Suite au témoignage d’une israélienne au cours de la cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre, lors du 13-14, les propos de cette personne m’ont fortement choqué : on compatit à sa douleur, mais de dire que les Palestiniens doivent disparaitre et qu’ils sont des « bêtes », donc de les déshumaniser, est inacceptable.

De nombreux auditeurs ont exprimé leur profonde indignation à la suite de propos tenus par une invitée sur France Inter, lors de la cérémonie d’hommage aux victimes du 7 octobre aux Invalides. Lors de l’attaque du Hamas, cette femme a perdu son mari et l’un de ses fils, et a échappé de peu à la mort. Bien qu’ils reconnaissent la légitimité de sa douleur, les auditeurs condamnent fermement ses déclarations déshumanisantes envers les Palestiniens, les qualifiant de « bêtes » et appelant à leur disparition : « Je veux qu’on les efface », dit-elle dans l’entretien, puis quelques instants plus tard : « ils sont des bêtes ». Les auditeurs estiment que de tels témoignages doivent être encadrés avec responsabilité. Ils soulignent l’absence de réaction du journaliste face à de telles affirmations et s’interrogent sur le fait que ces propos aient été diffusés sans être contrebalancés par des analyses d’experts présents lors de l’émission. Certains auditeurs expriment leur solidarité envers Israël et Gaza, et rejettent fermement la promotion de la haine envers toute communauté humaine. En tant que médiatrice des antennes de Radio France, je tiens tout d’abord à exprimer ma compréhension face aux réactions fortes et légitimes formulées par les auditeurs. Les déclarations émises ont clairement suscité une vive émotion au sein de l’auditoire de France Inter et il est essentiel d’en prendre acte. L’intense douleur ressentie par cette femme est tout à fait compréhensible, et il est naturel qu’elle exprime sa détresse et sa colère d’épouse et de mère après les massacres du 7 octobre. Il est aussi fondamental de considérer la profonde indignation des auditeurs face aux déclarations qu’elle a tenues envers les Palestiniens. Ces propos, qui vont à l’encontre des valeurs de respect et de dignité humaine, ne peuvent être tolérés et, j’ajoute que, de telles déclarations sont absolument contraires aux valeurs de Radio France. Les rédactions et les programmes connaissent pleinement la responsabilité éthique qui leur incombent dans la diffusion d’informations et de témoignages. Cet impératif implique de veiller à présenter, avec équilibre, les différents points de vue, en les contextualisant dès que nécessaire, afin de favoriser des prises de parole respectueuses et d’éviter la propagation de discours préjudiciables ou discriminatoires. Comme vous le savez, toutes vos remarques sont transmises quotidiennement aux directions des chaînes et une réflexion approfondie sur la manière dont ces sujets sensibles sont abordés à l’antenne font l’objet de nombreux échanges entre les professionnels de Radio France. L’objectif de la médiation est de promouvoir un dialogue constructif entre les auditeurs et les équipes.
Dès réception de vos messages, Marc Fauvelle, directeur de l’information de France Inter a souhaité vous apporter une réponse, ainsi que Jérôme Cadet, le présentateur du 13/14 qui est revenu sur ce témoignage dès le lendemain de la prise de parole de cette victime du 7 octobre. Emmanuelle Daviet

Chers auditeurs, Chères auditrices, Je comprends parfaitement que les propos tenus par notre invitée aient pu susciter de l’émotion, ou heurter certains d’entre vous. Je précise que ces propos ont été tenus en direct, sur place, quelques minutes seulement après la cérémonie aux Invalides durant laquelle la France venait de rendre hommage aux 42 victimes françaises de l’attaque du 7 octobre, durant laquelle cette femme a perdu son mari, et l’un de ses fils, dans des conditions atroces. Mais rien ne peut justifier, dans aucun cas, de qualifier quiconque de « bête », ni d’appeler à « effacer » un peuple, quel qu’il soit. Ces propos, que la rédaction de France Inter ne cautionne pas, sont contraires à ce que sont nos valeurs journalistiques, ou tout simplement humaines. Marc Fauvelle

