Olivier Véran était l’invité du Grand Entretien le 19 janvier sur France Inter. Sélection des réactions et des questions posées par les auditeurs :

J’habite dans le Var. Le centre de vaccination le plus proche est Hyères. Vendredi 15 janvier, jour d’ouverture pour la prise de rendez-vous, entre 8h00 du matin et 17h00, j’ai appelé douze fois le centre sans succès. Le lendemain matin, j’ai un contact avec une opératrice qui m’informe que je devrai rappeler à partir du 25 car il n’y a plus de doses disponibles ni de seringues ! La réalité est cruelle par rapport aux belles paroles données sur un ton décisif par les autorités.

Pourquoi, vraiment, ne pas avoir orienté la vaccination prioritairement vers les étudiants et le personnel en université y compris les enseignants ? L’enjeu est pourtant beaucoup plus important de leur permettre de revenir en cours et reprendre une vie normale. Pourquoi prioriser les vieux si ce n’est que pour éviter l’engorgement des hôpitaux. L’Etat doit être capable de soigner les malades sans sacrifier sa jeunesse.

Quand les femmes enceintes en grossesse à risque pourront-elles se faire vacciner ? Le collège des gynécologues obstétriciens le recommande mais la HAS semble vouloir botter en touche. C’est insupportable pour toutes les femmes dans cette situation qui voudraient bien pouvoir se faire vacciner et ainsi réduire les risques d’une grossesse déjà bien compliquée.

J’ai obtenu pour ma mère un rendez-vous pour la 1ère vaccination, mais impossible de prendre rdv pour la Seconde vaccination vue la galère pour obtenir la 1ere, Puis je être sûre que la 2eme vaccination dans le délai de 3 semaines est garantie ?

J’espère que l’état a prévu la 2eme dose pour tous ceux qui sont déjà vaccinés et qui vont l’être bientôt…

Comment le Ministre pense-t-il faire pour les personnes âgées à domicile et qui ne peuvent pas se déplacer ? Le coût des VSL est prohibitif, c’est souvent même impossible, et il n’existe pas d’équipe mobile de vaccination. Je parle d’une situation vécue pour une personne âgée de 95 ans maintenue à domicile et qui ne peut se déplacer.

Et que faites-vous pour tous les habitants âgés et nombreux des campagnes, loin des grandes villes où sont les centres de vaccination ?

J’ai attentivement écouté la dernière conférence de presse du gouvernement et tout avait été annoncé, anticipé y compris les retards, le manque de doses. Bravo pour la patience et la ténacité de ce gouvernement à continuer à avancer pour nous tous dans une telle adversité…

A la question « Pourquoi la vaccination ne sera pas synonyme de retour à la vie normale dans les Ehpad » vous répondez habituellement « Nous n’avons pas encore déterminé si oui ou non le vaccin protégeait du risque de contamination ». Quel est le rapport entre la réponse donnée et la question posée ?? Nous sommes tous des contaminants ou contaminés potentiels, et nous ne sommes pas enfermés : pourquoi continuer à enfermer les « anciens » sous ce prétexte, à partir du moment où tout un EHPAD est vacciné (tous ceux qui l’ont accepté) ? Ceux qui ont refusé doivent assumer leur choix mortifère

Des souhaits de maintenir plus de liens avec nos aînés en ephad ont été prononcés avant le second confinement par Mr le Président. Malheureusement sur le terrain ce n‘est pas le cas : ma grand-mère a attrapé le Covid en ephad, elle s‘en remet très difficilement, après plus de 6 semaines de nouvel isolement et des tentatives d’appels tous les jours j‘ai pu avoir une “conversation“ avec elle malheureusement l’isolement a fortement dégradé son état mental. Elle me dit avoir peur de mourir seul. Que pouvons-nous faire pour ne pas laisser nos aînés autant isolé depuis le premier confinement ? Nous n‘entendons plus rien à ce sujet et les communications des ephad changent sans arrêt.

