Une sélection de témoignages d’auditeurs, de soignants, des questionnements sur le fonctionnement en cette période de #confinement #Coronavirus.
Notre mère est confinée dans sa chambre depuis trois semaines maintenant, et aujourd’hui, elle se laisse mourir de chagrin. Un cas de Coronavirus est détecté, deux autres sont suspectés. Je ne comprends pourquoi on ne teste pas les résidents de cet EHPAD afin de pouvoir isoler les personnes positives dans un étage et permettre aux autres de pouvoir au moins circuler dans leur étage. Je ne comprends pas non plus pourquoi le personnel n’est pas testé, et enfin je ne comprends pas pourquoi on ne permettrait pas à un visiteur référent, qui serait testé lors de sa visite, de continuer à voir son proche. Que notre pays ait été pris de cours par la gravité de cette maladie ne me surprend pas, mais aujourd’hui cela fait un mois que cela dure, qu’attend-on pour fabriquer des tests en masse (comme ils le font en Allemagne d’ailleurs) et pour tester au moins les gens dans les endroits sensibles ? Ma mère ne mourra pas du Coronavirus, elle mourra de son isolement, parce que nous ne fabriquons pas de tests en France.
Les personnes âgées en perte d’autonomie qui vivent en Ehpad sont confinées depuis le 6 mars. Cette mesure bien que difficile à vivre est bien comprise par les familles. Mais comment vivent nos parents au quotidien ? Vont-ils bien ? Comment supportent ils cette violente coupure ? Impossible de le savoir ! 4 semaines sans nouvelle et sans possibilité de les joindre. Quand on appelle la cadre de santé, il dit simplement que le personnel est débordé. Est-ce une condition humainement acceptable de finir ainsi sa vie ? S’ils ne survivent pas à cette épreuve, vont-ils partir avec l’idée que leurs proches les a abandonnés ?
Limiter le risque et préservé la santé physique des résidents est capital mais pourquoi certains Ehpad n’ont pas organisé dès la première semaine des communications avec les familles. A ce jour, on ne sait même pas s’il y a ou pas des cas dans l’Ehpad. On scrute les informations dans les journaux pour savoir !
Un petit coup de gel ? Dr T. Urgentiste Centre Hospitalier des Vals d’Ardèche 26 mars 2020 16 h : Mon confrère Assan vient me relayer moi et ma fatigue incrustée, le temps que j’avale un bout. Je sors de sous la tente blanche, de sous la sur-blouse, la charlotte, les lunettes, les sur-chaussures, les gants, le masque, pour me retrouver en peau de médecin urgentiste « normal ». Un petit coup de gel (hydroalcoolique)? Depuis maintenant plus de deux semaines, la tente du « plan blanc » (Le plan Blanc d’un établissement de santé est un dispositif permettant de répondre à un afflux de patients ou de victimes en situation d’urgence ou de crise.), les journées sans nuit, les nuits pulsées au rythme des respirateurs, les atteintes en « verre dépoli » du scanner avec le pourcentage verdict, comme un couperet : 80% de poumon atteint. Le patient ne passera pas la nuit. Un petit coup de gel ? « Et où on le met ? ». « Il a quel âge ? ». Le téléphone en permanence, je m’habille, me déshabille. Un petit coup de gel ? Je mange quand c’est possible. Je téléphone pour rassurer, je whatsappe, je facetime… J’allume le silence, la radio, aussi : Coronavirus. Branle-bas de combat et cri d’orfraie : le virus mute. Je profite d’un petit soleil timide pour me poser avec « Don Juan » de Mozart, mis en ligne sur le site de l’Opera de Paris. Belle initiative. Les accords du Commandeur retentissent rapidement. Le Commandeur tombe, blessé à mort et d’un coup, c’est nous tous qui tombons. La sentence vengeresse du Commandeur s’adresse à nous qui jouons au prédateur don juanesque avec la nature, avec les démunis, avec les désignés « boucs émissaires ». Depuis quand ? Que s’est-il passé ? Plus rien ne colle. Que sommes-nous devenus ? Depuis quand avons-nous décidé que les hôpitaux publics devaient être compétitifs ? La rentabilité, la rationalisation des soins, les évaluations, les ratios, les audits… toute une soupe au service du dogme managérial de l’efficacité, valeur cardinale de notre société en général et du néo libéralisme en particulier, à en perdre la tête pour nous faire avaler la pilule : l’hôpital publique est un mauvais élève et les cliniques privées elles sont des modèles de gestion. Le cancre est à genou, dévalorisé socialement et méprisé financièrement : fallait-il le Coronavirus et ses morts pour prouver l’utilité du dernier de la classe ? Nos anciens, depuis plus de deux générations, nous les reléguons dans des maisons de retraite dit EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Ce système est installé et même si certaines voix s’élèvent depuis des années pour dé- noncer leurs conditions de vie, et de fin de vie, nos vieux finissent leurs jours dans des lieux qui ne portent pas leur histoire, entourés au mieux de bienveillance mais toujours trop loin de l’amour des leurs. Aujourd’hui, les morts dans les EHPAD ne figurent pas dans le décompte national. Zone grise des statistiques. Les journalistes annoncent que les résidents des EHPAD seront comptabilisés « plus tard ». Plus tard… nous sommes cette société dans laquelle nos vieux ne « comptent » pas au même titre ou au même rang que les autres. Même morts. Fallait-il aller jusqu’à surseoir le décompte de nos vieux morts ? Afin de les reléguer encore plus loin de nos vies que nous croyons plus vivantes loin de leurs racines ? Les personnes âgées étant extrêmement vulnérables face au Covid-19, les directeurs d’établissement confirment les scénarios les plus sombres : l’épidémie fait des ravages dans les plus de 10 000 structures d’hébergement pour personnes âgées. De toute façon, les tests post mortems ne sont pas faits. Seront-ils même comptabilisés comme des cas avérés plus tard ? Nos vieux ne sont plus hospitalisés. Les appels du personnel soignant des EHPAD au 15 aboutissent invariablement à un refus de prise en charge hospitalière. Nous médecins, nous ne pouvons plus offrir à nos vieux des soins adaptés au prétexte… qu’ils sont vieux. « Il ne faut pas raisonner en termes d’âge pour l’hospitalisation mais en termes de chance de surmonter la maladie », insiste le professeur Claude Jeandel, président du Conseil national professionnel de gériatrie. Pourtant, au Centre Hospitalier de Privas comme ailleurs, nous n’accueillons plus de patients des EHPAD. Et mes confrères du 15 et nous même urgentistes sommes ravagés par l’incurie de notre génération. Sommes-nous la génération de médecins qui auront laissé mourir nos vieux ? Les soignants en nombre insuffisant tentent de sauver des résidents confinés et seuls dans leur chambre. Derrière les portes closes, à l’abri des regards des familles interdites de visite, loin de l’aide hospitalière, se joue une tragédie à huis clos et nos vieux meurent loin des leurs. Leur détresse m’entête et me touche en des lieux sans défense, que la voix profonde du Commandeur débusque sans retour. Qui sommes-nous devenus et pourquoi ? L’hécatombe en cours dans les EPHAD est un coup double pour la Faucheuse : la mort de nos vieux se conjugue avec celle de notre humanité, sacrifiée à l’autel d’une vie exsangue par un travail épuisant et toujours insuffisant, par l’indispensable façade sociale, par les « emmerdes qui volent toujours en escadrilles ». Alors, un petit coup de gel ? Un petit coup de gel à notre frénésie de consommation, de voyage à l’autre bout de la planète, aux industriels de la mal bouffe, au dictat de la productivité, à notre mépris à nos anciens qui avaient la sagesse de garder pour réutiliser, qui savaient les temps et les saisons ? Un coup de gel pour ce monde qui s’est éloigné du vivant, qui ne ressemble en rien à celui que nos parents avaient rêvé et que nous avons de moins en moins envie de léguer à nos enfants ? Et puis allons-y, ne soyons pas frileux : un grand coup de gel pour revoir la copie…
J’ai écouté attentivement l’interview d’un directeur d’EHPAD ce matin par Léa Salamé, je ne suis pas sûr que la situation décrite corresponde à l’ensemble des EHPAD en France. En tout cas, elle ne correspond pas du tout à la situation catastrophique que vit l’EHPAD de Sillingy (74) où réside actuellement mon papa.
En effet il y a de nombreux cas de Covid-19 chez les résidents et à ce jour on compte déjà 14 décès dans cet établissement qui se trouve être tout près du cluster de la Balme de Sillingy. Malgré les efforts et l’important travail fourni par l’ensemble du personnel et de la direction, il semble impossible de freiner la contagion du virus. L’établissement manque cruellement de matériel et surtout de personnel pour répondre à cette crise. Il manque en particulier des infirmiers, des aide-soignants, du personnel de nettoyage spécialisé, des psychologues, des professionnels de l’animation. La réserve sanitaire a été momentanément mobilisée sur cet EHPAD, mais il semble qu’elle ne devrait pas être maintenue.Vous trouverez ci-dessous le message d’appel à l’aide du directeur de l’établissement. Nous n’avons pas vu notre père depuis maintenant près de 6 semaines et sommes très inquiets pour sa santé, il refuse de se nourrir et est très dépressif.
