Je pense avoir suivi l’essentiel de la retransmission de la cérémonie en l’honneur de Dominique Bernard à Arras ce matin, et j’aurais un compliment et une critique à l’endroit de votre journaliste. D’abord, merci d’avoir donné la parole à Iannis Roder, l’un des rédacteurs des Territoires perdus de la République, qui a été le seul dans toute cette matinée pleine de belles paroles et de bons sentiments à remettre le sujet dans son contexte et à appeler les choses par leur nom : le problème est celui de l’entrisme islamiste à l’école, dont le poids se fait sentir non seulement sur les professeurs mais aussi sur les élèves eux-mêmes, assignés à leurs origines et à leur religion. D’où ma critique à l’égard de votre journaliste, qui répète à l’envi les mots de terroriste radicalisé sans oser prononcer le mot qui qualifie ce terrorisme : l’islamisme. On n’est plus à l’époque du terrorisme d’extrême gauche des brigades rouges ou d’Action Directe, il s’agit de radicalité is-la-miste, comme l’a très bien dit Othman Nasrou, secrétaire d’État à la Citoyenneté. Alors, mesdames et messieurs les journalistes, faut-il tant de courage pour appeler un chat un chat ?
La retransmission de la cérémonie en hommage à Dominique Bernard donne une image d’unanimité républicaine et laïque vis-à-vis des « attaques contre la laïcité », comme on dit pour ne pas parler de l’entrisme islamiste à l’école. Cette image d’unanimité est trompeuse : aussi bien dans le cas de Samuel Paty que dans celui de l’enseignante de Tourcoing giflée par une élève, un certain nombre de professeurs se sont désolidarisés de leur collègue, certains soutenant carrément l’élève qui a refusé de retirer son voile malgré l’injonction de l’enseignante. Cela est aussi inquiétant que l’activisme islamiste dont on pourrait dire : ce sont « eux », alors qu’apparemment le mal s’est installé parmi « nous », parmi notre propre corps enseignant. Cela mériterait d’être dit et dénoncé.
Au cours des infos de la matinée, votre journaliste, fait le bilan des interrogatoires de l’assassin de Dominique Bernard, et évoque son « petit frère » puis son « grand frère ». Dans le contexte d’une famille de terroristes, cela frise le ridicule. Heureusement, elle nous a épargné son « papa » à propos de son père fiché S expulsé en 2018. Il aurait fallu parler de son frère cadet et de son frère aîné. Deux minutes plus tard, c’est une autre journaliste qui présente les infos de 11h30, et, rebelote, on nous ressert du « petit frère ». Ce vocabulaire chargé d’affectivité et propre à la sphère privée est déplacé à propos d’un terroriste assassin.
Dans un journal du lundi 14 octobre 2024 sur France Culture, j’ai entendu “hommage à l’assassinat de Samuel Paty ».
J’ai été étonné qu’il n’y ait pas eu de rectificatif dans les secondes ou les minutes suivantes… Je me doute bien que la journaliste a l’œil fixé sur la pendule, qu’elle doit débiter tous les sujets prévus… mais n’y a-t-il pas une équipe, des relecteurs ou relectrices, autour d’elle ?
Je trouve qu’une telle formule de « journal » prépare l’antenne à un robot AI….
Je viens d’entendre sur Franceinfo le traitement de l’anniversaire de l’assassinat de Dominique Bernard. Je trouve pour le moins choquant que vous parliez de ce qui s’est passé sans employer les termes « musulman » ou « Islam ». S’il est factuellement juste que le meurtrier était radicalisé, je ne comprends pas pourquoi vous ne voulez pas préciser la radicalisation du tueur. Taire le mal qui gangrène notre pays est contre-productif et empêche la prise de conscience nécessaire pour lutter contre ce mal.
Pourquoi faîtes vous une hiérarchie entre les assassinats de professeurs ? Agnès Lassalle n’est absolument jamais mentionnée sur votre antenne. Sa famille doit être dévastée de ce choix éditorial… Seuls les assassinats faits par des musulmans vous intéressent ?
Un mot sur le traitement de l’information sur Inter en ce moment (mais pas seulement) sur les enseignants victimes du djihadisme, au moment où collèges et lycées commémorent légitimement les assassinats de 2020 et 2023.
Je suis, a minima interloqué, au pire choqué, qu’on « oublie » systématiquement dans les journaux d’Inter le premier enseignant français assassiné en tant qu’enseignant, à la porte de son école, avec 3 enfants (dont les siens). Je parle bien sûr de Jonathan Sandler, de l’attentat de 2012 à l’école Ozar Hatorah à Toulouse (et ce, après l’assassinat par le même terroriste de 3 militaires français …) ! Je n’ignore pas, par ailleurs, que le podcast consacré à Samuel Paty en parle, mais cela suffit-il ? Je suis enseignant d’histoire-géographie et formateur à la retraite. J’aurais bien des choses à dire à ce sujet.
Permettez seulement de formuler une hypothèse. On pourrait commémorer – de manière laïque (sic) – les enseignants assassinés en tant que tels (comme Daesh le revendique depuis longtemps) en France, mais pas s’ils sont juifs, enseignants d’une école privée confessionnelle ?
Je souhaiterais ne pas le croire, mais j’ai un peu de mal.
Merci de votre écoute.