De nombreux auditeurs favorables au « Brexit » (le retrait du Royaume Uni de l’Union européenne) estiment que les rédactions ont plus évoqué le « cataclysme » que les « bienfaits ».
« La parole a été donnée à plusieurs personnalités qui ont toutes exprimé unanimement leur inquiétude et leur effarement. Mais, étrangement, pas de point de vue inverse » (Germain). Ce message illustre un certain nombre de réactions d’auditeurs qui estiment que nous n’avons pas donné la parole à ceux qui étaient favorables au Brexit. Je pense que l’écoute n’a pas été très attentive, car, sur les différentes antennes, ont été diffusés des reportages réalisés en Grande-Bretagne et dans lesquels on entendait des partisans du retrait de l’UE. Des invités britanniques pro-Brexit ont également été diffusés, notamment lors des Spéciales réalisées à Londres. Enfin, des représentants du Front national ou d’opinions populistes proches des pro-Brexit se sont exprimés. De même que des représentants de la gauche radicale, pas forcément favorables au retrait de l’UE, mais souhaitant en changer les orientations.
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Comme sur chaque grand sujet d’actualité, la parole a été donnée aux différents courants de pensée. Il faut aussi reconnaitre que, tenant compte de la proportionnalité des positions pro ou anti-européennes, la majorité des représentants politiques français sont favorables à l’Europe, même si tous n’ont pas forcément la même conception de son fonctionnement. Donc, il est logique d’entendre, proportionnellement, moins d’ « anti-Europe ».
Apocalypse ?
« La plupart des reportages exprimaient un point de vue négatif sur la sortie de l’Europe » (Olivier). Peut-être bien, car rares sont les spécialistes qui estiment que ce retrait est « positif ». Sauf à se réjouir de « récupérer » ce que les Britanniques vont perdre, comme les conséquences de la chute de la Livre ou le déménagement des sièges d’entreprises internationales.
« Vous ne parlez que d’apocalypse, de cataclysme » (Emma, Pierre, Patrick). Evidemment, le propos est excessif. Mais il est vrai que le choc est terrible. Honnêtement, comment ne pas être « sonné » par ce retrait ? Il va à l’encontre de cette formidable idée qui a suivi la véritable apocalypse de la Seconde Guerre Mondiale : créer une union des peuples et des nations après des siècles de conflits . « Perdre » le Royaume-Uni et le voir se refermer sur lui-même n’est pas un message d’avenir réjouissant. Les journalistes l’ont souligné à juste titre, tout comme ils ont souligné que l’Union européenne, par son fonctionnement technocratique, était également en partie responsable du Brexit.
Populisme
« Vous nous expliquez que les Anglais ne sont pas contents du Brexit, que les Londoniens veulent rester dans l’Europe, qu’une pétition recueille des millions de voix pour le « remain », etc. Pourquoi participez-vous à la remise en cause de ce résultat ? (Marc). Qu’on le veuille ou non, tout cela est vrai ; il n’y a donc aucune raison de le cacher et nous n’y sommes pour rien dans cette éventuelle remise en cause du résultat. Ces informations illustrent simplement le fait que nombre de Britanniques s’inquiètent de leur avenir hors Union européenne ; ajoutons tous les faux arguments que des leaders du Brexit reconnaissent aujourd’hui avoir utilisés pour convaincre les électeurs (comme la redistribution des sommes versées à l’UE dans le budget de la santé publique).
Cela illustre bien une forme de populisme, même si plusieurs auditeurs nous reprochent d’avoir employé ce terme. Le populisme se fonde sur les instincts ou les émotions d’une partie de la population, en exploitant le plus souvent la peur et le repli sur soi.
Bruno DENAES
Médiateur des antennes
A écouter le rendez-vous du Médiateur sur France Info avec Jean-Marie Charon : Brexit, manifs… des médias contestés