Je n’écris jamais pour me plaindre mais là je dois dire que j’ai été assez sidérée d’entendre une femme, qui plus est journaliste, employer, sur votre antenne, à une heure de grande écoute, l’expression « en bon père de famille” au sujet de la gestion financière des collectivités territoriales. Stop ! Stop ! Stop ! On n’en peut plus de ce type de formules ringardes, qui ne veulent rien dire et qui invisibilisent les femmes. Votre journaliste se rend-elle compte du sexisme de son propos ?
Lors d’une matinale mercredi, à propos de l’effort de 5 milliards demandé par le gouvernement aux collectivités locales, une journaliste, éditorialiste politique, constate : « On voit les maires qui sont offusqués, qui disent nous on gère en bon père de famille et là l’Etat fait n’importe quoi. ».
Les mots ne sont jamais neutres. Ils portent en eux une histoire, une culture, des valeurs, et souvent des stéréotypes qui peuvent influencer notre perception du monde. Chaque mot choisi dans un discours, un texte ou une conversation est porteur d’une charge symbolique, car il façonne notre manière de penser et d’agir. Ils peuvent renforcer des préjugés ou, au contraire, les déconstruire.
Lorsqu’on emploie l’expression « en bon père de famille », on ne choisit pas simplement un terme par habitude ou par facilité. Ce type de formulation, même utilisé innocemment ou inconsciemment, renvoie à une vision patriarcale de la société, où la responsabilité et la gestion sont automatiquement attribuées à l’homme, excluant implicitement les femmes de ces rôles. Ce stéréotype, longtemps ancré dans le droit et dans les mentalités, véhicule une conception inégalitaire des rapports de genre.
Rappelons que l’expression « en bon père de famille », issue du droit romain et de la locution « bonus pater familias » a été consacrée en 1804 par Napoléon dans le Code civil, qui attribue à l’homme – le père de famille – la qualité d’être un bon gestionnaire.
Dans le cadre de la loi du 4 août 2014 pour « l’égalité réelle entre les femmes et les hommes » cette notion a été supprimée par le législateur précisément en raison de son caractère sexiste.
Ce terme, qui renvoyait à une conception patriarcale de la famille, était jugé désuet et contestable. Il constituait un stéréotype de genre, discriminatoire pour les femmes, et véhiculait une vision où seule l’autorité masculine était reconnue dans la gestion et la protection des biens ou des responsabilités familiales. Sa suppression en 2014 a été saluée comme une avancée vers l’égalité et la fin de ces représentations archaïques.
Il est donc surprenant et regrettable d’entendre encore, en 2024, cette expression sur une antenne de la radio du service public, sans qu’aucun autre journaliste autour de la table ne juge utile de reprendre cette formulation discriminante. Son usage est d’autant plus incompréhensible que toutes les chaînes, à travers leurs reportages et leurs émissions, sont constamment engagées dans des efforts de sensibilisation pour mettre fin à ce type de stéréotypes. Dans un contexte où nous œuvrons à déconstruire les biais sexistes et à promouvoir une vision plus inclusive et égalitaire, entendre cette formule est anachronique et en total décalage avec les valeurs défendues par Radio France.
Il est essentiel de prendre conscience de la force des mots que nous utilisons en tant que journalistes. Ils ne sont pas de simples outils de communication, mais des véhicules de sens et de symboles. Ignorer cette dimension, c’est risquer de perpétuer des stéréotypes et des représentations qui n’ont plus lieu d’être.
Emmanuelle Daviet
Médiatrice des antennes de Radio France
Bravo à toute l’équipe du 7-10 mais je voulais juste adresser un petit compliment à M. Nicolas Demorand qui a utilisé l’expression « centre de recherches » au lieu de « think tank ». Cela peut paraître peu mais je trouve que cela fait preuve d’un réel intérêt pour l’auditeur. Merci beaucoup. Bonne continuation !
Je suis un auditeur fidèle de France Inter, et j’apprécie particulièrement vos émissions.
Cependant, je commence à être franchement agacé par certaines formules lors d’interviews, notamment :
– l’usage fréquent de l’adverbe « là » en fin de question,
– l’expression répétée « qu’est-ce que ça dit… ».
Bien que ce soient des détails formels, ils traduisent à mon sens une relative pauvreté stylistique.
J’ai hésité avant de vous écrire, conscient que d’autres sujets sont probablement plus importants, mais c’est le seul moyen pour moi de transmettre ces observations.
Lors d’une interview de 17 minutes, votre journaliste de la matinale de France Inter a demandé d’emblée à son invité : « Si vous étiez un mot de la langue française, vous seriez qui, vous seriez quoi ? ». Puis un peu plus tard elle lui a demandé « Vous pensez quoi ? Vous allez faire quoi ? », etc. Je pourrais multiplier les exemples. Votre journaliste est coutumière du fait, elle semble être incapable de poser une question en employant la forme interrogative correcte comme : « Qui (ou que) seriez-vous ? Que pensez-vous de… ? Qu’allez-vous faire ? » ou « Qu’est-ce que vous allez faire ? ». C’est exaspérant. Autre chose : elle emploie l’expression « faire des conneries ». C’est surprenant, un tel laisser-aller familier sur l’antenne de France Inter.
