autre établissement où là encore, avant d’ouvrir le courrier scellé du médecin, on l’accueille en service » propre » et non réservé aux patients covid. Imaginez alors les chaînes de contamination ! Mais sur ces procédures de secret médical qui bloquent l’information, on garde le silence !
Le rôle des infirmiers et infirmières à l’hôpital
Je suis cadre infirmier, formateur en IFSI (institut de formation en soins infirmiers). Je suis un peu agacé lorsque j’entends dire « on manque de bras » dans ce contexte de crise. Les infirmiers et infirmières ne sont pas de bras, ce sont des professionnels diplômés, dotés de compétences qui n’appartiennent qu’à eux. Le manque de connaissance sur ce métier, et de reconnaissance, notamment salariale, est un point crucial, qui est un impensé depuis bien longtemps.
J’ajoute enfin qu’être infirmier ou infirmière, c’est une profession comme une autre, et le fait de toujours parler de « vocation », par exemple, contribue à laisser croire qu’on peut pérenniser des conditions de travail effroyables, des plannings de travail qui sont intenables et changent très souvent et une rémunération faible.
Le fait que la majorité des infirmiers soient des femmes n’est pas un problème, c’est un fait social, mais dans le monde du travail, les femmes sont souvent moins bien payées et subissent une plus grande précarité. Ainsi, les conditions de travail et de rémunération des infirmiers émeuvent peu de monde, car ce n’est qu’un « métier de femmes », avec toutes les connotations négatives que cela peut entraîner.
Merci à vous si retenez une part de mon modeste témoignage.
Et merci pour votre émission, toujours très intéressante.
Les soignants n’en peuvent plus !
Ça fait vingt ans qu’on vous le dit ; avec la tarification à l’acte, les cliniques privées ont « pris » tous les petits actes et en font plein chaque jour ex : appendice ou amygdales et l’Hôpital assume tout le « lourd » qui ne paie pas ! (En gros il vaut mieux faire 10 appendicites sur une journée qu’empêcher 2ou 3 diabétiques ou cancéreux de mourir…
Donc ils ont assoiffé l’hôpital en ne lui donnant plus de sous et, de plus, ils ont réduit +++ le personnel actif (soignant) et augmenté les chefs et sur-chefs pour surveiller et compter ce que font les actifs. Si c’n’est pas de l’assassinat, ça, c’est de la privatisation de la Santé et la Médecine à X vitesses !
Pourquoi tant de haine idéologique pour le service public ? Hier la Poste, la SNCF, les suicides, le management agressif encouragé par les décideurs sous couvert d’une économie néo libérale. Aujourd’hui la crise de vocation et la perte de vitesse de l’hôpital public qui ne peut plus humainement gérer la crise. Jusqu’où irons-nous ? ….
On nous annonce 183 euros en plus (pas vu encore la couleur) et d’un autre coté on nous retire un acquis social de plus de 30 ans (pour indemniser nos week-ends) d’un montant d’environ de 200 euros….
Depuis septembre on nous annonce des réorganisations qui nous désavantage de plus en plus …on ne sait toujours pas comment on travaille pour les fêtes de fin d’année…
Je crois que vous pouvez prévoir une émission sur la détresse des personnels des Ehpad qui est tout aussi profonde que celle des personnels d’hôpital… Problématiques déjà existantes avant la pandémie (manque de personnel, manque de moyens, défaut de formation, de soutien psychologique,) mais décuplées depuis. En tant que belle-fille de résidente et mère d’une professionnelle en Ehpad, je constate le grand épuisement de jeunes soignantes et animatrices si motivées et dévouées cependant. La reprise de la pandémie ravive, dans ce contexte, la fatigue des personnels et leur inquiétude face aux risques de contamination des résidents et face à la détresse de ces mêmes résidents à peine déconfinés…
Vaccin grippe, le désarroi d’une infirmière à partir de demain… Je suis infirmière libérale à Toulouse,
Demain commence la campagne de vaccination et je viens de me renseigner auprès des pharmacies de mon quartier : ils n’ont pas reçu de directive ou recommandation pour cette délivrance, beaucoup de personnes ont déjà réservé leur vaccin de peur qu’il n’y en ait pas assez. Je m’attends donc à une cohue demain et je suis inquiète pour les patients vulnérables qui ne pourront pas faire le pied de grue à l’ouverture des officines… Au final j’ai peur qu’il y ait trop de ces personnes à risque +++ , déjà effrayées par l’actualité, qui ne pourront avoir accès à cette vaccination… Merci d’avoir pris le temps de lire mon appel à la raison et au bon sens qui fait malheureusement défaut aux pharmaciens devant le potentiel commercial. Infirmièrelibérale épuisée mais qui ne peut pas s’arrêter !