Le gouvernement va « prendre le temps » pour boucler sa réforme des retraites, « probablement » jusqu’à mi-2019, a affirmé le 25 octobre le Premier ministre Édouard Philippe, laissant à son tour entendre que l’exécutif laisserait passer l’échéance des élections européennes de mai.

Cette réforme, jugée sensible, vous fait réagir et nous publions ici vos courriers.

Pour rappel : le futur régime de retraites par points se mettra en place dès 2025 mais permettra de conserver les droits déjà acquis. La réforme a pour objectif de créer un système universel dans lequel « chaque euro cotisé donnera des droits identiques, quel que soit le statut (salariés, indépendants, fonctionnaires) de celui qui cotise et le moment de sa carrière où il cotise », selon un  document du ministère de la Solidarité.
Le nouveau régime concerne les générations nées à partir de 1963. Parmi les différents arbitrages : l’âge légal de départ à la retraite restera fixé à 62 ans. Le régime universel remplacera les 42 régimes existants. Il garantira pour tous les assurés la prise en compte de leurs revenus d’activité dans la limite de 120.000 euros brut annuels. Les points accumulés, qui permettront de calculer le montant de la retraite, seront enregistrés dans un compte unique. « Chaque jour travaillé dans sa vie sera pris en compte ». Le taux de cotisation sera proche de la situation actuelle soit de l’ordre de 28% pour les assurés et leurs employeurs, qu’ils soient publics ou privés. Des points seront accordés pour chaque enfant, dès le premier enfant, afin de compenser les impacts sur la carrière des parents, de l’arrivée ou de l’éducation de l’enfant. Des points seront aussi accordés pour prendre en compte les interruptions d’activité liés aux aléas de carrière (chômage, maladie, invalidité, etc.), ainsi que la maternité.

N’hésitez pas à nous écrire pour partager avec les auditeurs de Radio France votre témoignage.


Voici une sélection des messages reçus par la Médiatrice 

Selon Mr Macron, les retraités sont considérés comme des nantis -ben tiens- une lourde charge pour l’État. En creux dans le non dit, des profiteurs spoliant les revenus du travail.
C’est bien vite oublier l’apport des retraités dans la vie sociale et associative mais de cela « on » en parle jamais. Vous savez ceux qui, au milieu anonymement, assurent la cordée afin qu’elle continue à progresser en cohésion.
Je vous fiche mon billet que si les retraités cessaient immédiatement de s’investir dans la vie sociale et associative la France irait très mal car ce serait un coup d’arrêt au fonctionnement de la solidarité intergénérationnelle dans notre Pays. Tous les vieux ne sont pas au rebut dans les maisons de retraites, …Pour ce me concerne en 1963, j’ai commencé à travailler chez les maraichers à 14 ans (âge légale) pour aider mes parents payer mes études de collégien et ainsi pendant toute ma scolarité. Je suis entré dans la vie active à 18 ans. Je n’ai pas honte de toucher une retraite après 42 années de cotisations pleines. Il y a la double sanction que subissent les retraités : la hausse de la CSG + 1,7% sans oublier la précédente de 0,3% déjà l’œuvre de Hollande/Macron soit + 2% de prélèvement en plus. Avec cela la grande majorité des retraités ne seront pas exonérés du paiement de la taxe d’habitation. Autre sujet qui mérite aussi que l’on s’y arrête ( je suis un élu local…. Vous savez ces bénévoles qui assument encore le lien social dans les communes.

 

Depuis plusieurs semaines, j’entends sur vos ondes des témoignages de retraités qui souffrent du prélèvement supplémentaire de la CSG, prélèvement normalement compensé par une réduction de la taxe d’habitation.
Je suis retraitée depuis peu, j’ai une retraite plus élevée (mais vraiment pas beaucoup plus) que la moyenne et je ne possède aucun bien, je suis donc locataire.
Je viens d’avoir l’agréable surprise en lisant mon avis d’imposition de la taxe d’habitation que la première tranche de réduction d’impôt compense la cotisation supplémentaire de la CSG payée sur l’année. Ce qui implique que l’année prochaine, je devrais dégager un pouvoir d’achat non négligeable.
J’aimerais que l’information diffusée sur vos ondes soit mieux expliquée, qu’elle communique des exemples précis et réels afin de ne pas embrouiller les auditeurs sur des informations qui sont souvent tronquées sans avoir été préalablement analysées.

 

