Cher Covid, alias Coronavirus, ou coro de ton petit nom….
Cet après-midi, tu m’as fait pleurer.
Pas de tristesse non. D’un trop plein d’émotions, on va dire.
Je suis sortie prendre le soleil sur ma terrasse, et tout en sirotant mon café, j’observais mon petit Pierre pieds nus et en slip dans le jardin, en train d’arroser l’herbe, et ses pieds (et ses jambes, et ses bras et…)
C’est interdit d’utiliser le jet d’eau sans demander la permission à papa ou maman, mais ce petit bonhomme a pris l’habitude de se débrouiller pas mal tout seul, depuis que tu es entré dans nos vies, mon cher Covid.
Tu es entré plutôt doucement, tu sais, comme un « copain » qui arrive sur la pointe des pieds et qui, une fois qu’il a vu tes failles et tes faiblesses va devenir envahissant et bien lourdingue.
Et donc j’observais Pierre devenir de plus en plus mouillé (et ravi) et puis j’ai entendu ce petit oiseau, qui vient déjà me réveiller le matin et j’ai vu notre jeune frêne qui pour la première fois de sa vie sortait des bourgeons…et j’ai senti l’odeur du lilas….c’était tellement bon magnifique. Alors les larmes ont coulé.
Je t’ai été reconnaissante de me laisser jouir de tout ça.
J’ai décidé de te faire une petite place, je ne suis pas en guerre contre toi, tu le sais, je te l’ai déjà dit. Tu fais ton boulot de virus, mais tu t’en vas après.
Quand tu m’as fait un peu manquer d’air il y a quelques jours et que mon cher et tendre voulait appeler le SAMU, j’ai pleuré, parce que je ne voulais pas que ces hommes en combinaison blanche qu’on voit à la télé m’emmènent pour une destination inconnue.
Et puis je me suis souvenue que je n’avais pas les jambes épilées, et que ma culotte était moche. Et comme ma grand-mère me disait tout le temps, et que ma maman me rappelle régulièrement, on doit toujours avoir des sous vêtements convenables au cas où on ait un accident et que les pompiers t’emmènent.
Alors je t’ai dit que ça n’était pas le moment, et tu m’as rendu un peu de souffle. Tu peux pas savoir comme mes gosses étaient soulagés. Ils ont recommencé leurs trucs de gosses, pendant que moi je prenais toutes les 2 minutes mes constantes…ni bonnes ni mauvaises. Et puis…de jour en jour…plutôt pas trop mauvaises. Pas encore très bonnes.
Jour 21 quand même…tu as laissé les enfants et FX tranquilles au 14ème jour, et je te remercie pour ça.
On coopère assez bien, finalement.
Tous les matins je te remercie quand je me réveille et que je prends une plutôt grande inspiration.
Je sens que tu vas bientôt me rendre ma liberté.
Evidemment je suis en colère après toi pour tous ceux que tu arraches brutalement à la vie. Après, comme tu m’as dit, tu n’es pas le seul responsable, et je suis d’accord avec toi. Toi tu n’es qu’un virus. Et ça n’est pas ta faute si des hommes ont jugé que certains domaines financiers valaient plus que la vie d’Humains. Et ce n’est pas ta faute si des abrutis finis ne respectent pas du tout les gestes barrières par bêtise ou par égoïsme.
Je suis un peu lasse, tu sais…non pas de la douleur que tu provoques dans ma cage thoracique mais plutôt de cette inquiétude et de cette incertitude silencieuse.
Cher Covid….tu peux partir, j’ai compris beaucoup de choses ; je sais à présent apprécier la valeur de chaque instant.
Et je dois maintenant combattre au côté des soignants et des petits métiers qui nous permettent de vivre et qui souffrent.
On n’oubliera pas, et on sera avec eux. Pour toujours.
On va se battre.
Merci de me rendre tout mon air assez rapidement, il est temps pour toi de repartir en laissant les humains plus humbles et plus patients.
Cher Covid, ne le prends pas mal, mais tu ne me manqueras pas.
Anne-Laure
PRENEZ SOIN DE VOUS
MERCI D’ÊTRE À MES CÔTÉS, VOUS ÊTES MA FORCE.

Ma fille me manque.
Je l’entends toute la journée.

Le matin, je me réveille quelques secondes avant toi. Systématiquement.
Ce lien animal, cet état de veille instinctif qui s’active dès que le bébé a besoin est toujours en moi. Je ne le ressentais plus mais face à cette privation il me déchire les entrailles.