Je sais que les jeunes ne votent pas, mais pourquoi les avoir traités comme ça ? Même les personnes âgées en EHPAD peuvent voir des gens en confinement mais pas les étudiants qui habitent seul dans 9m2. On n’a pas arrêté de dire que les jeunes diffusent le virus que même ma mamie n’a plus voulu nous voir à Noël. Vous n’avez pas honte, sachant que la cause de tous ces confinements c’est que vous avez tellement déstructuré le système de santé qu’il n’y a ni assez de médecins ni assez de lit ?

Monsieur Véran, les supermarchés sont ouverts et les gens touchent tout, les trains circulent sans distance entre les passagers, les écoles sont ouvertes. Alors pouvez-vous nous expliquer scientifiquement pourquoi nos ERP (établissement recevant du public) culturels sont sous le coup de fermetures administratives depuis fin octobre et n’ouvrent pas selon les mêmes conditions que les autres. Pour rappel, dans un cinéma, un théâtre, le public est assis un siège sur deux. Pour rappel également, le « brassage » généré semble moins important qu’une gare. De plus, il n’existe que 6 villes avec des métros. Dans les autres, à priori les spectateurs viennent avec leurs moyens de locomotions propres, se garent, et sont pris en charge par des protocoles strictes pour rentrer, s’assoir et repartir. Avec tous ces éléments, merci de commenter vos choix, les justifier, et garantir la réouverture de ces lieux avec tous les ERP similaires.

A l’attention de Mr Olivier Véran, Ministre de la Santé Copie à Mr Emmanuel Macron, Président de la République Monsieur le Ministre, Je suis médecin psychiatre, j’aurai dans quelques jours 47 ans, et malgré mon souhait de me faire vacciner contre la COVID 19, je ne suis pas éligible à la vaccination selon les critères que vous avez mis en place car « trop jeune » ou ne présentant pas de facteurs de risques. Je travaille dans un centre de santé et en libéral dans un cabinet auprès d’adolescents et d’adultes. Comme tout le monde je subis la pandémie, peut-être un peu mieux car j’ai la chance de travailler, peut-être un peu moins bien car l’état psychologique et psychiatrique de mes patients s’est considérablement dégradé ces dernières semaines. Beaucoup d’entre eux, en particulier les jeunes étudiants, mais pas seulement, présentent des idées suicidaires. L’équilibre est fragile, le travail minutieux et périlleux, chaque mot compte pour que l’irréparable ne se produise pas. Ce travail de soin est coûteux en temps, même si la psychiatrie ne facture pas des actes techniques. Les services hospitaliers psychiatriques sont débordés, les hospitalisations difficiles, l’accès aux soins parfois impossible. Je suis mère de trois enfants adolescents, chanceux de pouvoir être scolarisés dont deux sont étudiants en lycée. Je ne suis donc pas à risque de forme grave, encore que mon âge se rapproche dangereusement de cette limite fixée (et que vos spots « publicitaires » gouvernementaux ont mis aussi en garde les jeunes d’une possible forme grave de la maladie), et j’ai des collègues de mon âge qui se sont retrouvés en réanimation sans facteur de risque . Cependant, je suis à fort risque de contamination. En particulier avec ce variant, plus contagieux, y compris auprès des enfants et adolescents. J’ai travaillé durant tout le premier confinement, jours fériés compris, j’ai renoncé à mes congés, idem pour le deuxième, j’en ferai de même pour le troisième à venir. La médecine libérale à cet égard n’a jamais été remerciée (aucune prime) pour sa participation à l’effort collectif. Si je tombe malade cette fois-ci, ce que je ne souhaite pas mais devient fort probable malgré toutes les précautions, c’est autant de malades à risque suicidaire ainsi que tous les autres en train de basculer que je laisse sur le carreau. Au mieux une dizaine de jours si je ne fais pas de forme grave, au pire beaucoup plus longtemps si mon état est sévère. C’est donc une rupture de soins pour ces patients. Des patients qui pourraient se rendre aux urgences, elles mêmes débordées, d’autres qui pourraient passer à l’acte faute de soins , sans parler de la détresse infligée supplémentaire. Et il ne faut bien évidemment pas imaginer que , durant mon absence, je pourrais adresser les patients à mes confrères qui croulent sous le tsunami de nouvelles demandes auxquelles ils ne peuvent plus répondre, ni aux CMP dont les listes d’attente sont régulièrement d’un an maintenant. Dans une période particulièrement compliquée, où la population française est vulnérable, choisir de ne pas protéger les soignants qui le souhaitent, c’est faire le choix de ne pas les protéger eux-mêmes de la maladie ( donc leur faire courir un risque) et de ne pas protéger leur travail de soin, plus indispensable aujourd’hui que jamais. Je n’ose pas imaginer ce que ce choix doit produire chez les soignants des hôpitaux….dont vous avez clamé le courage. Un personnel souvent jeune. Un courage non protégé par les instances gouvernementales. Je vous laisse apprécier les conséquences dramatiques de votre choix tant sur la capacité de soin des soignants ( hôpital, libéral) que sur leur moral, ainsi que le risque que ces personnes encourent, et vous demande donc urgemment de laisser la possibilité à tous les soignants qui le souhaitent de se faire vacciner. Veuillez croire, Monsieur le Ministre à l’assurance de mes sentiments distingués.