Sans jouer le rôle de professeur de français, que vous n’êtes pas (ce que vous avez précisé dans votre lettre de ce jour), pourriez-vous lui transmettre ce message et lui demander de soigner son expression orale ? Merci d’avance.
Tout d’abord permettez-moi de vous dire ma très haute estime pour les journaux de France Culture, qui à mon humble avis surpassent non seulement les autres journaux du paysage audiovisuel, mais aussi la presse écrite. MAIS… on ne dit pas « elle s’est faite voler… » . Petit rappel à propos des verbes pronominaux : quand on est embarrassé avec l’accord du participe passé qui suit, il faut » être « par le « avoir » ; « elle s’est vue dans la glace » = « elle a vu elle-même dans la glace » : dans la forme pronominale, le « s’» représente « elle-même » (il est donc complément d’objet direct du verbe « voir ») mais est placé avant « est » (qui est ici auxiliaire de conjugaison pour la forme pronominale) donc le participe passé du verbe « voir » s’accorde au féminin singulier (comme si l’auxiliaire de conjugaison était l’auxiliaire « avoir »).
« Elle s’est vu mourir. » (« Elle a vu elle-même mourir. » Elle a vu quoi ? La réponse à cette question est le complément d’objet direct, ici c’est une proposition infinitive : « elle-même mourir », dans laquelle « elle-même » est sujet de l’infinitif.
.« Elle s’est assise » (« elle a assis elle-même »)
« Cette chanteuse s’est faite toute seule. » (« Cette chanteuse a fait elle-même – en tant qu’icône par exemple –
toute seule ».)
« Cette chanteuse s’est fait voler son briquet. » (« Cette chanteuse a fait voler à elle-même son briquet. » Ici l’infinitif « voler » a un complément d’objet direct (« briquet ») et un complément d’objet indirect (« elle-même » ; le « s’ » est complément d’objet indirect de l’infinitif « voler » (et non du verbe « faire » et encore moins complément d’objet direct de ce dernier ; elle a fait voler à qui ? À elle-même. ).
Malheureusement, une certaine ambiguïté vient parfois de la liaison quand on parle en style un peu soutenu : « Elle s’est fait approuver par toute l’assemblée » ; mais ici, c’est bien « fait » et non « faite » qui est correct, puisque le « s’» est complément d’objet direct d’ « approuver » (elle a fait approuver qui ? Réponse : elle-même, représentée ici par « s’» ; le « s’» n’est pas complément d’objet direct, il ne répond pas à la question : « elle a fait qui ? » Ou « elle a fait quoi ? »
Pardon pour la longueur de cet exposé, j’espère que c’est clair…
En tout cas encore un immense merci à vous-même et à l’ensemble de la rédaction de France Culture !
Avec mes meilleures salutations.
J’ai entendu : « gageure » prononcé « gajeur ».
Gageure, mot est du genre féminin se prononce [gaJure], le E étant là pour permettre au U d’être entendu.
Ce message pour vous demander de bien vouloir informer vos chroniqueurs, commentateurs et présentateurs de prendre note de ce qui suit :
Les fêtes ne battent pas « leur » plein, mais SON PLEIN (terme utilisé pour demander aux musiques militaires de sonner à plein volume).
ESPECE est du genre FEMININ, on ne dit pas une sorte de chien, alors pourquoi un espèce de chien ?
UNE espèce de chien s’il vous plait.
Sur Franceinfo je viens d’entendre annoncer 8000 (donc, huit mille, vous en êtes d’accord !?) suivi d’un mot commençant par une voyelle, par exemple : huit mille Zenfants, donc une liaison entre huit mille et enfants. Mille étant invariable, la prononciation est obligatoirement huit mille enfants, sans liaison. En revanche, lorsque l’on prononce 800 enfants, il faut bien dire huit centS enfants et faire la liaison.
La règle est d’une simplicité enfantine et je suis étonnée que les différents media (sans S, pluriel de medium !) ou en bon français (et non en latin !) négligent de proposer cet apprentissage à ses intervenants (la règle est la même pour le mot « euro »), où nous entendons souvent « quatre-vin » euro, au lieu de quatre-vingts euros.
Comme vous pouvez vous en douter, j’ai, dans ma vie active, enseigné à de nombreux adolescents et étudiants, et je suis réellement désolée pour eux que, dans la vie (d’abord universitaire, puis active), cette faute puisse leur être préjudiciable. Merci d’avoir pris connaissance de ce court message dont le seul but est d’attirer l’attention bienveillante des éventuels employeurs vis à vis de leur personnel et surtout de l’image qu’ils transmettent à tous leurs auditeurs publics ou privés.
Mes oreilles saignent quand j’entends « malaisant » et « elle rapetissit », « rapetissir »… Pour une radio de référence, c’est un peu beaucoup. Merci d’inviter des gens qui savent parler sans faire de fautes.
Je suis très surpris de ce que France Culture donne pour titre “Book Club” à son émission littéraire de mi-journée, “Club du Livre” ne fait pas l’affaire ?
Relevé ce matin vendredi 4 octobre vers 7 heures sur France Inter : « Merci pour le featuring ». La journaliste remerciait ainsi Patrick Cohen pour sa participation à une chanson reprise par Thomas Croisière. Sur le site on trouve aussi le titre de la chronique « A la bonne franquette feat. Patrick Cohen ». Donc sur Radio France.