Je t’aime tellement fort.
Je t’entends pleurer ou appeler et figer je ne peux plus bouger.
Aux aguets j’attends. J’ai peur que personne d’autre n’entendent. Que tu te sentes seule, abandonnée.
Alors vite je me jette sur mon téléphone pour écrire à ton père. “Viens s’il te plait elle pleure !” “Elle est réveillée elle appelle !”
Nous avons pris cette décision pour te protéger. Toi et les autres. Mais qu’est ce que c’est dur.
Les murs sont comme du papier à cigarette. Mes oreilles torturent mon corps.
Quand tu ris je suis contente, soulagée. Un poids s’envole dans ma poitrine et je peux enfin me relâcher, faire autre chose qu’écouter.

La ville te manque. Tu répètes “On y va. On y va !” Tu parles du manège, du toboggan.
Je te promets 1000 tours même si d’habitude au bout de 2 je manque de tourner de l’oeil. C’est vraiment un truc d’enfant les manèges.

J’essaye de disparaître. Je suis le fantôme de la pièce du fond.
Un fantôme très propre. Il faut se laver, se relaver de la tête aux pieds. Changer de vêtements, les laver même porté une fois. Se laver les dents, cracher puis nettoyer le lavabo à la javel. J’ai retouché le robinet… repasser de la javel. Ne rien laisser traîner, ne laisser aucune trace si ce n’est celle de l’odeur de la lingette désinfectante sur les poignées de porte.
Manger ou boire j attends. J’oublie mes besoins, la priorité c’est que tu ne me vois pas. Je ne suis pas là. Car quand j’étais là sans être là. Sans pouvoir vraiment te toucher. Tu n’as pas compris et tes pleurs ont déchiré mon coeur. J’ai fait le choix de te préserver en me cachant.
Je joue à cache cache avec toi mais tu ne sais pas que je me cache. Il n’y a qu’un joueur dans cette triste version.
J’essaye de disparaître, de me dissocier de la maison.
La nuit quand tout le monde dort je me risque à franchir la barrière invisible du couloir. Je jette un oeil, je n’allume surtout pas les lumières. Je respire enfin un petit peu.

En attendant que le jour se lève
Je dépeins ici –
Peindre un monde,
où les interactions entre les hommes sont souvent violentes,
où les échanges de choses s’intensifient,
où les distances sont réduites à des coûts,
où les guerres, le climat, les épidémies font bouger les groupes,
où certains territoires sont préservés,
où les autres souffrent.

Un futur proche qui fait peur,
dont on a du mal à deviner les desseins,
par manque de conscience collective,
par peur du changement,
par incapacité à faire bouger la grosse machine,
par crainte d’une évolution trop violente des pratiques,
par une absence d’engagement.

Je dépeins ici –
Peindre la condition humaine,
nous sommes des corps isolés,
nous cherchons à créer des ponts entre nous,
mais nous sommes tous des îles,
des îles désertes,
qui ne rêvent que d’une chose,
se faire fouler, se faire piétiner,
se faire violenter par le plus de monde possible.

Des esprits égarés,
nous nous sommes fait tromper,
par un monde qui nous a détourné,
de ce qui est bon et juste,
aveuglés,
nous avons tous fait exprès d’oublier,
le temps d’une vie,
que nos actions ont un impact sur l’après,
un après qui ne nous appartient pas,
un après dont nous sommes les garants.

Je dépeins ici –
Peindre un moi,
égoïste que je suis,
je préfère jouir,
là maintenant tout de suite,
de tout,
j’ai mis de côté demain,
pour me soumettre aux diktats des marchés financiers, de la mondialisation, de la libre-circulation, une aspiration insatiable à la croissance,
voir croitre,
plus, encore de tout.
J’ai faim,
ensemble,
il faut dévorer,
faire de la place à l’intérieur pour engloutir encore,
faire rentrer jusqu’à ce qu’on ne puisse plus,
me bourrer jusqu’à étouffement.

Je projette ici – Jeter les contours d’une révolte,
cri de la jeunesse,
celle qui a envie de créer,
celle qui voit se profiler tout un tas de possibilités,
celle qui a soif d’engagement,
un engagement du corps et de l’esprit,
Une révolte,
qui fait le choix de l’action,
ne pas être passif,
de crainte de rester bloqué,
là où l’on ne veut pas être,
là où l’on a pas choisi d’appartenir.

Je projette ici –
Jeter les bienfaits d’une agitation,
que je veux croire salvatrice,
un corps qui parle,
pour déplacer ses limites,
pour aller toujours plus loin,
vers des contrées encore inexplorées.
Les limites,
elles sont dans la tête,
elles apparaissent au moment où l’esprit ne suit plus,
au moment où tu l’autorise à ne plus suivre,
pour avancer,
il faut s’impliquer physiquement,
faire gonfler les veines,
voir le sang irriguer partout,
sentir la peau tirée,
jusqu’à ce que ce soit tendu,
jusqu’à ce que cela puisse exploser,
du sang tout partout,
s’arrêter juste avant,
cette fois-ci.