“Je prends un instant pour revenir sur notre émission d’hier, c’était une “Emission spéciale”, depuis les Invalides où se déroulait l’hommage aux victimes du 7 octobre. Le témoignage en direct de Sabine Zvili Tasa vous a fait particulièrement réagir. Elle a raconté l’assassinat sous ses yeux de son mari et de l’un de ses fils, puis elle a tenu des propos sur les Palestiniens qui ont choqué certains d’entre vous, si c’est le cas nous nous en excusons. Ce n’est pas l’objet de cette interview qui a été réalisée juste après cette cérémonie. Nous avons simplement considéré qu’il était de notre devoir, de faire entendre la parole des familles dans ce moment d’hommage” Jérôme Cadet

La parole a été donnée ce midi à la femme et mère de victimes israéliennes du 7 octobre. C’est parfaitement normal et légitime. Par contre, la laisser dire qu’il faut effacer les Palestiniens et qu’ils sont des bêtes est extrêmement choquant. Si rien ne justifie le 7 octobre, rien ne justifie non plus ce message de haine. Sa douleur est compréhensible et il est normal qu’elle l’exprime, mais la laisser dire de tels messages haineux sans que l’intervieweur ne réagisse est absolument inadmissible. Si un Palestinien tenait un tel discours dans les mêmes termes, il serait immédiatement repris. J’ai trouvé cette séquence inadmissible.

Je suis de tout cœur avec Israël et Gaza mais quand j’entends cette dame promouvoir la haine envers des humains, ça me met dans un état second. Bien sûr qu’il faut comprendre sa peine mais cette haine je ne la supporte pas et je ne comprends pas qu’elle puisse avoir un discours aussi dur et être sur votre antenne.
On comprend bien le comportement des Israéliens maintenant à travers sa parole, la vengeance.

J’ai été choqué d’entendre sur votre antenne une personne victime des attaques terroristes du Hamas dont je ne nie pas la douleur et l’épreuve abominable qu’elle traverse.
Cependant elle a dit en direct qu’il fallait « effacer » les palestiniens et qu’ils étaient des « bêtes » sans aucune réaction pour reprendre ces propos choquants et dangereux.
J’espère entendre sur votre antenne une prise de distance avec ces propos, une explication de leur caractère violent et de leur dangerosité.

Je trouve inadmissibles les propos tenus par la personne (Sabine) qui vient de témoigner. Le témoignage d’une femme ayant subi ce qu’elle a subi et vivant ce qu’elle vit, ne devrait pas être diffusé sur France inter dans ce format, et sans qu’une suite ne soit donnée. « Je veux qu’on les efface « . Que cette femme pense cela est son droit, qu’il lui soit permis de l’exprimer brutalement sur France inter dans le 13/14 n’est pas normal. Je ne comprends pas que l’animateur ne l’a pas arrêtée, ou qu’il n’a rien ajouté. Ces propos doivent être entendus, car c’est normal et important qu’ils le soient, mais dans une émission où ils seront mis en perspective et contrebalancés par des analyses de spécialistes.
Merci de votre lecture.

J’ai été glacée par les propos de votre invitée Sabine Zvili Tasa durant le 13-14 du 7 février 2024.
La douleur de cette femme est inimaginable et on peut supposer qu’elle est à l’origine des propos terrifiants qu’elle a tenus à l’antenne : « il faut les effacer », « ce sont des bêtes » en parlant des Palestiniens, au milieu d’autre propos extrêmement radicaux.
Etiez-vous au courant des positions extrêmement radicales que cette personne risquait de défendre ? Il a été très difficile, face à cette femme victime d’un attentat odieux, de reprendre ses propos intolérables.
J’ai conscience de l’extrême difficulté du métier de journaliste, surtout en direct. Néanmoins j’ai été fortement choquée par ces propos qui ne m’ont pas semblé être suffisamment recadrés.
Bon courage et merci d’exister !

