Permettez-moi de m’étonner de la virulence, pour ne pas dire de la méchanceté des critiques exprimées par les participants – et plutôt d’ailleurs les participantes – à votre émission du 21 mai. On pouvait certes avoir quelques à priori négatifs sur l’entreprise – Maïwenn a vingt ans de plus que la Du Barry (mais qui connaît la date de naissance de la comtesse ?), Louis XV est interprété par une star américaine non doublée (ce qui implique un rôle quasiment muet) etc. Mais mépriser à ce point le travail d’une réalisatrice qui a su parfaitement maîtriser un budget pharaonique, mettre en scène de manière somptueuse la cour de Versailles, diriger d’excellents acteurs – dont elle-même, tout à fait surprenante – et des centaines de figurants, alors qu’elle n’avait réalisé jusqu’ici que des films relativement intimistes, n’est pas acceptable. La référence à Guitry évoquée par Jérôme Garcin, je crois, est parfaitement fondée. Rappelons que “Si Versailles m’était conté” (que j’ai hélas l’âge d’avoir vu à sa sortie en 1954) ainsi que d’autres productions de cet auteur ont été longtemps sous-estimées par la critique avant d’être justement réhabilitées par la Nouvelle vague. Eh bien, ce “Jeanne du Barry” n’a pas à rougir de la comparaison. J’ajouterai que les séquences consacrées à l’agonie de louis XV sont d’une très haute tenue cinématographique et absolument poignantes. En résumé, une œuvre qui malgré quelques imperfections fait honneur à la production française et à laquelle on souhaite tout le succès qu’elle mérite.
Cher Masque, la critique du film de Maiwenn était médiocre, dimanche… Il aurait été plus intéressant à mon humble avis de le considérer comme pièce du triptyque « Marie-Antoinette » de S. Coppola, et « Les adieux à la Reine ». Entre une cour jetant ses derniers feux dans le premier et la chute relatée par le film de Jacquot, “Jeanne du Barry” a le mérite de jouer avec finesse sur les deux tableaux, bouffonnerie et classe, grandeur et décadence, aristocratie et roture, bref tout un système voué à l’échec.
Au sujet de Jeanne du Barry de Maïwenn critiqué par Le Masque et la Plume du 21 mai 2023 : au-delà de sa forme esthétique ouvrée (des costumes aux perruques en passant par les décors) dont on retrouve le goût, si “Jeanne du Barry” provoque des réactions épidermiques cela me semble tenir au fait que Maïwenn s’évertue à y prendre à contrepied la doxa moraliste du jour. Une femme du peuple rejoint un monarque absolu qui, par son statut même, se trouve nécessairement à l’écart du monde commun. L’accent même d’un Johnny Depp, bien campé dans son contre-emploi, illustre ingénieusement cette distance grâce à laquelle la fonction royale peut s’exercer. Ce parcours par lequel Jeanne rejoint – par-delà les barrières sociales et l’engoncement moral – son roi, ne peut que froisser le credo féministe actuel. La sororité s’y trouve tout d’abord reléguée au rang des grandes illusions. En effet, cette femme, avec la complicité de son époux-proxénète de papier, se prostitue dans le jeu et la joie. Elle assume, par ailleurs, pleinement son pouvoir sur le plus puissant des hommes que lui confère sa séduction et, comme cela demeure suggéré, sa sexualité. Enfin, cette relation vénale dans la bulle hyper codée de Versailles s’avère être, horresco referens, un authentique amour auquel seule la mort peut mettre un terme. Jeanne n’est donc pas seulement une Pretty Woman plongée dans un XVIIIème siècle libertin mais l’étendard d’une liberté de vivre contre les canons moralistes d’une époque guindée. Cela ne sera pardonné ni à Jeanne, ni à Maïwenn. Rejetée par la Cour, la Comtesse du Barry sera guillotinée (le 8 décembre 1793) par les révolutionnaires !