Je projette ici –
Jeter les bases d’une histoire d’amour,
entre toi, moi, lui, elle, et peut être lui aussi,
nous donner envie,
partager nos idées,
façonner nos rêves,
sculpter des projets pour demain,
ceux qui nous animeront, vraiment.
Jeter les bases d’une histoire d’amour,
de celles qui sont rares et peuvent paraître impossibles,
celles qui naissent dans l’exceptionnel.

Née à Paris de parents d’origine chinoise, je vous soumets une lettre en forme de fable sur le confinement et, très indirectement, sur la suspicion que les media ou les politiques éprouvent à l’égard des chinois. Alors voici, ma lettre adressée aux humains, écrite par l’animal de votre choix que vous voudrez bien imaginer…

Lettre aux habitants de la terre :

Chers habitants de la Terre,
Les premières hirondelles sont arrivées ce matin dans la clarté du ciel d’avril.
Je suis désormais libre d’éprouver ma neuve audace, de sortir de mon bosquet, de m’aventurer sur l’asphalte alors que vous voilà cloitrés entre vos murs somptueux ou misérables, tapis dans une pièce aveugle ou couchés derrière une simple palissade, prisonniers de vos cours et de vos jardins, de vos interrogations innombrables.
Je suis plus innocent que vous, moins tourmenté. Je ne me demande pas trop de quelle couleur sera le monde quand le confinement prendra fin. Mon cerveau est certainement plus modeste que le vôtre mais je ne suis pas naïf. La nature n’est pas si mal faite. Si l’un de mes sens s’avère défaillant, si je n’ai pas la chance d’avoir l’œil d’un aigle, je peux toujours bénéficier de la finesse de mon ouïe ou de l’odorat développé d’un chien. Mon instinct et mes antennes me permettent de sentir le moment propice, de pressentir et de frémir à l’approche des catastrophes imminentes. Je peux à la fois fuir, attendre, être animé d’espoirs insensés et croire, comme certains d’entre vous, que le temps de la réconciliation entre tous les êtres vivants est peut-être venu.
Derrière la vitre à contempler le dehors d’où vous avez disparu, je vous vois soudain surpris de constater, pas si loin, mon apparition sur le trottoir. Vous êtes aussi mon paysage, le mystère tressaillant à peine voilé par un rideau. Je vous observe. Vous ressemblez à un grand dadais. Je me marre. Mais ça, vous ne le savez pas. Hier, au détour de la courte promenade qui vous est autorisée, vous vous êtes arrêtés net pour écouter le chant d’un oiseau dont vous ignorez le nom. Vous avez vu le scintillement des dauphins dans le port sarde de Cagliari, vous avez aperçu le dos des rorquals, majestueux, surgir des eaux dans les calanques. Ailleurs, dans le pays de Galles, renonçant à votre rage, vous avez sorti votre smart phone et filmé les chèvres sauvages qui ont grimpé sur les murets de votre jardinet pour croquer allègrement les feuilles de vos haies si amoureusement taillées. Je ne suis pas naïf, je vous l’ai dit. Le spectacle de vos balcons n’est pas toujours enchanteur comme ici, à Lopburi en Thaïlande où médusés, terrifiés, vous avez assisté au déchirement sanglant d’une horde de singes autour d’un bout de banane sur la chaussée.
D’autres espèces que la mienne, à l’instar des animaux de la ferme de George Orwell, ont décrété que l’homme est un ennemi. Même si la croyance m’est étrangère, je ne crois pas qu’ils ont raison. Nous ne sommes pas meilleurs que vous. Nous sommes aussi mus par l’intelligence, la bêtise et la vanité des créatures qui peuplent les fables de la Fontaine. Nous pouvons être à la fois la proie et le prédateur. Mais avouez, tout de même, que notre cruauté est rarement gratuite et qu’elle est moins sophistiquée que la vôtre. Jamais ne nous viendrait l’idée de tronçonner la défense d’un éléphant ou de transformer les écailles d’un pangolin en poudre de perlimpinpin. Nous tuons pour nous nourrir, pour survivre. Nous ne stigmatisons pas le pangolin ou sa cousine volante la chauve-souris. Nous assumons parfaitement nos emplettes et nos escapades de première nécessité ; nul besoin pour cela, d’une attestation de sortie dérogatoire. Nous n’avons pas les farfelus fantasmes du chanteur Philippe Katerine, nous n’imaginons pas que nous nous taperons la panse en faisant un burger ou un ragoût de vous. Nous n’allons pas vous conjurer de tous vous mettre à brouter l’herbe de votre champ ou à manger du foin. Les plus malchanceux d’entre nous, comme chez les humains, souffrent, crèvent de faim mais nous ne ravageons pas le règne végétal, nous savons, contrairement à vous, qu’il est parfois plus résistant que nous, plus malin, et qu’il nous est vital. Certes, la tentation, aujourd’hui, est irrésistible. Je le confesse sans complexe. Nous ricanons à la faillite annoncée de votre système de vie mais nous éprouvons de la compassion pour votre sort et, peut-être, pour certains d’entre nous, nous vous aimons car nous sommes conscients, aussi, que vous savez nous protéger.
Pour la première fois dans l’histoire de ce dernier siècle, vos grands espaces à vous se sont réduits. Mais, pour citer encore Orwell, je fais le rêve que certains animaux ne soient pas plus égaux que d’autres tout comme je fais le vœu que certains hommes ne soient pas plus égaux que d’autres et que la liberté, dans ce bouleversement planétaire, ne soit pas l’esclavage.
Nous ne sommes pas qu’une cuisse de grenouille, un steak haché, un tendre jambon de Parme, un canard laqué, un poisson pané, un sashimi frais comme l’océan, une dinde rôtie croustillante, un agneau de Pâques, un tigre fatigué que l’on admire dans sa cage de fer mais juste de simples habitants de la Terre, comme vous, semblables à de minuscules insectes quand ils sont pris dans l’objectif d’un satellite en orbite, comme vous. Nos voix seront absentes de vos assemblées, ma griffe et celle de mes congénères, demain, ne pourront pas ratifier vos lois. Mais si le confinement a fait naître en vous autant de doutes que d’envies nouvelles, sachez que c’est avec un tout petit peu d’espoir que nous vous laissons la charge d’inventer un autre espace, un peu moins fou, plus juste, pacifié, et qui soit enfin respectueux de tous les vivants.
Brigitte

