L’édition 2017 du Classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF) est marquée par la banalisation des attaques contre les médias et le triomphe d’hommes forts qui font basculer le monde à l’ère de la post-vérité, de la propagande et de la répression.
Le Classement mondial publié par RSF démontre le risque de “grand basculement” de la situation de la liberté de la presse dans de nombreux pays importants. Partout où le modèle de l’homme fort et autoritaire triomphe, la liberté de la presse recule. L’obsession de la surveillance et le non-respect du secret des sources contribuent aussi à faire glisser vers le bas de nombreux pays considérés hier comme vertueux.
Le journalisme fragilisé par l’érosion démocratique
A force de propos nauséabonds, de lois liberticides, de conflits d’intérêt et même de coups de matraque, les régimes démocratiques multiplient les accrocs contre une liberté qui est en principe l’un des principaux indicateurs de leur bon fonctionnement. Cette régression n’est pas nouvelle. Elle était déjà perceptible dans les classements précédents. Mais ce qui frappe cette année, c’est l’ampleur et la nature des attaques constatées.
Le continent européen demeure la zone géographique où les médias sont les plus libres. Pourtant, l’Europe est le continent qui a connu la plus forte dégradation de son indice global.
Evolution des indices régionaux (de la plus grosse à la plus faible)
« Avec la Pologne et la Hongrie, on est face à deux cas manifestes de violation des valeurs fondamentales de l’Union européenne par deux Etats dont la transition démocratique était pourtant jugée exemplaire. Il est plus que jamais nécessaire que ces pays se montrent à la hauteur de leurs engagements et garantissent à leurs citoyens le droit à une information indépendante. D’autant plus quand on exige des pays des Balkans voisins -candidats à l’accession à l’Union- qu’ils montrent patte blanche et respectent ces valeurs inhérentes à la démocratie que sont le pluralisme et la liberté de la presse« , déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau Union européenne-Balkans de RSF.
Une carte du monde de plus en plus sombre
La liberté de la presse n’a jamais été aussi menacée. Ils sont désormais 21 pays classés “noirs” c’est-à-dire où la situation de la presse est considérée comme “très grave”. Cinquante-et-un pays sont en “rouge”; la situation de la liberté de l’information y est considérée comme “difficile”. Au total, près des deux tiers (62,2%) des pays répertoriés ont enregistré une aggravation de leur situation. L’édition 2017 du Classement mondial de la liberté de la presse révèle des maux et fléaux qui nuisent à la liberté d’informer dans le monde.
*Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF, le Classement mondial de la liberté de la presse permet d’établir la situation relative de 180 pays au regard notamment de leurs performances en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, de respect de la sécurité et de la liberté des journalistes.
Le Classement 2017 est établi en tenant compte des violations commises entre le 1er janvier et le 31 décembre de l’année 2016. Les indices globaux et régionaux sont calculés à partir des scores obtenus par les différents pays. Ces scores sont eux-mêmes établis à partir d’un questionnaire proposé en vingt langues à des experts du monde entier, doublé d’une analyse qualitative. A noter que plus l’indice est élevé, pire est la situation. La notoriété croissante du Classement mondial de la liberté de la presse en fait un outil de plaidoyer essentiel et de plus en plus influent.