Jean-Marc Sauvé, président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE), et Antoine Garapon, membre du CIASE, sont les invités du Grand entretien de France Inter ce 6 octobre
Des messages d’auditeurs à lire ici :

Merci pour la qualité de votre matinale. Je souhaite faire part de mon dégoût, vis-à-vis de l’Eglise catholique.
Le rapport Sauvé nous apprend qu’en France, depuis 1950, entre 2 900 et 3 200 clercs et religieux catholiques ont abusé sexuellement au moins 330 000 victimes. C’est la révélation d’un véritable système de dissimulation. En 2019, le livre “Sodoma : enquête au cœur du Vatican”, de Frédéric Martel, faisait état de l »hypocrisie absolue de la Curie romaine sur l’homosexualité. L’hypocrisie sur les sujets touchant aux mœurs et à la sexualité cache une misère abjecte. Le pire, c’est que cette institution s’arroge le droit de nous faire la leçon sur qui est légitime à faire pour la famille, déployant des moyens considérables contre le mariage pour tous, et continuant à nous fatiguer avec ses positions rétrogrades sur la fin de vie, la procréation médicalement assistée, l’avortement, ou la place des femmes. J’invite les catholiques à un examen de conscience salutaire. Il y a d’autres institutions religieuses moins gangrenées. Et l’excommunication, si vous en perdez la foi.

Votre édito de ce matin 100 % d’accord avec votre édito de ce matin. Mais je pousserais la logique plus loin : l’Église, est-elle l’institution la mieux placée aujourd’hui pour réformer l’Église ? La société et l’État, doivent-ils se contenter d’exiger cette réforme, ou de prendre la main pour la mener ou au moins la superviser ? Je m’étonne de ne pas entendre un observateur poser cette question. Derrière la sincérité affichée du rapport Sauvé, il y a un très joli tour de passe-passe pour que l’Église reste seul maître de son fonctionnement et de sa transformation. Y a-t-il une seule autre institution en France dont on accepterait, après des décennies de déni et des milliers de crimes occultés, qu’elle nous dise « on va se réformer » et que l’État réponde « OK, allez-y » sans se mêler de rien ?
De même, je me demande si la justice va investiguer, au-delà des signalements individuels qui ont l’air de mieux fonctionner, sur le « système Église » et les responsables qui ont orchestré le silence et la dissimulation. Ça me paraît aller de soi, mais qu’est-il prévu exactement ?

Je suis surpris de voir que l’Etat n’a pas une parole comme si ce qui s’est passé est hors de la cité. L’église too big to fail ? N’importe quelle autre association aurait eu son sein autant de crimes, avec le silence complice de sa hiérarchie aurait été dissoute, je me trompe ?

Je suis scandalisée par ce que j’entends : ne pas signaler un pédophile ? Comment l’église peut-elle se situer au-dessus des lois ? En tant qu’ancienne infirmière, la loi stipule que tout secret est levé dans le cas d’une atteinte grave à la protection de l’enfance. 

Je suis travailleur social en protection de l’enfance. Je suis profondément choquée d’entendre sur votre antenne que le secret professionnel, celui des prêtres en l’occurrence, dispense de signaler un cas d’abus sur mineur. Autant que je sache, c’est faux, que ce soit pour des prêtres ou des médecins. Se taire relève de la non-assistance à personne en danger !!

Quelle association, institution, mouvement sportif, survivrait à un scandale de cette ampleur ? Elle serait dissoute et ses responsables écartés et jugés ? Pouvez-vous soumettre cette remarque à votre invité et lui demander si le secret de la confession est pour lui supérieur aux lois de la république ?

