Cher Jérôme,
Fidèle auditeur de votre émission Le Masque et la Plume, j'ai été surpris dans le numéro consacré aux livres le 21 juin qu'aucun de vos intervenants ne fasse le lien entre Margaret Mitchell et Joseph Kessel. Dans L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville, inspiré du livre du même nom de Kessel, quand le personnage interprété par Lino Ventura va au cinéma, avec celui joué par Paul Meurisse (Luc Jardie), lors d'un passage à Londres, il y voit Autant en emporte le vent, non distribué en France pendant l'Occupation. Luc Jardie déclare en sortant de la séance: « Pour les Français, la guerre sera finie quand ils pourront lire Le Canard enchaîné et voir ce film merveilleux. » En 1969, le symbole de la liberté retrouvée contre l'oppression était le film de Victor Fleming. Aujourd'hui, certains veulent le regarder comme une célébration, même feutrée, de pratiques barbares. Comme quoi, les symboles sont relatifs et les oeuvres disent toujours plus que ceux que les yeux d'une époque veulent y voir. Espérons que l'imagination de certains censeurs n'ira pas demander que cette scène soit coupée.
Je vous salue