LA RUE, texte de slam écrit par Clio van de walle.

« Je donnerais mon âme pour me faire toucher
Mais pour vous plaire je vais m’isoler
J’aimerais pouvoir me dire j’ai honte
Etre à la rue ça faisait longtemps
Mais là faut m’croire les jours, je les compte
J’voudrais un job, pt’ être au printemps

Mesdames messieurs à votre bon cœur
Le mien il me lâche, c’est peut être l’odeur
Ca pue ça cogne là dans ma piaule
Y ont mis le feu avec ma gnôle
C’était mon trou mon paradis
Mon campement fou à bactéries

Même le virus il veut pas de moi
SDF saigne, sur le bitume j’suis le nouveau roi

Nouvelle couronne Sécurité
Les bleus sur mon visage c’est du passé
Nomade toxique, je vous fais tous fuir
J’suis amnésique, j’ai dû rêver
Au moins maintenant moi j’peux dormir
Pas un péquin pour me tabasser

Je donnerais mon âme pour me faire border
Mais pour vous plaire j’vais pas rêver
Même le virus il veut pas de ça
SDF crève sans agenda
Pas de rendez vous, j’ai que maintenant
Passer la nuit, c’est ça mon plan

Les jeunes, les vieux, les claustrophobes
Si vous sortez moi c’est la même,
La solitude ou bien le microbe
De toutes façons j’purgerai ma peine
Mesdames messieurs j’ai pas le pognon
Quand vous reviendrez, ça changera peut-être
Pour m’faire toucher j’prendrai des gnons
Le monde a trop bu moi j’perds la tête

Même le virus il veut pas de moi,
Mesdames messieurs,
Quand vous reviendrez moi j’srais plus là »

Depuis qu’il est conseillé de porter un masque,
On trouve un peu partout des tutos efficaces.
À fabriquer soi-même, en tissu, en papier,
Avec machine à coudre, ou à main levée.
Par contre, ce qui commence à manquer,
C’est l’élastique ! Ah ! celui-là il est recherché !

Mais lequel choisir ?

J’ai étudié le sujet sous toutes ses coutures
Et veux ici partager ma nouvelle culture
de l’élastique. Sachez qu’il y en a de toutes sortes,
Et qu’il peut être utile de savoir comment ils se portent.
Le choix, vous le constaterez, est assez difficile.
Aussi vais-je tenter de vous aiguiller sur les différents styles

Plutôt que l’élastique d’écolier en caoutchouc
Qu’on peut trouver un peu partout,
Au marché quand il lie les asperges,
Ou chez le buraliste quand un rayon papeterie l’héberge,
Je vous conseillerais l’élastique tissé à côtes horizontales et verticales,
Qui ne s’étrécit pas quand on tire dessus et ainsi ne fait pas mal.

Un arrêt sur l’élastique tricoté au crocheté.
Il est lisse et doux. Modèle quasi parfait
Ne blesse ni les oreilles ni les joues.
Mais Il ne convient pas au tissu lourd et mou,
Si vous le choisissez remisez vos manteaux et burnous,
Vous seriez déçues d’en faire des lambeaux
Alors que le masque ne tiendrait pas sur votre peau.