A chaque fois que je vais voir un film de Maïwenn je crois que je vais détester ça, que son égocentrisme forcené va finir par me sortir par les trous de nez, et elle parvient tout le temps à me retourner. Et encore une fois c’est arrivé, alors que Dieu sait si ici elle fait fort dans le melon vertigineux. Voir dans cette histoire de transfuge de classe, de femme désirable au premier regard, autodidacte, illégitime, incomprise car trop libre, la sienne, c’est quand même génial. Se filmer comme ça, être de tous les plans, c’en est émouvant. En gros ce qui rend cette femme insupportable aux yeux de beaucoup me la rend terriblement sympathique. Et puis franchement je ne me suis pas ennuyé une seconde avec ce film qui ressemble parfois plus esthétiquement à un téléfilm érotique du dimanche soir qu’à « Barry Lyndon », j’ai trouvé cette histoire d’amour craquante car traitée comme du Disney (Coucou « Cendrillon » et India Hair !), et j’ai trouvé la prestation de Johnny Depp surréaliste, mais au bon sens du terme. Il ne semble pas là, pas concerné par le film, ce qui donne à son personnage un côté énigmatique et fascinant. En résumé tout ce que je peux détester habituellement au cinéma Maïwenn me l’a fait aimer. Comme quoi on peut adhérer à « La Mort de Louis XIV » d’Albert Serra ET à « Maïwenn du Barry ». Ça va Maïwenn ? J’ai suffisamment cité ton prénom ?
Que les gens aiment les polémiques ! Sans doute les torts sont partagés aussi bien pour Johnny Depp que pour Maïwenn, mais ne peut-on simplement reconnaître que ce film est bon, le savourer et s’en contenter !
Une précision non négligeable concernant la polémique Johnny Depp à Cannes. Il est très désagréable d’avoir entendu à plusieurs reprises : « il a gagné son procès, il n’a pas été condamné ». La première partie de la phrase est complètement inutile, ne pas être condamné, n’est pas synonyme d’avoir gagné, surtout sur un tel sujet de fonds.
Cher Masque, Chère Plume : « Jeanne du Barry », romance libertine de l’intellectuelle et du brave type (pourtant mal-aimé en son âge mûr) est un film joli-gentil auquel il manque peut-être un je ne sais quoi de complexité. C’est sans doute par pudeur que l’affriolante Maïwenn se garde d’exciter le spectateur avec les chicaneries philosophiques du 18ème siècle. Dommage ! On aurait aimé être émoustillé par Jeanne, lectrice ardente, susurrant à l’oreille d’un aristocrate poudré quelque saillie voltairienne, après qu’un vibrionnant curé se soit enflammé dans un prêche gaillard contre les philosophes, ces coquins licencieux qui devaient bien, parfois, se payer l’indécence d’enfiévrer le marigot versaillais.
Pourquoi tant de haine ? Commencer sa critique par « j’ai une pensée pour Amber Heard… » donne d’emblée le mauvais ton à l’intervention de Camille Nevers, comme si cette pauvre Amber Heard était toute seule en Espagne, et comme si Johnny Depp était un prédateur sexuel tels PPDA, Matzneff ou Weinstein. Pour l’heure aucune autre femme ne s’est plainte de lui, aucune association féministe américaine n’était là au procès, qui faut-il le rappeler, n’est qu’une histoire sordide de fric. Camille Nevers a bien entendu le droit de ne pas aimer ce dernier film de Maïwenn, à condition d’avoir des arguments. Or, ce n’est pas le film que Camille Nevers n’a pas aimé, c’est Maïwenn qu’elle n’aime pas, quoiqu’elle fasse. Cette critique ose même déclarer “d’ailleurs Maïwenn plaît beaucoup aux hommes mais déplaît aux femmes”. Encore une généralité sans fondement. Moi je suis une femme et j’aime le cinéma de Maïwenn ainsi que sa personnalité atypique, Et je ne suis pas la seule, ce qui est impensable pour la bienpensante journaliste de Libé. En France on a la chance d’avoir de nombreuses réalisatrices femmes talentueuses, telles Maïwenn, Valérie Donzelli, Claire Denis et j’en passe. Tout ce qu’elles produisent n’est certes pas du même niveau à chaque film, mais elles se renouvellent. La critique que fait Camille Nevers sur Jeanne du Barry par Maïwenn n’est qu’un déversoir de haine et de mauvaise foi. Ce qui n’est pas très professionnel.