Un traitement biaisé du pb du pouvoir d’achat des retraités.Il est mentionné dans une infographie que pour une pension mensuelle de 1700 €, la perte due à l’augmentation de la CSG est de 755 € par an. C’est faux. L’augmentation de la CSG a été de 1,7%, soit 28,90 € par mois pour une pension mensuelle de 1700 €, ce qui fait une perte de seulement 346,80 € par an. Il faudrait d’ailleurs rappeler que cette perte est compensée par la suppression de la taxe d’habitation pour la plupart des retraités (certes pas cette année, mais à partir de 2019).
Le message véhiculé depuis des mois par les médias conduit à mettre dans la tête de l’opinion publique que les retraités sont perdants, alors qu’en réalité c’est plutôt l’inverse (la grande majorité d’entre eux est gagnante). On voit beaucoup de reportages où des retraités se plaignent d’être des vaches à lait : « on a cotisé toute notre vie », « ce n’est pas normal que le gouvernement vienne sans cesse puiser dans nos poches », etc…
Mais personne ne rappelle à ces retraités les bases du système par répartition : ils ont cotisé pour un droit à la retraite, pas pour un montant. Leurs cotisations servaient à payer les pensions des retraités de l’époque ; elles étaient faibles car il y avait beaucoup moins de retraités que d’actifs.
Ce sont les actifs d’aujourd’hui qui paient les retraites d’aujourd’hui, et comme le ratio « actifs/retraités » ne cesse de diminuer, le poids pour les actifs est de plus en plus lourd. Il est normal qu’un effort soit demandé aussi aux retraités. Enfin, concernant le pb du moment sur la revalorisation des retraites (+0,3% au lieu de l’inflation), le message véhiculé est encore une fois de plaindre les retraités. Mais personne pour dire que l’indexation sur l’inflation était un privilège. Je travaille dans le privé, les salaires ne sont pas indexés sur l’inflation. Je n’ai pas été augmenté depuis 3 ans. J’aimerais bien une augmentation régulière de 0,3% par an ! Cordialement

 

Pour certains,  les retraites propriétaires sont des privilégiés et devaient participer à aider les retraites en difficulté. J’ai 48 ans, pas encore à la retraite mais nous avons fait le choix avec mon mari de nous priver pendant 30 ans pour accéder à la propriété pour justement vivre une retraite plus décente sans loyer.
Ces années de remboursement d’emprunt ont été cumulées avec les années de frais de garde pour nos enfants petits tout en travaillant…etc…Nous l’avons assumé et assumons encore. J’estime donc que nous mériterons plus tard un retour sur nos sacrifices plus valorisant que le jugement de certains. Nous avons su et nous avons pu nous donner les moyens d’y parvenir.

 

Je suis choqué par cette formule :  « les retraités n’ont pas d’activité ».
Je suis à la retraite depuis 4 ans j’appartiens à la classe moyenne inférieure et je suis bénévole dans de nombreuses associations (loisirs, social…) dans lesquelles je supplée aux manquements de l’État et des collectivités territoriales. Si on arrive à mettre en place une grève des retraités bénévoles les jeunes ultralibéraux au service des assureurs privés et des banques qui veulent nous forcer à chercher des compléments de retraite par capitalisation changeront-ils leur position?
Cordialement,

 

La retraite des auto-entrepreneurs
L’essentiel, c’est le montant minimum de cotisation pour valider un trimestre. Si la notion a été abordée, aucun exemple n’a été donné. Dans le cas de la prestation de service, l’un des trois status possibles pour un AE, ce montant est d’environ 3.000 € par trimestre. Or, le chiffre d’affaire moyen des AE est à peine supérieur (3.400 €/trimestre en 2016). Cela veut dire qu’un nombre très important d’AE n’atteint pas ce seuil. Ils cotisent, mais ne valident pas leurs trimestres. Autrement dit, je crains que se constitue une importante cohorte de personnes qui découvrira dans quelques années qu’elle devra travailler toute sa vie.

 

On parle souvent des retraités, pour signifier leur charge sur la société et que leur revenus sont plus élevés que les actifs.
D’abord, je n’ai entendu aucune analyse pertinente discriminatoire entre retraités. Les retaités ne sont évidemment pas une « classe homogène. Pas d’analyse non plus sur le pourquoi quand on arrive à la fin de sa vie qu’on a passé à travailler, on peut se retrouver un petit pécule de côté ou propriétaire de son habitation. Je parle des travailleurs et non de celles et ceux qui sont nés « avec une petite cuillère d’argent dans la bouche ». Donc une stigmatisation, encore une pour désigner un bouc-émissaire ? On met tous les retraités dans le même sac pour les désigner responsables des inégalités ?

 

Je suis fonctionnaire, normalienne et enseignante dans l’enseignement supérieur. J’assume ce choix mais diplômée d’un bac+8, je fais un choix de rester dans la fonction publique. Sur l’année, j’ai 1200€ de prime en tout et pour tout. Alors, leur intégration dans ma retraite ne changera pas grand chose ! de plus, les jeunes actuellement en formation ne veulent plus travailler dans l’enseignement supérieur au regard des salaires ridicules pour l »investissement que ce travail nécessite, du nombre de postes en diminution (alors que le nombre d’étudiants augmentent !) des conditions de travail dégradées, je crains que cette reforme des retraites les dissuadent définitivement. Pourquoi se lancer dans un abc+ 8 pour avoir peu de chances d’avoir un poste, qui plus est mal payé, une entrée sur le monde du travail à 30 ans et + des conditions de retraite.

 

Les régimes de retraite pour la fonction publique c’est la CNRACL sous l’égide de la Caisse des Dépôts qui collecte les cotisations et le nombre de cotisants est actuellement de 1.5 cotisants pour 1 retraité et que de plus la CNRACL participe à la solidarité nationale en renflouant d’autres caisses de retraites y compris celle du régime général. Je suis retraitée, je paye des impôts et j’aide aussi mes enfants et petits enfants. Il me semble que je participe déjà bien à la solidarité !!!