Cécile Duflot, Notre Dame des Landes et … les journalistes
Nous avons demandé à Patrick Cohen d’apporter une réponse à vos nombreux messages consécutifs à l’interview de Cécile Duflot. La voici :
« L’interview de Cécile Duflot lundi dernier, a pris un tour plus vigoureux, plus rugueux que d’ordinaire, je l’admets bien volontiers. Et si j’ai pu heurter les convictions de certains d’auditeurs, ou leur donner l’impression de prendre parti contre l’invitée au-delà du jeu normal d’une interview contradictoire, j’en suis désolé.
Mais la subjectivité dont j’ai pu faire preuve résulte d’une situation tout à fait exceptionnelle : celle d’une responsable politique ayant participé à une consultation démocratique et qui affirme que le résultat n’étant pas conforme à ses souhaits, il ne l’engage pas et doit être considéré comme nul et non avenu. J’ai ressenti là -réaction à la fois de journaliste et de citoyen- un mépris de démocratie qui me parait bien plus important que le mépris que Mme Duflot a cru percevoir dans l’un de mes sourires…
Il était dès lors plus facile pour l’ancienne ministre d’accuser son interlocuteur d’être partisan et défenseur du projet de transfert d’aéroport que d’expliquer son revirement à l’égard d’un scrutin qu’elle avait accepté jusqu’à ce que les urnes lui soient contraires.
Cécile Duflot, de surcroît, sait parfaitement que le dossier est bien plus complexe que l’opposition entre gentils écolos et méchants bétonneurs. Que l’actuel aéroport génère nuisances et pollution importantes. Et que le projet d’aujourd’hui -relancé par Lionel Jospin et Dominique Voynet en 2000- n’a plus rien à voir avec l’idée des années 60 de raccourcir la route transatlantique du Concorde. Dire le contraire relève de la mauvaise foi. Et, en questionnant TOUS les arguments (j’ai demandé le lendemain à Alain Juppé si Notre-Dame-des-Landes n’était pas un projet du XXème siècle), mon rôle est aussi de traquer la mauvaise foi.