Vous pouvez aussi être tentée de sauter sur le biais élastique
Je reconnais qu’il passe bien en public.
On le trouve dans de nombreux coloris,
Et le masque s’en trouve de fait, beaucoup plus joli.

Une petite coquetterie, si vous aimez la fantaisie
Que vous pourrez porter en bonne compagnie
C’est l’élastique de lingerie… .
à picots, c’est le plus doux et le plus sexy

Je ne recommande pas l’élastique transparent
Beaucoup trop facilement cassant.
Exception faite si vous l’utilisez avec un jersey de coton
Comme celui des vieux Marcel de votre compagnon.

Quelqu’un a remarqué à juste titre,
-Je vous en laisse seules juge arbitre –
Qu’on pourrait remplacer l’élastique par des ficelles.
On pourrait aussi utiliser de la filoselle
Mais reconnaissons que ces 2 là, ne sont pas si pratiques
Et encore moins esthétiques

Reste un dernier. L’élastique de bâche
Produit de première nécessité, en vente flash,
En ligne ou en retrait sans contact

Les prix ! Je vous laisserai constater par vous-même
Ils apparaissent très élastiques – c’est « l’effet de Veblen »
Qui aurait pu croire qu’un jour un virus.
Ferait de l’élastique un produit de luxe.

LETTRE A L.
Le confinement, voilà le moment rêvé pour t’écrire à toi mon fils et à tous tes collègues, quelques soient les postes qu’ils occupent, quelques soient les ondes sur lesquelles ils travaillent. Vous tous, journalistes, techniciens, réalisateurs, producteurs et tous les autres, continuez à nous maintenir en lien avec le monde, l’ailleurs, le dehors même si celui-ci semble voler en éclats.
Cette petite lettre pour te remercier, toi et vous tous qui travaillez à la « maison ronde » et qui nous permettez d’écouter la radio en ces temps de grande solitude pour beaucoup, d’angoisse pour la plupart, et de la prise de conscience de notre vulnérabilité. Cette lettre pour tous vous remercier car voulons continuer à rester informés, continuer à se cultiver, continuer à rêver, continuer à écouter de la musique, continuer à imaginer notre futur ; pour que nous, auditeurs nous ne soyons pas perdus et continuons à vivre notre quotidien à l’écoute d’autres êtres vivants, ailleurs que dans notre espace devenu étroit. Nous apprenons à vivre au jour le jour, accompagnés de vos voix, et je vous remercie d’être nos compagnons. Pour toi, mon fiston resté à Paris – service public oblige et c’est tant mieux – toi qui vis dans un petit logement, toi qui ne te déplaces plus que pour de l’utile, je vais te décrire mon jardin qui en ce moment est mon paradis. Il n’est pas grand comme tu le sais mais je veux le partager. Il faut dire que le virus qui nous menace n’a vraiment pas choisi le moment idéal : se présenter à nous alors que le printemps arrivait, qu’il est là avec en plus un soleil radieux et des températures estivales, tout pour nous narguer et nous exaspérer.
Imagine-toi au seuil de la porte du salon ; la glycine au fond est en fleurs et en fin d’après-midi, la chaleur exacerbe son odeur suave et sucrée ; les grappes mauves languissent à l’ombre puisque le soleil a tourné. Plus à droite, les corètes du japon se fanent, il fait trop chaud pour elles. Et puis les fleurs de camélias sont dans tous leurs états ; certains boutons ont de l’avenir, certaines fleurs sont fanées tombées au sol sur les pavés et d’autres sont complètement ouvertes, offertes et en ces moments, je les regarde et les regarde encore. Chaque plante, chaque fleur ont toute mon attention, mérite cette attention. Les quelques iris s’érigent et se hissent vers la lumière ; les boutures de rosiers se portent bien mais comme toujours, je les ai faites à la hâte alors je ne sais pas quelle variété va fleurir mais cela n’a pas d’importance. Je les soigne et surveille les pucerons qui sont nombreux sur les nouvelles pousses, ils se régalent, c’est la vie. J’ai d’ailleurs appris qu’ils se reproduisaient par parthénogénèse, ce que j’ignorais.