Conscients des difficultés rencontrez par tous les acteurs qui luttent contre cette pandémie, nous avons hélas le sentiment que les EHPAD sont oubliés dans la gestion nationale de cette crise et dans les médias. Merci pour votre compréhension.
Bonjour à toutes et à tous, voici un point sur la situation au 1er avril 2020. Après quelques jours d’accalmie, le virus a repris ses attaques et de nouveaux résidents nous ont quittés, ce qui porte à 14 le nombre de résidents décédés à ce jour.
La situation est terrible pour chacun d’entre nous : résidents, familles, proches et tout le personnel.
Nous continuons notre combat quotidien contre le virus.
Nous souhaitons également renforcer nos actions pour aider les résidents qui subissent de plein fouet votre éloignement et le confinement.
Notre priorité est aujourd’hui de trouver du personnel :
Des soignants : infirmières et aides-soignants.
Du personnel de nettoyage formé à la désinfection.
Des professionnels du « bien-être » et de l’animation sociale : psychologue, thérapeute, professionnel de l’animation pour entourer les résidents.
Nous multiplions la communication : banderoles, affichage municipal avec le plein soutien des mairies de Sillingy et de La Balme de Silligny pour relayer notre message dans les médias et sur les réseaux sociaux.
J’ai conscience de vous relayer ce message un peu tard car il est déjà paru dans certains médias.
C’est hier seulement que nous avons appris que l’équipe de la « réserve sanitaire » ne serait pas renouvelée sur Sillingy. Concernant Cervens (l’autre établissement que je dirige) ce dernier est durement touché avec peu de chance de bénéficier de cette « réserve ».
A ce jour, je constate qu’une quinzaine d’établissements sont impactés en Haute-Savoie (et d’autres suivront malheureusement), je regrette l’absence de communication sur ce sujet.
Dans les médias, tous les regards sont tournés vers les services d’urgences : des hôpitaux de campagnes se construisent, les TGV sont affrétés, des moyens importants sont mobilisés pour nos services d’urgences.
Des vies sont ainsi sauvées mais nous savons aussi avec certitude que les personnes âgées et fragilisées qui vivent dans les EHPAD seront les principales victimes de ce virus. Ils ont besoin que les établissements aient du matériel adapté en quantité suffisante, des renforts de personnel pour continuer à assurer soins quotidiens et l’accompagnement social, le nettoyage intensif nécessaire pour stopper le virus. Les résidents ont besoin d’un soutien physique et psychologique nécessaires pour « rester debout » tout au long de cette épreuve qui s’annonce bien plus longue que prévue.
Nous sollicitons une large mobilisation nationale sur ces différents sujets car nous essayons nous aussi de sauver des vies.
Merci pour le témoignage de ce directeur EHPAD. Ses propos démontrent une grande connaissance de son métier et son humanité envers les personnes âgées et son personnel soignant. Oui ils sont très attentifs envers les uns et autres… je suis moi-même infirmière en EHPAD et entendre ce jeudi matin ce directeur parler de notre quotidien actuel avec autant de clairvoyance, simplicité et émotion a rejoint complètement mes convictions professionnelles et humaines.
Merci pour vos reportages toujours essayant d’être au plus près du terrain et réalité. Prenez soin de vous.
Un grand MERCI pour parler de la situation des Ehpad, mais le cadre de santé invité ne me paraît pas refléter la situation dans tous les Ehpad. En effet si son Ehpad peut offrir trois masques par jour à son personnel et aux résidents malades, dans de trop nombreux Ehpad se contentent depuis lundi dernier d’un seul masque pour toute la journée. Ce sont surtout les témoignages d’infirmières et d’aide-soignantes, de résidents qui sont sur le terrain qui sont réalistes…. Et puis sa position réservée sur la généralisation de tests dans les Ehpad me semble dommageable… En Allemagne, la massification des tests a certainement permis de limiter les cas de Covid 19…. Une idée serait peut-être pour France Inter de faire un tour informatif, réaliste et joyeux des Ehpad, petits et grands pour donner des informations aux familles et montrer le travail quotidien du personnel et SURTOUT redonner à nos personnes âgées leur place dans notre société qui les a cachées et oubliées… indignons-nous et rendons leur dignité… et retrouvons la nôtre…
Le passage sur l’alcool a été très maladroit… Le confinement pas toujours respecté avec les « repas d’amoureux », tous les Ehpad n’ont pas de tablettes pour permettre des connexions avec les familles…
Je vous remercie pour tout ce que vous faites et je vous souhaite une très belle journée à vous et vos équipes, dans ce temps suspendu.