Fidèle auditrice de France Inter depuis des décennies, je dois vous dire que j’ai été choquée par l’interview de madame Sabine Zvili Tasa.
Je comprends (si on peut comprendre l’insupportable) sa douleur et son désespoir face à l’horreur du sauvage assassinat de son mari et de son fils le 7 octobre.
Je comprends qu’elle puisse éprouver de la haine pour les soldats du Hamas qui ont commis ces abominables actes terroristes et qu’elle l’exprime.
En revanche je me suis sentie révoltée de l’entendre dire son souhait de voir tous les Palestiniens disparaître. Qu’elle puisse le penser, soit, mais qu’elle l’a répété et répété, que cela ait été relayé par France Inter sans aucune controverse m’a choqué. Énormément.
Même si c’était une journée hommage aux 42 victimes françaises, événement qui me semble très important et opportun, il me semble qu’on ne peut pas minimaliser, cautionner, voire oublier les massacres de civils palestiniens commis à Gaza depuis 4 mois.

Bonjour Jérôme et bonjour à toute l’équipe du 13/14.
Un grand merci pour tout le travail fourni, votre présence à l’hommage rendu aux victimes du 7 octobre est indispensable pour nous auditeurs et auditrices partout dans le monde.
Je n’ai pas pu écouter toute l’émission aujourd’hui, mais j’ai bien sûr entendu, entre autres, le témoignage de Sabine Zvili Tasa. Je ne peux pas imaginer sa douleur, celle de ses fils qui ont survécu. Je ne suis pas indifférente à sa douleur ni à son histoire.
Ayant exprimé cela, je tiens à mentionner que Madame Zvili Tasa a employé des mots concernant les Palestiniens qui sont condamnables. Dire que l’on doit effacer les Palestiniens n’arrange rien au conflit qui perdure depuis le siècle dernier. La douleur est dans tous les camps, chez tous les êtres humains, peu importe nos origines et nos croyances. La douleur frappe de la même façon et il y en a beaucoup trop. Beaucoup trop pour que l’on reste les bras croisés à regarder nos frères et sœurs partout dans le monde mourir sans que l’on ne puisse agir, sans que l’amour puisse prendre sa revanche. Nous ne pouvons pas « effacer » quelconque population, cela incite à la haine et à l’intolérance voire, à la violence. Cela ravive des souvenirs atroces car hélas j’ai l’impression que l’Homme répète l’Histoire.
Des mots aujourd’hui, comme les siens pèsent lourd dans mon inconscient, mais je reste lucide et consciente que la haine et la vengeance ne feront jamais revenir nos amours, en revanche l’amour, la tolérance et le pardon nous font grandir, nous feront évoluer et nous aideront à mieux se rassembler.
Aujourd’hui je sais que les paroles que j’ai entendues sont celles d’une femme, d’une mère, d’une citoyenne meurtrie. Mais ces paroles ont une responsabilité, la rediffusion de ces paroles doit également être questionnée.
Que souhaitons-nous pour notre monde ? Quels mots devront nous choisir pour aiguiller et guider les générations futures ?
Je reste aujourd’hui sidérée par ce que j’ai entendu, attristée par ces paroles qui font surgir une douleur ancestrale chez moi.
Cela ne changera peut-être rien de vous écrire ces mots, mais sachez que je ne pouvais pas me taire aujourd’hui après ce que j’ai entendu.
Je vous remercie pour tout votre travail encore et encore. Je vous écoute tous les jours quand mon temps me le permet.
Sur ce, et avec beaucoup d’amour, je pense à tous nos concitoyens et à toutes les personnes qui ont été touchés indirectement ou directement par ces attaques abominables et la guerre qui s’ensuivit à Gaza et qui fait des ravages.