En fait, en ces moments où tout à coup on a du temps, on ne sait qu’en faire, puis peu à peu on l’apprivoise, on l’utilise, on finit par l’aimer et à regarder et à se poser des questions enfantines et tellement essentielles.
Mais, pour en revenir au jardin, un peu à droite, la clématite qui enserre le petit pommier n’est qu’une boule rose et blanche, un concentré de vie, de sève, d’une générosité folle si l’on considère le peu de terre dont elle dispose dans son pot.
A gauche de l’entrée de la cuisine, dans plusieurs pots, quelques variétés d’hortensias, tu sais « ces fleurs de vieux » comme tu dis ! c’est incroyable de voir les connotations si différentes que chacun a sur son environnement ; pour moi, ce sont des fleurs de bord de mer, de vent, de ciels changeants, d’iode et de respiration, enfin tout ce qui gonfle le thorax et écarquille les yeux et pour toi, ce sont des fleurs de vieux ! si je t’écoutais, cela ferait longtemps que je suis vielle….
Et puis tant d’autres variétés autour de moi dans des pots de toutes tailles, tout un assortiment de plantes glanées partout comme si j’avais besoin de remplir indéfiniment cet espace jusqu’à en étouffer : succulentes, géranium sauvages, pervenches à petites et grandes fleurs, primevères, petit acer aux feuilles couleur lie-de-vin, euphorbes, hellébores que j’ai rangées à l’ombre et dont les fleurs violacées perdurent, enchères et tant d’autres plantations que je surveille jour après jour juste pour le plaisir de voir la vie continuer.
Certains amis trouvent mon jardinet mignon et intime, ce petit espace au cœur de la ville. Moi des fois j’ai envie de tout tailler pour respirer mais en ce moment, il me calme, me rassure, me protège du dehors incertain donc hostile et je le protège, le nourrit, le soigne et l’observe comme j’ai pu le faire pendant tant d’année pour toi.
C’est une bouffée d’oxygène que j’essaie de t’offrir, toi qui n’as que tes fenêtres ouvertes sur une maternité parisienne. A ce propos, j’ai une pensée pour ces bébés nés ou à naître prochainement dans ce contexte et au bonheur entaché des parents.
Cette lettre n’est peut-être pas nécessaire ; je sais que l’imagination peut t’offrir de beaux voyages, sans moi, sans bagage, sans argent, sans contre temps, en pleine liberté mais je profite de ces circonstances pour t’écrire autre chose que des messages rapides et efficaces mais qui ne parlent pas de nos pensées intimes, la pudeur nous en empêche si souvent.
Ce n’est pas la fin du monde mais j’espère que c’est la fin d’un monde qui ne convient qu’à trop peu de gens.
J’espère que ces quelques lignes t’ont transporté dans notre lieu qui n’est plus le tien désormais mais qui t’appartient toujours.
Dans mon jardin, la petite table en fer repeinte reste à sa place ; 2 chaises sont installées et la 3ème t’attend avec impatience.
A très bientôt.
Maman
PS : je suis une audiophile assidue et je vous prie de tout cœur de continuer à travailler pour nous et à émettre contre vents et marées.
Bon courage à vous tous.