Bonjour, je suis infirmière dans un EHPAD et Voilà bientôt 2 semaines que nos résidents sont confinés dans leur chambres. Et bientôt 3 semaines sans visites extérieures.
Pour le moment aucun cas constaté chez nous.
Nous organisons des activités dans les couloirs afin de les faire participer individuellement (danse, chant, loto…) en période de beau temps toute l’équipe se mobilise pour emmener les résidents dans le jardin en prenant individuellement l’ascenseur.
Évidemment l’unité protégée (Alzheimer) n’est pas en chambre, les résidents ne supporteraient pas, mais la vigilance est bien entendu de mise.
Nous sommes très fières de nos résidents et de notre équipe qui acceptent la situation en la comprenant et en s’adaptant le mieux possible.
J’ai été saisi par la déclaration du ministre de la santé relative aux EHPAD, ordonnant de confiner les pensionnaires dans leurs chambres et de cantonner les soignants dans l’établissement.
Il m’est venu une idée qui pourrait peut-être aider à résoudre cette impossible équation : Chaque année, les images télé du tour de France nous montrent des milliers de camping-cars alignés le long des cols de montagne. Le site de la fédération des campeurs caravaniers et camping-caristes indique que 505 000 de ces véhicules seraient en circulation en France. De facto, compte tenu des mesures de confinement, ils sont tous inutilisés. Il suffirait donc de mettre à disposition des camping-cars autour des EHPAD et partout où du personnel médical a besoin de logement. Si les propriétaires de camping-cars ne font pas spontanément preuve de civisme, il suffit au gouvernement de le réquisitionner à partir du fichier des cartes grises. Il me semble que la situation le justifie amplement.
Voilà, si ma suggestion vous paraît valable, je vous remercie de la faire suivre aux autorités. Infirmière en colère en EPHAD
Bonjour, je m’appelle Nicole et je suis une infirmière d’EPHAD en colère ! J’exerce dans une résidence qui accueille 78 résidents. L’âge moyen est de 80 ans, ce sont toutes des personnes dépendantes que ce soit sur le plan moteur, psychique ou les deux la plupart du temps. Il y a un mois l’ARS est venu « évaluer et noter notre travail ». Des experts en la matière qui en une journée vont décider du budget de la maison pour, tenez vous bien, 5 ans ! Donc d’une année sur l’autre si les résidents qui arrivent sont plus lourds et donc plus chers dans la prise en charge il faudra faire avec la même enveloppe ! Déjà je trouve ça magnifique comme système ! Donc ces gens de l’ARS qui passent une journée dans l’établissement et qui pour la petite histoire ne travaille que sur dossier (aucunes de ces gentilles personnes n’est venue voir résidents ou personnel) nous ont fait leurs recommandations. Ils nous ont dis comment bien travailler et comment nous améliorer malgré la baisse de nos moyens humains et financiers ! J’adore les experts, c’est un véritable bonheur que de suivre leurs directives. Aujourd’hui ces mêmes personnes (qui ne sont toujours pas sur le terrain !) nous encensent, nous demandent de tenir bon, d’être de bon petits soldats et de faire face à plus de 30 ans de restrictions de budget et d’incompétence de leur part. Je suis une vieille infirmière, et je me souviens du mouvement de grève de 1988 : 7 mois de lutte du personnel soignant demandant des moyens pour travailler dans la dignité, une revalorisation de la profession et des salaires. 