Quelle différence existe-t-il entre le fact-checking et le journalisme d’investigation ?
L’essor du fact-checking dans la pratique journalistique amène souvent à se demander s’il peut être assimilé au journalisme d’investigation. Une interrogation logique qui traduit surtout le fait que certains journalistes ont tendance à perdre le réflexe basique de vérifier l’information avant de la publier … La vérification est la base du journalisme
C’est dans ce contexte que franceinfo a créé son agence.
Dans les écoles de journalisme, les étudiants apprennent que « si le reportage montre, l’enquête démontre ». Mais le fact-checking démontre également qu’une information est fausse ou vraie, et en quoi elle est fausse (ou vraie). Le fact-checking est la vérification par les faits d’une information donnée. Cela implique logiquement un exercice de démonstration.
Le fack-checking doit être rapide, l’investigation permet un temps plus long pour l’enquête…
« Toute personne ayant un compte Facebook ou Twitter est un informateur. Alors, certaines déclarations peuvent être fausses ; et même beaucoup de sites d’information ne sont rien d’autres que des sources de polémiques partisanes déguisées en nouvelles. Alors, les gens ont besoin de la vérification des faits pour les aider à naviguer dans nos océans d’informations ».
« le fact-checking vérifie une information ou une déclaration qui est déjà dans le domaine public, quelque chose dite par un homme politique, par exemple. Mais les reportages d’enquête exposent souvent la corruption, des actes répréhensibles qui avaient été cachés au public. « Ainsi, la vérification des faits, bien qu’importante, ne creuse habituellement pas aussi profondément que le journalisme d’investigation »
Les dispositifs mis en place à Radio France :
Créé en 2016, à rebours de la course à l’actualité en continu, ce service interne s’applique à vérifier les sources et les informations des agences et des concurrents pour éviter les erreurs à l’antenne.
« Installée au cœur de France Info avec son équipe, Estelle Cognacq reconnaît, sourire quasi imperceptible aux lèvres, que son travail fait «parfois un peu « ayatollah »». «C’est compliqué de retenir nos journalistes quand la concurrence a déjà donné une information», explique la directrice adjointe de la radio du service public, qui supervise son «agence interne», créée en janvier 2016. Avec une vingtaine d’employés, ce drôle de service, très original dans le paysage français des médias, agit comme un bureau de vérification des faits. Il passe au crible et valide (ou pas) les informations qui tournent ici et là avant qu’elles soient reprises à l’antenne ou mises en ligne sur le site. Estelle Cognacq justifie la démarche sans prendre de gants : «Je ne fais plus confiance aux autres médias.» Même à l’AFP, la grande agence de presse française, qui fournit en nouvelles l’ensemble des médias et que la profession considère comme une référence de fiabilité. » (extrait du journal Libération du 16 novembre 2017)
Un autre exemple de vérification des faits
Sur franceinfo toujours, Antoine Krempf est chargé de démêler le Vrai du Faux
Pourquoi s’en prend-on aujourd’hui à la vérification des faits ? Alors que c’est l’honneur du journaliste de rétablir la réalité et de combattre les mensonges.
« Le problème vient de la défiance envers les journalistes en France, en général, car en dénonçant les mensonges, les contre-vérités, les militants se retrouvent face à leurs croyances, leurs convictions. Vérifier et démonter les informations, c’est le travail du journaliste. »
L’investigation à Radio France
Le fact-checking vérifie une information publique, l’enquête expose des faits cachés ; c’est le rôle de la cellule investigation de Radio France dirigée par Jacques Monin.
Chaque dernier vendredi du mois, l’équipe de Secrets d’Info répond directement aux questions et remarques des auditeurs, envoyées au médiateur à propos des enquêtes diffusées dans le mois. En compagnie de Jacques Monin, Directeur des Enquêtes et de l’Investigations de Radio France, l’équipe pratique le droit de suite de ses reportages hebdomadaires.
« En ce qui concerne le journalisme d’investigation, « qui est actuellement dans une période dorée avec la production de formidables reportages à travers le monde entier », il doit tout de même améliorer la sécurité numérique « pour que les sources, les dénonciateurs et les fuites continuent de se manifester et d’exposer les actes répréhensibles »… »
source : Fact-checking et journalisme d’investigation : quelle différence ?
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