Lettre de confinée. 12/04/20
Voilà un mois, que nous sommes confinées .
Hier j’ai malgré tout fait une balade en bord de Garonne en vélo, avec mon attestation.
Il faisait doux, j’entendais les oiseaux, et l’eau couler. Je regardais les papillons danser . La nature est vêtue de ses couleurs de printemps, du colza sauvage, un champ de coquelicots, même les orties ont sorti leurs fleurs violettes. Il fait doux et le vent chante dans les feuilles. Je me demande comment j’aurais vécu le confinement et le covid à 4 ans,8 ans. On aurait été mes 3 frères et mes parents à la campagne, ensemble ça aurait été doux.
Mais je ne peux m’empêcher de penser à mes toutes petites qui connaissent cette drôle d’époque bien plus tôt que moi.
Moi j’ai 36 ans, je suis infirmière, j’ai quitté l’hôpital il y a deux ans. Il m’a beaucoup appris cet hôpital, et m’a tant pris aussi. Je me dis que j’ai bien de la chance d’être confinée comme je le suis, je suis chez moi avec mon jardin et mes filles.
Je ne suis pas dans le grand Est où mes collègues soignants vivent un cauchemar. Je ne peux qu’imaginer leur désarroi face à ce désastre. Infirmière, je sais qu’on prend le temps qu’on a pas, savoir que tel ou tel patient n’ira pas en réanimation en temps « normal » est insupportable, mais là c’est de la détresse grand format.
Je me revois deux ans plus tôt pleurer tellement dans le bureau des transmissions que je n’arrivais plus à parler. Tellement ma gorge était serrée, envahie par toutes les larmes que j’avais retenues, qui passaient par-dessus mes barrages fébriles ;et ce flot me submergeait : remontait alors ma fausse couche en service un samedi, où je pleurais dans chaque chambre car je ne pouvais pas partir, personne pour me remplacer alors que mon corps saignait et qu’une lueur s’éteignait dans mon ventre ; je pleurais ce week end de travail où je réconfortais un homme de 60 ans dont la mère mourrait, alors que mon mari venait de perdre la sienne la veille et que je devais travailler car personne pour me remplacer…je pleurais tous mes chagrins, ma mère en réanimation et me faire reprocher de ne pas être disponible pour travailler, je pleurais mon amie de 30 ans qui a laissé une petite de 2 ans et son homme en entendant une histoire similaire dans le service où j’étais ce matin là… je pleurais et me suis dit , je ne peux plus vivre tout cela, cette boule au ventre avant d’aller travailler, se demander qui va mourir aujourd’hui, annoncer à des enfants plus jeunes que moi que leur mère vient de s’éteindre et lui fermer les yeux devant eux. Je ne peux plus pleurer dans les toilettes.
Alors quand l’hôpital m’a appelé il y a 1 mois pour me demander si je pouvais revenir si besoin pour le plan blanc du au covid, je me suis liquéfiée, car l’idée de remettre les pieds dans ces couloirs me terrifie. Je pourrais, je suis une bonne infirmière, mais je suis passé à autre chose par nécessité pour ma survie, c’est un bien grand mot, quoique…Alors je suis de près l’évolution de cette épidémie terrible, et j’espère ne pas être rappelée. Car je sais ce que ces soignants subissent plus de dommages émotionnels que les applaudissements ne pourront panser ou réconforter.
Je continue, je roule, je pense au confinement pour mes princesses. Ma tornade de douceur de 4 ans, elle, est à la maison avec sa mère et sa sœur, heureuse. Elle fait des puzzles, peint, jouit de l’innocence de l’enfance dans un environnement paisible. Elle a juste hâte que le « coravirus » ne soit plus là pour inviter ses copines à manger. Elle boude de temps en temps, mais si la plupart des gens râlent avec parcimonie, elle condense tout en une intense fois. Elle se concentre pour froncer ses sourcils car son visage n’est pas habitué, et avec ses yeux bleu azur qui tentent de s’assombrir, ses lèvres retroussées et ses joues rebondies, elle est adorablement insupportable.
Et je pense à ma petite grande ou grande petite de presque 9 ans. Le confinement elle le comprend. Elle comprend tout, entend les informations avec sagesse et inquiétude cachée. Elle, qui quitte miette par miette l’enfance en voulant avoir un téléphone, des lunettes qui font adolescente, en dormant chez ses copines. Ce confinement, et peut être la situation générale si anxiogène, elle s’en protège en replongeant à pied joints dans l’univers enfantin, simple et suave comme une barbe à papa que sa sœur lui offre avec délice. Alors qu’elle délaissait barbies et poupées, un peu par choix, où comme si elle avait oublié le mode d’emploi. Elle redécouvre les cabanes, les peluches et les bêtises…
J’essaie de préserver mes merveilles parce qu’elle vivent tout cela bien plus jeunes que moi…et je ne peux que dire nous vivons une drôle d’époque…
Je roule et je pense à mon mari, infirmier, qui va travailler, parce qu’il est réquisitionné et aux reproches que je lui fais à peine à t’il passé le pas de la porte pour savoir s’il a les mains propres, s’il a désinfecté la poignée de porte…je pense à mes cousines infirmières, amies qui travaillent le peur au ventre.
Je roule et je pense à la chance que j’ai , avec mon épée de Damoclès au-dessus de la tête tant que l’épidémie reste loin de chez moi, je reste chez moi. Je ressens profondément la chance d’avoir des gens qui me manquent, ma famille, mes amis. Je sais qu’une fois finie je serais libre à nouveau et je pense à ces femmes qui sont enfermées avec leur mari maltraitant, à ses enfants pour qui le repas de la cantine est le seul vrai repas de la journée. Et je me laisse absorber par les rayons de soleil sur mes joues et ma gorge sèche.
J’oublie même par moments que c’est une balade de confinement, que ce sont des moments doux et drôles de confinement, où mes expertes en culotte courte et pleines d’herbes redéfinissent la notion même de bonheur et repointent le curseur vers l’essentiel et quand la réalité me gifle j’ai envie de pleurer, et me dis que nous vivons une drôle d’époque…

