Eva Illouz publie le Tract « Le 8 octobre ». Elle était invitée dans l’émission « Signes des temps » le 13 octobre.
J’ai été choquée par l’émission du dimanche 13 octobre. LA partialité et les approximations argumentaires de madame Illouz prétendant discréditer le soutien des étudiants américains au peuple palestinien qui subit un rapport de force disproportionné et sans merci de la part du gouvernement israélien. Au mépris des faits, dans une vision partiale et à coups de « concepts » elle s’est livrée à une tentative d’inversion des responsabilités que j’ai trouvé caricaturale. J’ai conscience que le conflit israélo/palestinien tel qu’il agite les médias depuis le 7 octobre clive, polarise et se vautre dans la confusion mais je suis très déçue que France Culture y participe.
Marc Weitzmann répond aux auditeurs :
L’émission du 13 Octobre dernier avec Eva Illouz à propos de la sortie de son Tract « 8 octobre généalogie d’une haine vertueuse » a donné lieu à un nombre exceptionnel de « vues » et de podcast sur X (100.000 en vingt-quatre heures) et à de très nombreuses réactions extrêmement positives signe probable que Eva Illouz touche un nerf. Un grand merci aux auditeurs qui ont aimé l’émission et ont pris la peine de le faire savoir tant sur les réseaux qu’à la médiatrice qui a bien voulu les publier sur cette page. D’autres ayant cependant été dérangés par le contenu, quelques précisions.
Il est reproché à Eva Illouz par certains auditeurs ci-dessous d’avoir, avec ma complaisance, sinon ma complicité, « inversé la charge de la victime et du bourreau », de s’être « livrée à une inversion des responsabilités caricaturale».
. D’une part, parler « d’inversion » implique qu’il serait possible de départager les victimes et les bourreaux de façon claire pour peu que l’on remette les choses à l’endroit. Mais qui est caricatural, ici ? Quiconque s’est intéressé même distraitement à la dynamique de la violence dans la région depuis le 7 Octobre et même avant sait combien tout là-bas est complexe.
. D’autre part et surtout : SdT a consacré nombre d’émissions au Moyen-Orient avec des invités géopoliticiens, experts des questions militaires ou journalistes de terrain –-émissions durant lesquelles les très graves responsabilités du gouvernement israélien et de son premier ministre ont été très sévèrement soulignées comme ici et ici.
Il se trouve qu’Eva Illouz n’a aucune compétence dans ces domaines militaires qui n’étaient pas non plus le thème de l’émission du 13 Octobre.
Son travail, influencé par le marxisme, et par Roland Barthes, porte sur la gestion socio-économique des émotions intimes dans les sociétés occidentales « capitalistes ». Le texte pour lequel je l’avais invité s’inscrit dans la suite de ses travaux. Elle tente d’y analyser les conditions économiques et culturelles ayant permis l’émergence d’une émotion collective telle qu’elle s’est exprimée dans les milieux intellectuels et universitaires occidentaux depuis le 8 octobre 2023, et telle qu’elle en a été le témoin direct en tant qu’enseignante aux Etats-Unis et en France.
Cette émotion, elle l’appelle la « haine vertueuse ». Les exemples qu’elle donne (professeurs d’université manifestant leur soutien écrit non aux Palestiniens mais bien au Hamas dès le lendemain du 7 Octobre; professeurs et étudiants exprimant leur « enthousiasme » et leur « jubilation » pour la tuerie avant la réponse israélienne ;drapeaux iraniens brandis dans les manifestations prétendument pro-palestiniennes sans égard pour les exilés du mouvement femme vie liberté ; etc.) Ces exemples ne sont pas niables et posent question : Comment des gens éduqués, cultivés, très généralement de gauche, en viennent-il à applaudir à la propagande iranienne et à rire à l’annonce que 1200 civils viennent d’être violés, démembrés, torturés ou tués ? On peut bien sûr critiquer la réponse apportée à cette question par Illouz, mais la moindre des choses est d’abord de l’écouter présenter ses arguments. C’est ce que visait cette émission. Que l’on me permette donc de suggérer aux auditeurs troublés de l’écouter à nouveau à tête reposée : rien n’y est dit en faveur du gouvernement israélien, ni contre le peuple Palestiniens (dont Eva Illouz a toujours soutenu, comme citoyenne, les principales revendications ) ; elle cite d’ailleurs à la fin un texte d’une activiste palestinienne allant dans son sens.