Indemnisation de l’église catholique 
Je suis surpris des infos que vous diffusez sur Franceinfo, comme quoi l’église catholique ne pourrait pas indemniser les victimes de pédophilie- En effet dans ma région, l’alsace, les communautés religieuses sont propriétaires de nombreux biens immobiliers et fonciers qui ne servent pas aux lieux de culte. En particulier, les petites sœurs des pauvres, qui sont propriétaires de la plupart des cliniques du secteur strasbourgeois, dont la clinique REHNA, située à proximité de la frontière allemande, l’église par ses communautés religieuses possède des biens fonciers considérables en terrains, forêts etc…chaque personne qui décède en clinique ou à l’hôpital qui ne possède pas de descendants , ses biens sont automatiquement donnés à ses communautés, il en est de même pour les communautés protestantes et cela depuis des siècles. Donc le patrimoine est considérable, il pourrait sinon être vendu, au moins hypothéqué, mais de cela on n’en parle pas sur vos antennes, l’église avance la participation des fidèles, c’est le mauvais angle d’attaque pour régler ces questions. Intéressez-vous au patrimoine, et aux avoirs en bourse, via également des sociétés écrans, car souvent la communauté à créer des sociétés intermédiaires et les biens recueillis passe par une fondation, mais voir les ramifications seraient intéressantes, car pour le cas des cliniques privées strasbourgeoises, elles ont acquis (les communautés religieuses) la totalité des cliniques privées, il n’existe pour le public que l’hôpital civil comme concurrent direct

Je suis scandalisé que ce prêtre assume délibérément se mettre hors-la-loi en préférant la non-dénonciation des crimes au nom d’un secret professionnel.

Ce matin, sur France Info, un représentant de l’Eglise (Monseigneur de Moulins Beaufort) a textuellement dit que le secret de la confession est plus fort que les lois de la République. C’est déjà abject en tant que personne d’entendre ça quand on sait que l’on parle de pédophilie, mais en tant que citoyenne de notre République, cela s’appelle du séparatisme, non ? Merci pour votre émission

Je suis agacé par la présentation des choses. Bien sur les présumés ou avérés coupables doivent être punis ou écartés. Mais il y a pire, selon moi. Il s’agit des prélats ou autres responsables qui ont, sciemment, couvert ces crimes. Ceux-là doivent être punis des plus graves peines, mis au banc de la société. 

Liste des coupables disponibles comme aux Etats-Unis ? Fils, cousin, neveu de plus de 5 suicidés dans ma famille (dont 2 oncles pédophiles) issu d’un petit village breton ou l’église prédominait, je me suis toujours dit que ces malheurs étaient liés à celle-ci. Pensez-vous qu’un jour la liste des prêtres et autres membres coupables de cette « secte » sera publiée ? Ceci permettra, j’en suis sûr à de nombreuses familles de faire la lumière sur tous ces non-dits.

Merci pour votre travail de recherche et votre rapport. Je me sens blessée, trahie par l’Eglise. Comment a-t-elle pu supporter cela ? J’espère avoir des réponses rapides et à la hauteur qui me redonneront confiance dans les institutions.

On parle ici « d’agressions sexuelles » et non pas « d’abus ». On abuse du chocolat, on n’abuse pas des enfants. Les mots ont un sens, les mots sont importants. Merci aux journalistes de France Inter de ne plus parler d’enfants abusés ou d’abus sexuels, mais bien d’agression sexuelle.

J’écoute en dilettante votre émission et quelle stupeur d’entendre votre invité dire que s’il est dépositaire d’une information préoccupante concernant un mineur il ne le signalera pas ! C’est une obligation citoyenne et nul ne peut s’y soustraire. 

Pourquoi tous ces pédophiles ne sont-ils pas jugés par la justice ? Il y a eu des viols et avec des circonstances aggravantes…

Prévenir les auditeurs avant de diffuser des témoignages de personnes abusées…

Je viens d’entendre le début du témoignage d’un auditeur par téléphone qui raconte un abus sexuel. S’il vous plaît, prévenez avant de faire écouter des choses comme ça…Sur les réseaux comme Instagram chaque témoignage violent est précédé d’une alerte, pour qu’on soit prévenu et qu’on ait le choix d’aller plus loin ou pas dans l’écoute ou la lecture. Ces sujets sont importants, perturbateurs, surtout pour les autres victimes, et leur diffusion n’est pas à prendre à la légère. Merci d’avance !