7 mois à assurer les services et à manifester et rien, rien ou presque n’a été entendu par nos dirigeants. Il y a quelques mois c’était l’ensemble du corps médical qui était dans la rue, des médecins, des professeurs, des chirurgiens, ça ne c’était jamais vu jusqu’alors et qu’ont-ils obtenus à part de la répression. Mr le ministre et tous vous agents de l’ARS regardez l’état de notre système de santé, vous êtes responsables en grande partie de sa dégradation. Aujourd’hui nous devons faire face à une pandémie et nous nous battons en première ligne avec les trois bouts de chandelles que vous nous avez gracieusement laissés. Bien sûr que nous allons travailler, bien sûr qu’aucuns soignants ne va compter ses heures et bien sûr que nous allons nous porter volontaire mais j’ai envie de vous crier que c’est ce qu’on fait depuis des années avec ou sans le Corona. Vous nous mettez en premier plan partout dans les médias mais demain… Je suis en colère de vos mensonges et vos méthodes. Aujourd’hui vous demandez aux ephad (parce que trop de morts) de confiner leurs résidents en chambre. Mais que connaissez-vous des personnes âgées et de leurs besoins ! Déjà 3 semaines qu’elles ne voient plus leurs familles et il y a déjà des incidences sur leurs santés (agressivité, apathie, syndrome de glissement, agitation..) et là vous voudriez qu’on les confine en chambre ! Dites-moi comment je m’y prends pour empêcher André, qui n’a plus sa tête, de déambuler, ou encore Lucette qui nourrit les poules tous les jours pour tenir le coup, ou mieux : comment j’explique à Hubert 90 ans qu’il ne pourra plus monter passer sa journée à l’étage au près de Yolande sa femme depuis 60 ans. De plus expliquez-moi votre logique de lutte contre le corona Messieurs dames de l’ARS. Nos résidents ne sortent plus mais nous nous rentrons chez nous tous les soirs, nous retrouvons nos familles et faisons les courses. Si le covid 19 entre dans l’ephad se sera par les soignants alors à quoi sert de confiner nos patients ? C’est nous qu’il faut confiner Mr le Ministre et pas sur la base du volontariat qui va créer une distorsion dans les équipes non sur la base de qui peut et qui ne peut pas. Nous sommes tous volontaires mais trouvez-nous des logements, et un système pour que ce soit vivable sur la durée ! Nous ne sommes pas de petits soldats, nous sommes des êtres humains et nous demandons de la dignité pour nos personnes âgées et pour nous-mêmes. Nous vivons dans l’angoisse Mr le Ministre, dans l’angoisse de ramener la mort dans nos maisons de retraite, dans nos foyers. Nous dormons mal, nous nous sentons responsables des gens que nous soignons mais connaissez-vous se mot RESPONSABLE. Si nous les isolons nos résidents dans leurs chambres beaucoup d’entre eux vont mourir et ce ne sera pas le corona qu’il faudra mettre en cause mais votre ingérence au sein de la santé depuis trop d’années.
J’ai appris avec stupeur sur votre antenne que des prêtres par exception aux règles de confinement appliquées de manière absolue en Ehpad à tout membre de la famille (même à un seul la représentant) étaient autorisés de visite. Je suppose que par souci d’équité le même privilège est octroyé aux représentants d’autres confessions sûrement moins contaminants que celui des libres penseurs ou de chaque famille.
Pour toutes les familles dont la mienne ayant un proche confiné en Ehpad en s’épargnant tout débat sur les mesures drastiques de l’État laïque d’exceptions, le moindre n’est-il pas d’accorder un droit de visite à un membre de la famille naturellement testé et équipé de toutes les protections ?
Pourquoi le nombre de décès dans les EHPAD n’est pas connu plus rapidement ? En temps normal, les EHPAD ne sont pas tenus de déclarer les décès aux ARS. Ce qui semble déjà une ineptie, au regard des autres établissements de soins ou sociaux, comme par exemple les ESAT. La difficulté à réunir cette information en temps de crise n’est-elle pas symptomatique d’un problème de lien, de communication entre les EHPAD et les ARS ? et plus généralement d’un manque de considération de notre personnel soignant qui s’occupent de nos anciens ? Merci J’espère que vous aborderez ce sujet à l’antenne.
Depuis quelques jours plusieurs de vos invités ont mis à profit leur passage à l’antenne pour remercier le personnel de l’EHPAD dans laquelle est un de leurs proches.
Si cela est possible, je souhaiterais remercier très chaleureusement toute l’équipe de La Vernoline, en particulier l’Unité de Soins longue Durée, à Verneuil d’Avre et d’Iton (27130).