Olivier Véran a le mot juste et ses explications sont en ligne avec le fait que beaucoup de Français ne se rendent pas comptent en se plaignant qu’ils sont de vieux enfants gâtés qu’il ne faut pas infantiliser certes, mais inconsciemment ne demandent que ça. De plus les arcanes de l’industrie sont un mélange de génie et de mercantilisme que les gens comparent à l’épicerie au coin de la rue ou à la station-service.

Les dernières informations portées par votre antenne (et les autres …) – mais je suis fidèle aux différentes antennes de Radio France qui me proposent chacune à différents moments de la journée des réponses à mes besoins d’informations, de divertissement, de culture et de réflexion – traitant de la campagne de vaccination semblent n’être qu’un portevoix d’une communication voire une propagande de notre gouvernement. J’entendais ce matin qu’il fallait se rendre sur le site de Doctolib pour prendre rendez-vous dans un des centres de vaccination autour de chez soi. Qu’à cela ne tienne, direction Doctolib. Aucun rendez-vous possible. Ensuite, je suis également informé que 140 000 des vaccins attendus ne seront pas finalement livrés cette semaine. Enfin, j’apprends que, laissant entendre que cette carence hebdomadaire pourrait en être responsable, l’approvisionnement en vaccins permettant de vacciner 6 millions de personnes sera effectif à la fin du premier trimestre. Bref en résumant ce fil d’info, après une visite sur le site de Doctolib, Je me rends compte qu’il est impossible de prendre un rendez-vous pour se faire vacciner, que nous allons dans l’immédiat manquer de vaccins et que la tournée générale aura lieu dans presque 2 mois et demi. Que pensez d’une rédaction qui dès la première info ne va pas tester un petit rendez-vous sur Doctolib … le résultat de cette démarche aurait certainement pu pondérer l’ensemble des communications ci-dessus. Non ? Pour conclure, on est aussi en droit de se poser la question sur la pertinence pour les pouvoirs publics de s’appuyer sur le Uber du rendez-vous médical pour un chaos sanitaire planétaire plutôt que de proposer un vrai service public de gestion des citoyens pour orchestrer cette campagne essentielle (pas comme la culture) de vaccination. Je ne vous abandonnerai pas pour autant car comme exprimé dans mon préambule j’aime vos radios. Je vous livre les vœux d’un ami qui m’offre l’opportunité de ne pas avoir à chercher mes mots pour présenter les miens à toutes vos équipes : « Le décalage entre nos vœux d’il y a un an et la réalité qui a suivi doit nous inciter à la prudence et à la modestie. Alors : BONNE JOURNÉE À TOUS !!! Après, on verra … »