À vous, 

J’aime l’idée d’aimer au delà de moi. Mon cœur sort de sa cavité, investit mon corps par les pores de ma peau et m’emplis d’une émotion que je répands autour de moi. Je m’efface, je me soustrais pour faire de la place à cet amour qui se pose alentour. Je le distribue, je le dispense à qui veut en prendre, toi si tu en as besoin. Je le partage et à la fois, j’en récolte une part. 
Cet amour est précieux, j’en garde au creux de mes mains pour le souffler un peu plus loin. À mesure que je le vois s’éloigner, j’en ai d’autres en réserve qui émerge du fond de mon âme. 
Je suis solidaire, je suis bien, j’aime. 
Je t’aime, tel que tu es. Oui, tel que tu es, tu me plais à t’aimer. Je t’aime simplement, je n’attends rien en retour. Pourtant je guette tes signes afin de me réjouir encore plus, encore longtemps. Je profite de tes mots que je reçois toujours avec bienveillance et bonheur. J’aime l’être que tu es, la personne que tu deviens et celle qui n’est plus. J’aime être avec toi, j’aime partager ce qui te touche, ce qui te plaît. Je pense à toi, je te devance, j’aime te préserver dans une bulle et te regarder avancer. 

J’ai confiance, je suis bien, je t’aime. Je vous aime, vous que je ne connais pas. Je vous écoute et je prends l’essentiel. Je vous observe et parfois vous m’impressionnez. Dans ce cas, je vous aime pour ce que vous m’apportez. Je suis disponible, je suis libre d’aimer, je suis avec vous, je suis en vous parfois. Je vous aime pour ce que nous partageons; la beauté de la nature, le soleil, le vent et même la pluie. J’aime l’être que vous êtes, la couleur de votre peau, le ton de votre voix, les mots chantants de votre bouche, vos doigts pianotant sur les touches. Je vous aime pour ce que vous savez donner, pour ce que vous êtes, pour ce que vous deviendrez peut-être. 
Je vous agrée , je suis bien, je vous aime. 

J’ai eu envie de vous adresser ce texte que je viens d’écrire très humblement. Il s’adresse à tous ceux qui veulent bien le lire ou l’entendre.  

Je vous remercie pour vos très belles émissions. 

CONFINEMENT  

As-tu fini pour aujourd’hui 

Cette bataille sans espoir 

Que tu livrais aux pissenlits ? 

Ils repousseront dans le noir.  

As-tu laissé traîner la bêche 

Près du muret de pierres vieux ? 

Le crapaud a vendu la mèche. 

Encore un jour, encore deux.  

As-tu regardé dans la boîte 

Juste à l’entrée, bringuebalant, 

S’il y a du courrier qui date 

Du jour d’après, du jour d’avant ?  

Un coup de merlin sur la bûche 

Et la voilà fendue en deux 

Tu mets les morceaux dans la huche 

Et ce soir, tu feras du feu. 

 Avril 2020 

Lettre d’amours confinés,
J’écris cette lettre pour les amoureux séparés par le confinement, ceux qui venaient de se rencontrer, ceux qui se sont tout juste quittés avant de le regretter, ceux qui se sont éloignés pour se protéger…
Que reste-il de nos amours ? Les messages échangés, les vidéos pixellisées où l’on cherche en vain le charme, le geste, le regard qui viendra nous rassurer.
Ce mardi 7 Avril, nous avions rendez-vous.
Une belle promesse d’un moment de tendresse.
Je me suis préparée en faisant comme si.
J’ai soigneusement choisi mes sous-vêtements et finalement enfilé ma robe rouge en laine. Il fait encore trop froid pour les décolletés.

Aujourd’hui le ciel est gris et pluvieux. C’est dommage ! alors que le soleil nous inonde depuis plus de 3 semaines. Ce soir, si le temps s’éclaircit on pourra apercevoir la lune rose dès le coucher du soleil et il me plait à penser que nous la regarderons ensemble, allongés dans l’herbe fraîchement coupée, bercés par la valse des nuages. La nuit sera incroyablement douce et claire comme le songe d’une nuit d’été.
J’ai tenté de dompter mes cheveux et me suis maquillée les yeux et les lèvres.
Je me suis parfumée avec mon parfum habituel. Le parfum que tu m’as ramené de voyage ressemble trop au tien, à moins qu’il ne me rappelle notre dernière nuit volée.
J’ai l’impression d’écrire à un soldat au front, un échange de petites banalités censées extraire du quotidien.
L’idée n’est pas très originale et m’a fait ressortir de la bibliothèque « lettres d’amour d’un soldat de 20 ans » Le marque-page jauni date des 11 et 12 Avril 1987. J’allais avoir 20 ans…
« Je vous quitte en vous couvrant de mille baisers, vos lèvres, votre corps tout entier, vos yeux, vos larmes, vos cheveux, votre cou.
Mon bel amour chéri, je vous attendrai à la gare Samedi, au train. Si vous n’y êtes avant moi » écrivait Jacques Higelin
C’est sur ces mots pleins d’espoir que je vous quitte.
A ce soir.
CG-Avril 2020
A mes amies amoureuses : Audrey, Agnès, Caro, Frédo, Hélène, Myriam et Patoche
Musique: Amiina; Biolagio
Merci pour toutes vos émissions qui nous apportent découvertes, poésie et délicatesse.
Prenez soin de vous et de nous
Cécile