Quel accompagnement scolaire pour les enfants en situation de handicap ?
À plus d’une semaine après la rentrée, on fait le point sur la scolarisation des enfants en situation de handicap dans des établissements scolaires ou spécialisés.
Le sujet du Téléphone Sonne avec Sophie Cluzel Secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, ce 10 septembre sur France Inter
Des réactions d’auditeurs à lire ici :

Scolarisation des enfants en situation de handicap
Je reste toujours perplexe à propos de ce problème. Que veut dire « handicap » ? Autisme ? TED ? déficience sensorielle ? handicap moteur ? surdité ? trouble du développement psychomoteur ? Que deviennent ces enfants dans une classe que l’on ne peut de toute façon pas transformer en IME, avec des professeurs d’école – de super bonne volonté – mais pas forcément psychologues, la plupart du temps pas formés à ce type de travail. Pour moi c’est un leurre. Les enfants concernés sont souvent très angoissés de ces conditions, les professeurs sont souvent dépassés et exténués. (J’étais orthophoniste il y a eu de temps encore, et j’entendais la souffrance des enfants et celles des prof.) Où est le bénéfice ?

Après 11 ans d’ancienneté, je vois aujourd’hui des élèves que j’ai accompagné réussir dans leurs études supérieures, notre métier est reconnu INDISPENSABLE par les équipes pédagogiques. Mais toujours pas de reconnaissance par un réel statut de la fonction publique qui nous accorderait une réelle sécurité d’emploi, une progression salariale, une résidence administrative qui ne soit pas de 45 kms d’envergure pour 35 établissements du premier degré jusqu’au BTS, une formation au handicap digne de ce nom. En janvier, mon employeur a créé une indemnité compensatrice à la hausse du smic afin que mon salaire ne soit pas en dessous du smic alors que j’ai 11 ans d’expérience. Nous avons obtenu pour septembre une augmentation salariale. Cela fera 36 euros de plus pour moi, mais mes frais de déplacement, non pris en charge, augmentent de 75 euros. J’en suis encore de ma poche alors que le coût de la vie augmente. C’est ça la généralisation des PIAL. Moins de moyens pour plus de besoin.
Et maintenant, nous sommes en inter degrés. Le matin à faire le petit train en maternelle pour socialiser un enfant autiste et l’après-midi au lycée pour accompagner un étudiant en BTS. C’est méconnaitre nos compétences et au final, ce sont les élèves qui trinquent. En moyenne 1 AESH pour 3 élèves, c’est la mutualisation. Nous appelons ça du saupoudrage. Il n’y a pas assez de recrutement par rapport aux notifications. Notre académie nous dit : on ne recrutera pas ! Il n’y a pas de budget !
Beaucoup de mes collègues souhaitent démissionner malgré leurs années d’expérience, c’est du gâchis. Mais elles tiennent car elles aiment leur métier. ET c’est un très beau métier.

Je suis coordinatrice ULIS dans un collège de seine maritime. Dans notre département la situation est très préoccupante pour les élèves d’ULIS (unité localisée d’inclusion scolaire) dans une dizaine de collèges. Les professeurs des écoles non titulaires ont été réaffectés vers le premier degré afin de laisser la place à des professeurs de collège.
Or de nombreux postes sont restés vacants à la rentrée ! Les élèves en grande difficulté scolaire se retrouvent donc sans enseignant référent, inclus à 100% dans les classes, sans aide spécialisée. Il a donc été décidé d’embaucher des vacataires : des étudiants n’ayant jamais enseigné….
C’est un manque de considération inacceptable pour ces élèves si fragiles qui ont besoin de cadre et de stabilité et de personnel compétent et formé pour les accompagner. C’est également très dur pour les enseignants dont les compétences sont alors remises en question. Quel gâchis ! Pourtant L’école inclusive quand on a les moyens humains et financiers : ça fonctionne ! et ce sont même de très beaux moments à vivre…

Faire croire qu’un élève en situation de handicap peut être scolarisé 24 h par semaine quelle que soit sa situation est un leurre.
Je suis enseignante, je n’ai aucun moyen matériel dans ma classe ni aucune formation pour m’occuper d’élèves à profil. Les élèves doivent pouvoir souffler, les enseignants aussi. L’an dernier, j’avais 2 élèves avec une notification l’un individuel l’autre mutualisé, et j’ai craqué car je n’avais personne. J’étais seule dans ma classe avec des élèves en souffrance : mes 2 élèves en situation de handicap mais les 22 autres à qui je ne pouvais offrir des conditions décentes de travail.
La loi de 2005 a sérieusement mis à mal les conditions de travail des enseignants.

Je souhaite évoquer tout mon respect et encore plus pour nos AESH. J’enseigne en EREA et nos AESH sont nos piliers, leur professionnalisme, leur accessibilité… permettent à nos élèves de grandir et d’apprendre. Toujours disponibles… dommage trop peu nombreux vu la demande. Même les élèves sans notifications sont aidés. Parfois on dirait des pieuvres (dans le bon sens du terme) partout, au besoin de tous, au détriment de l’énergie puisée et si peu rémunéré. Je leur lève mon chapeau!!!

