Difficile d’informer sereinement quand l’information est un sujet très sensible pour de nombreux auditeurs. C’est de nouveau le cas avec les violences entre Israéliens et Palestiniens. Le médiateur reçoit de nombreux messages :

contestant la présentation de faits et leurs explications : « Les seuls violents mentionnés par vos journalistes sont les Palestiniens, les seules victimes existantes sont les Israéliens ».

jugeant que le journaliste a délibérément « oublié » tel aspect de l’événement ou qu’il a exagéré telle violence : « Les Palestiniens sont présentés comme des sauvages attaquant au couteau, alors que les Israéliens n’en seraient que les victimes » OU, au contraire, «  Vous omettez les raisons pour lesquelles ce Palestinien a été tué, en ne parlant que vaguement des victimes israéliennes »

estimant que nous n’avons pas rappelé toute la partie historique : « Vous vous intéressez à ce mouvement de violence actuel, mais, sur place, c’est tous les jours et, depuis des années, qu’il y a des attentats ».

Bref, nous sommes pour les uns des « suppôts d’un état colonisateur et terroriste » et pour les autres les « soutiens de terroristes », voire des « propagandistes antisémites ».  

Evidemment, un journaliste n’est pas infaillible et, parfois, dans la complexité d’un événement, il peut commettre des erreurs d’interprétation ou de jugement. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’il relate l’événement le mieux possible, tel qu’il s’est produit. Et si une agression au couteau vient d’être commise, il va donner l’information, mais sans rappeler tout le contexte historique, notamment si c’est dans un flash ou une « brève ». Idem si un policier a tiré sur un agresseur.

La difficulté pour les journalistes est souvent l’écoute « sélective » des auditeurs.
Le médiateur le vérifie quotidiennement dans les messages reçus : les auditeurs pro-palestiniens vont avoir l’impression de n’entendre que des propos en faveur d’Israël et les auditeurs pro-israéliens seront persuadés que leur radio défend la cause palestinienne. Reçu ce jour : « L’approche pro-palestinienne de votre antenne n’est plus à prouver » ET « Pas de blessés, pas de morts chez les Palestiniens ? Vous faites de la propagande, et non du journalisme ».

Ce qui montre que, dans la difficulté du contexte géopolitique au Proche-Orient, les journalistes essaient de faire de leur mieux pour informer sans manichéisme ni position partisane. A l’époque de l’opération « plomb durci » (2008-2009) menée par l’armée israélienne contre la bande de Gaza, les grands reporteurs qui couvraient les événements et relataient honnêtement ce qu’ils voyaient étaient accusés de soutenir le Hamas. Aujourd’hui, évoquer les agressions au couteau contre des Israéliens reviendrait à être du côté d’Israël.

Les journalistes racontent l’actualité, ils ne la décident pas… Et si, un jour, un événement ne va pas dans le sens souhaité par l’auditeur « partisan », le journaliste n’y est vraiment pour rien.
Pour conclure, les journalistes ne sont – professionnellement – ni pro-palestiniens ni pro-israéliens… Mais ce n’est jamais facile de le faire entendre.

Bruno DENAES

Médiateur des antennes.