2. Un mot à l’auditeur n 3 ci-dessous, visiblement très choqué, et selon qui je suis resté « bloqué au 7 Octobre 2023 ».
Cher monsieur : j’étais bien sûr au courant, pour la fâcheuse tendance des Juifs à se plaindre éternellement, comme vous le leur reprochez. J’ignorais en revanche que tant d’entre eux (dont moi) étaient « possédés par la guerre », pour vous citer, tout comme j’ignorais qu’ils avaient le pouvoir exorbitant « de pervertir le discours officiel et d’annihiler toute réflexion publique », quoi que ça veuille dire. Un esprit plus mal tourné que le mien, il en existe sûrement, verrait dans cette idée de perversion du discours officiel soit un compliment, soit un impensé antisémite comme on dit, ou pourquoi pas, un peu des deux. Je me contenterais de vous présenter mes excuses les plus plates pour avoir, dans Signes des Temps, « donné voix à tout ce qui peut (me) reconduire à ce traumatisme (du 7 Octobre) sans égard pour les auditeurs qui ne le partagent pas », dont vous, très manifestement.
J’ai été extrêmement favorablement impressionnée par l’émission avec Eva Illouz de Marc Weitzmann. Il me semble que la critique de l’enseignement qu’elle fait est capitale et qu’elle devrait s’exercer aussi sur ce qui est dit dans les émissions de France Culture. Toutes mes félicitations à Eva Illouz et à Marc Weitzmann.
Ce qui est étonnant et même révoltant pour moi, ce n’est pas que des étudiants soient épris de justice et que, pour exprimer leur révolte, ils confondent les causes, mais que tant de représentants de la communauté juive soient aveuglés par les crimes du 7 octobre 2023, qu’ils ressassent comme s’il s’agissait d’un nouveau génocide. Ce qui m’étonne, voyez-vous, c’est que tant de juifs, si éloignés soient-ils du théâtre de la guerre et de la politique israélienne, demeurent « possédés par la guerre », au point de pervertir le discours officiel et d’annihiler toute réflexion publique. Pardonnez-moi si depuis un an j’ai raté des émissions où vous avez peut-être donné à entendre des discours différents, mais j’ai l’impression en vous écoutant aujourd’hui que vous êtes resté « bloqué » au 7 octobre 2023, donnant voix dans votre émission à tout ce qui peut vous reconduire à ce traumatisme, sans égard pour les auditeurs qui ne le partagent pas (mais qui pour autant n’ont pas sauté de joie le 8 octobre 2023, ni cherché à dénier la cruauté des attentats commis le 7).
Pourquoi ne pas laisser la parole aux « efforts de générosité » et de réflexion, qui prennent en compte ce qui s’est passé avant et depuis le 7 octobre 2023 (depuis un an) ? À des invités tels que l’association israélo-palestinienne citée en fin d’émission, par exemple, dont les membres œuvrent ensemble pour la paix ; à des invités qui n’ont pas été rendus sourds et aveugles par la violence ; à des invités dont l’étonnement et les plaintes ne concernent pas seulement les malheurs éternels d’Israël ; à des invités soucieux de justice pour qui on ne répare pas le crime par la destruction… Ce n’est là qu’un rêve.
J’apprécie tout particulièrement l’émission Signes des Temps animée par Marc Weitzmann et diffusée sur France Culture. Elle correspond en tout point à un souhait formulé lorsque Radio France France Culture avaient sollicité par enquête les auditeurs afin de connaitre leurs attentes. Toutefois, le format actuel est trop court, conduisant l’excellent Marc Weitzmann à interrompre l’émission alors que des développements sont en cours, c’est à dire les approfondissements justement attendus. Il en a été ainsi, encore, lors de l’émission avec Eva Illouz et son interprétation de l’après 7 octobre. Il conviendrait d’augmenter le format de 10 à 15 mn. On n’ose espérer une fréquence de l’émission plus importante, avec le même recul pour penser l’air du temps, c’est à dire interpréter l’actualité en en recherchant le sens. Il s’agit là de la singularité, sinon de la mission de FC, et on apprécierait que bien des thèmes soient approfondis, au fil de la semaine, avec une même intelligence. Merci de transmettre à Marc Weitzmann et à la Direction de la chaîne.
J’écoute signes des temps ce début d’après-midi sur France culture. Je suis consterné par un dialogue à sens unique, intellectuellement orienté, biaisé. L’exercice de cette émission n’a été qu’inversion de la charge de la victime et du bourreau. (…) Des dizaines de milliers de personnes sont mortes cette année en Palestine occupée et au Liban, dont plus de 20 000 enfants. L’avenir de toute la population du levant est menacé. C’est la réalité historique qui a été totalement niée par votre émission. En espérant un traitement plus au fait de la réalité historique et intellectuellement plus rigoureux.