Je suis étonné des réactions à ce rapport.
Les agissements dénoncés aujourd’hui ne sont une surprise que pour les naïfs ou ceux qui ne voulaient pas savoir.
Dès les années « cinquante » ma grand-mère et mes parents m’ont mis en garde contre les curés.

l’Eglise, l’infâme. Depuis Constantin, l’Eglise a abusé des enfants. On connaît le compagnon de Jeanne d’Arc, Gilles de Ray. L’Eglise catholique, en dépit de tous ses efforts sincères ou simulés, est contradictoire avec les principes de la République. Ce n’est pas une question de foi, c’est une question sociale et politique. Justice pour les victimes, les coupables doivent être condamnés par la justice républicaine sans rapport avec l’Eglise que la République ne reconnaît pas.

Responsabilité pénale de l’église en tant que personne morale. Les faits mis en lumière par la CIASE relèvent de qualification pénale. Comment l’église peut-elle échapper à la mise en cause de sa responsabilité pénale, en tant qu’employeur des prêtres, organisateur des activités, propriétaire des locaux, etc. Indissociables des crimes sur des mineurs.

Merci de préciser que ce sont des hommes et non, des adultes en général qui ont abusés les enfants. Le problème se pose dans d’autres religion même avec des hommes mariés ! Le christianisme est dénoncé et tant mieux mais quid des mariages avec des enfants et les viols ? Le problème n’est pas le célibat mais l’absence de femmes aux responsabilités dans les religions où l’homme est tout puissant !

Il est beaucoup question des victimes adultes, voire âgées. Les jeunes victimes ont-elles témoignées.
Qu’en est-il actuellement des agressions ?

Stop. Arrêtez de dire  »abuser », avez-vous vraiment compris qu’il s’agit de violence ??
C’est difficile à dire mais c’est indispensable.

On sait que la pédophilie se perpétue à travers les siècles au sein de l’Eglise…il faut réformer cette institution y changer et y instaurer des REGLES de fonctionnement…gros problème de fond…revoir le mariage des prêtres et la notion du besoin physique de sexualité pour ces hommes…Je précise que je suis agnostique …

Le rapport Sauvé a été rendu à l’initiative de l’église catholique.
Au vu de ses résultats, ne faut-il pas que d’autres institutions qui mettent en contact des adultes en position d’autorité avec des enfants fassent la même démarche : l’éducation publique et privée et le monde du sport notamment ?

Tentative d’explication de ce qui se passe dans la tête de l’autorité qui sait qu’il s’est passé une chose grave et la cache : Je travaille pour les Nations-Unies. En signant son contrat, le fonctionnaire s’engage à ne rien faire qui puisse porter préjudice à son organisation. Certains considèrent que reconnaître une faute publiquement reviendrait à faire du tort à son employeur. Et voilà pourquoi tant de scandales au sein des N-U sont cachés et reconnus seulement sous la pression extérieure.
Peut-on voir une logique semblable dans le silence des responsables religieux « qui savaient » ?

Le traitement que France info a fait de cette atrocité (330 000 agressions sexuelles sur 70 ans) perpétrée par l’Eglise catholique de France me semble bien trop complaisante.  L’accueil sur votre plateau d’un évêque semble inapproprié surtout quand celui-ci se permet de commenter la faisabilité d’une indemnisation financière puis de se servir de cette invitation comme d’une tribune pour évoquer tous les thèmes favoris de son culte : pardon, pénitence, et la sacro-sainte confession au-dessus des lois d’après lui !  Ensuite, France info se focalise uniquement sur les compensations financières (certes mentionnées par le rapport) mais tellement dérisoires par rapport aux sanctions pénales !  Finalement, cette focalise crée un parallèle insoutenable avec la prostitution. Le droit français n’a jamais dit qu’un pédophile devait payer sa victime !!!!  On aurait aimé qu’en tant que service public, vous invitiez des procureurs, le ministre de la Justice, peut-être le défenseur des droits (sur cette thématique) pour envisager les poursuites et les peines individuelles et à l’encontre de l’entité juridique de l’église (dissolution, fermeture de certains diocèses) L’obligation de soin de l’Eglise ne peut-elle pas englober la fin du célibat des prêtres ou une parité homme-femme. Un débat bien plus intéressant que la relativisation dans des statistiques globales de la pédophilie. L’Eglise ne se réformera pas de l’intérieur comme un pédophile n’arrête pas de lui-même de sévir. C’est à nous, la France, de la juger, de la punir, puis si possible de tenter sa réinsertion. 

A lire et à écouter sur nos antennes :

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