Adieu le Masque ! Auditeur assidu du Masque depuis plus de 30 ans, j’ai arrêté progressivement de vous écouter depuis plusieurs semaines à la suite d’une certaine dérive de l’émission : depuis qu’à la radicalité amusante et à la mauvaise foi des critiques adossées à des conceptions artistiques et/ou techniques ont malheureusement succédé une radicalité et une méchanceté fondées sur des conceptions politiques et idéologiques.
Ainsi l’illustre, lors de la dernière émission, l’intervention de la journaliste dernière venue au Masque et provenant sauf erreur de ma part du journal Libération, sur le film Jeanne du Barry, laquelle, après avoir salué en préambule à sa « tribune » l’ex-compagne de Johnny Depp qui vivrait réfugiée et recluse en Espagne, a développé de manière « masquée » la subtile analyse suivante : Maïwenn ayant fait tourner le méchant Johnny Depp dans son film, le film de Maïwenn est nul !
Ses bafouillis en réponse aux interventions argumentées techniquement et artistiquement des autres critiques ont illustré à merveille son incapacité à livrer une critique d’une œuvre cinématographique, seulement aveuglée par ses convictions idéologiques et politiques, en l’espèce son adhésion apparemment inconditionnelle à l’idéologie totalitaire Meetoo. Alors je ne m’impose plus cela ; et donc, adieu le masque !
J’aurais apprécié que Camille Nevers ne mentionne pas Amber Heard au début de son intervention. Amber Heard n’était pas le sujet, le film de Maïwenn en revanche l’était (entre parenthèses, ni Vanessa Paradis, ni leur fille Lily Rose ne sont montées au créneau pour dénoncer Johnny Depp ; Amber Head ne doit pas être blanche comme neige dans cette affaire). Et puisque Camille Nevers a fait un parallèle entre le personnage que Maïwenn joue à l’écran et Maïwenn l’actrice / réalisatrice, elle aurait pu aussi ajouter que d’un point de vue symbolique, la vérole dont meurt le Roi à la fin du film est symbolique de la disgrâce dont Johnny Depp fait l’objet à Hollywood. Intellectuellement, j’aurais alors trouvé sa critique moins partisane.
Cher Jérôme Garcin, chers critiques-cinéma,
Quelques mots sur ce qui a été dit sur « Jeanne du Barry” de Maïwenn et sur les autres films (et désolé pour le ton, mais ça me fait mal de voir cette si belle émission atteinte par les excès du féminisme de ressentiment qui y sont, hélas, entrés en force et qui prennent souvent le pas sur la critique artistique, ce qui nous vaut quelques soupirs d’irritation de Pierre Murat mais rien de plus) :
La vengeance de Camille Nevers, passionaria-bobo, à l’encontre de Maïwenn, qui a eu l’audace d’engager l’acteur mâle Depp et sa défense, sans rien connaître de l’affaire, d’Amber Heard sont pénibles à entendre…
A deux reprises dans l’émission, Camille Nevers qualifie les hommes de « mecs » et les femmes des films de « personnages féminins émouvants »… Tout ça est pathétique et je suis très étonné que vous, Jérôme Garcin, supportiez ça sans rien dire. MeToo est donc si puissant qu’il puisse exagérer à ce point impunément et nuire à la qualité de l’émission ?
La même Camille Nevers conseille en fin d’émission un film réalisé par une femme (je n’ai, bien sûr rien contre sur le principe), comme lors des 6 dernières émissions où elle était, ce qui, statistiquement est…surprenant. La critique cède alors le pas au militantisme.
Je trouve que cette idéologie pseudo-féministe hystérique et de mauvaise foi envahit désormais trop certaines de vos émissions et je pense que ce niveau d’intervention n’a rien à faire avec une émission comme Le Masque et la Plume, à l’ambition plus élevée selon moi. Ce fut d’ailleurs déjà le cas au masque littérature de la semaine dernière où la mauvaise foi sur le livre d’Ovidie a sévi de même. Ça commence à faire beaucoup ! Je vous adresse donc, pas en tant que mâle mal déconstruit mais en tant qu’auditeur qui aime votre émission et le neuvième art, une protestation officielle, car j’ai mal à mon émission… (je suis conscient que ce propos peut difficilement être lu à l’antenne).