Enfants en situation de handicap…..à l’école et ailleurs….. Le mot mutualisation est devenu un mot INDÉSIRABLE dans la vie des personnes en situation de handicap. Oui c’est vrai la mdph n’a pas été en situation de …si ça n’était pas aussi terrible pour les personnes concernées et leurs proches, ça en serait risible. Je travaille dans ce secteur depuis 40 ans et je suis consterné par l’évolution de ces milieux. Dans la réalité professionnelle, nous évoluons vers une misère intellectuelle, de moins en moins de réflexion et ce que vient de dire votre interlocutrice, on en est rendu à faire ce qu’on peut avec ce qu’on a.….

Étant maman d’une enfant porteuse de trisomie 21 âgée de 11 ans, scolarisée en ULIS école, je dois avouer avec beaucoup de tristesse ne plus croire à l’inclusion : entendre dire par le psychologue scolaire que de toute façon l’ULIS lycée est inenvisageable (notre fille avait alors 10 ans), l’infirmière scolaire dire que le collège va être compliqué (il l’est pour tous les enfants), l’enseignant en inclusion qui met notre fille au fond de la classe à faire du dessin….sans parler de la gestion administrative : nous en sommes à notre 3e dossier MDPH en 18 mois… il faudrait que l’inclusion soit un parcours de vie pour nos enfants atteints de handicap. Il serait vraiment temps que l’école s’adapte à ces enfants et non l’inverse

La généralisation des Aesch mutualisées a permis d’afficher une Aesch en face de chaque élève notifié mais sans quotité d’heure. Résultat : un saupoudrage d’heures qui ne sont pas en adéquation avec les besoins de l’enfant. On adapte le besoin à la ressource et non le contraire ! Qui arbitre le besoin de l’enfant puisque la MDPH ne spécifie plus un nombre d’heures pour les AESH mutualisées ?

Merci aux Aesch : enseignante en ULIS je remercie vivement l’investissement des Aesch avec lesquelles je travaille auprès d’enfants en grande difficulté scolaire et comportementale. Sans elles je n’y parviendrai pas ! Je déplore leur salaire indécent

Que dire de la formation ? C’est un métier extrêmement difficile (accompagner sans faire à la place des enfants avec des problématiques très compliquées) et la formation est ridicule. Tout ça pour ne pas augmenter les salaires…
Deuxième point en réaction à ce que vient de dire la ministre. Et quand il y a pénurie de professionnel de soins ? (Psychomotricien, orthophoniste…)

L’inclusion des élèves handicapés…tout repose sur l’école mais sans moyens. Alors derrière les discours de façade, je voulais vous faire part de ma réalité concrète de ce qui se passe.
De plus en plus d’enfants et d’ados handicapés sont scolarisés, à la fois pour de bonnes raisons et des mauvaises…Je ne vais pas m’étendre sur les bonnes mais je peux vous expliquer l’envers du décor pour certains élèves, ceux qui étaient avant dans des structures médicosociales (IME, ITEP par ex) avec des prises en charge globales. Ces structures coutent cher, les listes d’attente sont de plusieurs années et l’école prend le relais mais sans moyens humains dans des dispositifs ULIS tenus uniquement par un professeur coordonnateur (s’il est solide, ça va , sinon c’est la cata car tout repose sur lui et il n’est pas psy ni soignant). De plus en plus d’enfants d’ULIS n’ont aucun suivi externe surtout dans les catégories populaires qui ne peuvent se débrouiller de parcours aussi complexes.

Pourquoi les AESH qui travaillent en REP + ne touchent-elles pas une prime comme tout le personnel, les dames de ménage aussi ? Pourquoi peu d’AESH, donc enfants en manque d’AESH

Après une reconversion vers ce métier, très motivée, je suis dégoûtée, nous sommes en première ligne pour nous prendre des coups, nous n’avons aucun avantage de l’éducation nationale, pas de mutuelle, les vacances oui mais du coup à 60%, payée 750€ !

Quel dommage qu’il n’y est pas de représentant enseignant sur le player de l’émission
Toujours pas d’allégement des effectifs des classes accueillant des élèves. Merci de cette émission. De nombreux élèves sont inclus dans l’attente d’une place en centre adapté
Sur la mutualisation, enfants et personnels ne sont pas des pions que l’on peut caser dans les cases d’un emploi du temps

Comme tous les ans, en début d’année scolaire, vous faite une émission sur l’inclusion et la ministre va encore nous dire que tout est fait pour les enfants porteurs de handicap & comme chaque année, je vais enrager derrière mon poste ! Je suis professionnelle de santé et je travaille avec des enfants porteurs de handicap et chaque année, l’attribution des Aesch Se passe au dernier moment, les parents et les équipes ne peuvent les rencontrer avant la rentrée. Sans compter que le Pial vient encore tout complexifier puisque la mutualisation fait que l’enfant n’a pas forcément son Aesch au moment nécessaire. Et si on parlait du matériel spécialisé (ordinateur, logiciel spécifique d’apprentissage, logiciel de synthèse vocale, et) attribué par la MDPH/DSDEN ? Les préconisations des professionnels ne sont pas toujours prises en compte et l’enfant se retrouve avec un matériel complètement inadapté après, parfois, 2 ans d’attente !! Madame la ministre va soutenir que tout est fait mais en étant sur le terrain, je peux vous dire que ça n’est pas du tout le cas !! Je salue le travail des Aesch mais leur salaire les pousse à s’orienter vers d’autres professions plus valorisantes ! Beaucoup trop de choses à dire sur les dysfonctionnements »….