Mon père (97 ans) y réside et son état se dégrade progressivement ces derniers jours en raison de problèmes cardio-respiratoires, le covid 19 n’est responsable que de l’isolement…
Je suis directeur d’EHPAD dans le Vaucluse, j’ai la chance d’être épargné par le COVID 19 et j’ai fait le choix, comme le préconise le comité national d’éthique, de laisser les personnes âgées libres d’aller et venir avec des mesures barrières adaptées probablement grâce à une architecture du bâtiment qui facilite cela. Je suis une peu contrarié d’entendre invariablement les gens venir faire pleurer dans les chaumières et expliquer qu’ils apportent de la joie dans les EHPAD, ils sont tellement incongrus ! Quand est-ce qu’on regardera le potentiel de chaque personne âgée et quand est-ce qu’on va les traiter sans aucune discrimination ? il y a tellement à dire……. Je ne suis pas soignant mais un directeur diplômé par les facs de médecine de REIMS et de psycho de LYON validant des compétences sur les maladies neurodégénératives en plus de mes qualifications de gestionnaire d’EHPAD.
J’écoute quotidiennement la radio (et constamment en ce moment, bien sûr, même pendant que je travaille à distance). J’ai la chance, car je le vis comme une chance, d’avoir pu écouter – écouter – Mr Garcia ce matin. Pouvez-vous lui transmettre mes profonds remerciements pour sa sincérité et sa générosité. Désormais à 9h30 chaque matin et le soir, à 20h, je sais précisément à qui les destiner.
Depuis le début de la crise COVID-19, j’entends sur votre antenne (mais pas seulement) de nombreuses informations au sujet des EHPAD. Je vous rappelle donc la définition de cet acronyme : l’EHPAD est un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Il peut donc accueillir des aînés autonomes ou en perte d’autonomie physique ou psychique, dans un cadre de vie sécurisé. Or, de nombreuses personnes âgées ne sont pas dépendantes, et vivent dans ce que l’on appelait il y a quelques temps des maisons de retraite. C’est le cas de mes parents : ils sont actuellement strictement confinés dans leur appartement, et LA-AUSSI le personnel de l’établissement fait de son mieux pour leur venir en aide (approvisionnement, soins, prises de température, etc). L’usage indifférencié de cet acronyme crée une confusion, dans mon esprit et de nombreux autres, en suggérant que seules les personnes âgées dépendantes se trouvent en situation difficile. Pourriez-vous faire en sorte d’éclaircir ce point à l’antenne, et par la suite éviter cette confusion, afin que le travail acharné de ces personnels encadrants (et non soignants) soit aussi reconnu, par les auditeurs et les services publics) à leur juste valeur ? Merci par avance, et bravo pour la qualité de vos émissions
Ce matin vous avez à nouveau parlé du confinement en chambre dans les Ehpad. J’écoute très souvent, pluri-quotidiennement, France Inter, et jusqu’à présent je n’ai pas encore entendu parler du confinement dans les unités protégées des Ehpad. La question se pose de comment confiner des déments, des grands déments (et des déments déambulant !). Les ARS sous entendent l’utilisation de contention chimique ou physique. Le comité d’éthique renvoie cette décision aux établissements parce qu’il n’y a pas de réponse éthique. Il faut donc que l’Ehpad prenne le moins pire des risques pour le résident, risquer de mourir du Covid ou du confinement. Je ne parierai pas que le confinement fera moins de décès que le Covid, mais on ne pourra pas les compter….
Dans tous les journaux de la rédaction de France Inter et d’ailleurs, nous ne parlons que des EHPAD. J’y pense bien évidemment mais je crois qu’on oublie aussi les Foyers pour Handicapés. Mon frère y est, il a commencé par être confiné dans une unité, puis des cas sont apparus amenant les responsables à les confiner dans leur chambre. C’est la bonne décision bien sûr mais comprenez qu’eux aussi ont droit à nos pensées. Comment peuvent-ils comprendre tout cela ? Plus de visites, plus de téléphone puisque les téléphones passent de chambre en chambre, plus de contact avec les autres résidents, plus d’activités… Ils souffrent ! Et le personnel aussi ! Tous les soirs à 20 h je les associe aux applaudissements mais vous n’en parlez jamais. Merci de le faire dorénavant.
Réécouter les interviews et les reportages réalisés par les antennes autour de la question des EHPAD :
- Laurent Garcia, cadre de santé à l’Ehpad des « Quatre saisons » à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), était l’invité du 7/9 de France Inter jeudi 2 avril. Il raconte la vie quotidienne dans son établissement et comment les résidents vivent, souvent mal, le confinement.
- Les premier chiffres des morts dans les EHPAD donnés sur France Inter dans le Journal de 8h vendredi 3 avril.