Je vous conserve néanmoins toute ma confiance, ma gratitude et mon admiration pour savoir depuis tant d’années animer cette belle émission.
Cher Masque, je t’écris pour réagir à la « critique » de Camille Nevers. Tu remarqueras que j’ai mis des guillemets au mot critique. En effet, à part : c’est nul et Maïwenn elle se la pète, rien. J’aurais aimé que Madame Nevers qui savait qu’elle allait descendre le film en venant au Masque, ait au moins eu la politesse vis à vis des auditeurs de préparer son intervention. Mais la jalousie aveugle encore, sans doute …
Cher Jerome Garcin, après les critiques non binaires du livres de Frédéric Beigbeder et Ovidie je ne comprends plus rien, je suis triste d’entendre une telle soupe du discours courant au Masque. Et Vlan, rebelote avec Johnny Depp et la critique de je ne sais pas qui est la dame de Libé qui nous parle de la pauvre Amber Head et qui évidemment n’a pas aimé le film puisque le roi Soleil est un mâle blanc patriarcal. Quelle bêtise. J’en peux plus Monsieur Garcin.
En un mot comme en cent, Jeanne du Barry-Maïwenn est dans le camp du mal. A partir de là elle est totalement inaudible, voilà pourquoi « elle ne fait que glousser ». Elémentaire, mon cher Masque, pour ne pas dire rudimentaire ! Mais je n’ai pas besoin de me faire la procureure de la procureure : Camille Nevers se rend elle-même tout aussi inaudible par ses outrances.
Si la critique de Libération, qui a jeté sa haine sur Maïwenn et sur son film pouvait arrêter de parler en même temps que les autres critiques et leur couper la parole pendant tout le temps de l’émission, donc avoir un minimum de savoir vivre. Et être pour les auditeurs beaucoup plus audible. Votre tâche, cher Monsieur Garcin n’est pas toujours facile. J’apprécie votre courtoisie avec vos invités – cinéma, théâtre ou littérature. Le film de Maïwenn est très maîtrisé, passionné, les comédiens remarquables (Benjamin Lavernhe, India Hair, Melvil Poupeau Robin Renucci, Maïwenn et Johnny Depp et les autres.)
Fidèle auditeur du Masque et la Plume, je me suis surpris à fréquemment soupirer d’agacement en vous écoutant ces derniers temps, quand vous discutiez de sujets touchant au féminisme. Pour ne prendre que les deux dernières émissions, j’ai trouvé les intervenants masculins vraiment pas à niveau sur ces questions. Sur le livre d’Ovidie, le sempiternel argument de « tous les hommes ne sont pas sexistes voyons », déjà entendu mille fois pour policer les discours qui dénoncent le patriarcat. Sur Jeanne du Barry, il n’y a guère que Camille Nevers pour rappeler un mot de contexte. Johnny Depp n’a jamais été innocenté des violences présumées sur Amber Heard. Pire encore il attise la haine d’un bon nombre de masculinistes qui se déchaînent sur les réseaux sociaux. Sans parler de Maiwenn le Besco qui agresse des journalistes. Comme si la standing ovation de Depp à Cannes était anodine, n’envoyait pas un message inquiétant aux femmes victimes de violences. Bref je vous trouve parfois un peu complaisants, un peu aveugles aux débats et luttes contemporaines qu’on ne peut pas « dessouder » des œuvres. Et à chaque fois, ce sont les journalistes femmes qui prennent à leur charge de porter un discours un peu construit sur ces sujets dans votre émission. Réveillez-vous ! Sans rancune.
Un immense merci à Camille Nevers de faire porter la voix de nous toutes indignées de voir que le cinéma français protège les agresseurs comme Depardieu ou Johnny Depp et d’avoir rappelé à l’antenne ce qui est étouffé, par Cannes et le système patriarcal du cinéma français. Merci pour toutes ces femmes en espérant qu’enfin un jour elles ne soient plus entendues mais écoutées.