Comment se défendre face au harcèlement scolaire à l’école, au collège et au lycée ? Des experts ont aidé vos enfants et petits-enfants à répondre aux moqueries, violences physiques, insultes, racket… dans « Grand bien vous fasse ! » ce mercredi 24 novembre. Les auditeurs ont réagi. Des messages à retrouver ici :

Je ne suis pas du tout d’accord avec le fait qu’il faut éviter de stigmatiser les enfants harceleurs. Ou plutôt, je pense qu’il est essentiel de stigmatiser ce comportement. C’est le rôle des adultes de dire que ce comportement est ignoble, et d’apprendre aux enfants à avoir une réflexion empathique. C’est quand même un des fondements de l’humanité. Je suis inquiète de constater qu’on évoque ces comportements comme un fait de nature, évidente.

Je trouve dommage que l’on parle autant des victimes plutôt que de chercher des solutions du côté des bourreaux. Pourquoi mettre encore la responsabilité sur les victimes ? Il me semble que la responsabilité de notre société est énorme dans ce phénomène et que l’éducation à l’empathie dès le plus jeune âge, serait une aide bien plus grande que de responsabiliser encore les victimes. 

Je suis maître de conférences à l’université et responsable des étudiants de licence, des étudiants majeurs donc, je suis abasourdie parfois de me rendre compte de certaines situations d’harcèlement moral que font subir certains étudiants aux autres (insultes, comportements irrespectueux et extrêmement compétitifs évinçant les autres au profit de sa propre personne). Le harcèlement n’a donc pas lieu que dans les écoles élémentaires et les collèges, malheureusement. On ne parle que très peu du harcèlement au sein des universités me semble-t-il, peut-être qu’il faudrait également maintenir des campagnes préventives au sein de cette institution… se pose la question de comment bien accompagner les étudiants face à ces situations.

Les profs et enseignants enseignent, ils ne sont pas là pour faire de l’éducation et s’occuper des relations entre élèves, ils n’ont pas été formés pour cela. Ils s’éloignent naturellement des problèmes de harcèlement, car ils ne savent pas les gérer.

Il faut entendre que le corps enseignant n’a aucune formation sur le sujet. Il y a juste de l’autoformation. Surtout en primaire.

Je suis professeur en lycée professionnel et je me trouve bien mal formée ! et dernièrement une élève m’a fait part d’un harcèlement de la part d’un groupe de la classe :  je l’ai écoutée, rassurée puis j’ai relayé auprès de ma collègue CPE, mais finalement la situation n’a pas évolué. Je me sens à la hauteur vis-à-vis de l’élève… et impuissante… Merci pour vos émissions 

Mais où sont les adultes ?? Je suis choquée d’entendre qu’il s’agit pour l’enfant harcelé d’apprendre à se défendre,  » à jouer un rôle » En réalité ce symptôme qui s’exprime au niveau des enfants ne pose-t-il pas la question du positionnement des adultes, de l’absence de discours de certains adultes qui doivent éduquer (parents adultes en lien avec les enfants), apprendre le respect de l’autre, c’est déjà au sein d’une famille, d’une fratrie. Il y a des valeurs humaines à soutenir dans le discours.

J’écoute avec intérêt votre émission. Je pense à mon fils qui a tant souffert en maternelle (il a aujourd’hui 15 ans). Sa première maîtresse, puis celle de deuxième année (et surtout elle), l’ont maltraité tout au long de l’année scolaire : mon fils est dyscalculique, il n’avait et n’a pas la notion des chiffres et du temps, pour faire vite. Les maîtresses, qui étaient de connivence, je le sais, lui demandait la date du jour. M., incapable de répondre, était placé devant la fenêtre à l’occasion de la récréation en guise de punition. Ce n’est qu’un exemple. Quelle immense souffrance et incompréhension pour cet enfant face à son école… Beaucoup de stress, de peur, un enfant très abîmé… Est-ce du harcèlement scolaire ?

Comment prévenir nos enfants pour qu’ils ne soient pas harceleurs… On a tous peur que nos enfants soient harcelés, mais en tant que parents nous devons avoir en tête que nos enfants peuvent être harceleurs…

La question que je me pose en écoutant votre émission est : Comment ne pas avoir d’enfants harceleurs alors qu’on est dans un monde d’adultes qui s’insultent sans arrêt sur Internet ? Ne font-ils pas que singer les adultes ?

Pourquoi parle-t-on seulement de l’attitude que doivent adopter les enfants face aux harceleurs et jamais de celle de l’harceleur dont la psyché demande aussi qu’on s’y intéresse puisque le problème vient de ce dernier ?

Qu’en est-il du harcèlement de la part des enseignants ? Une enquête récente du journaliste Pierre Souchon (parent élu dans l’école de son enfant) met en lumière les agissements d’enseignants, sur des enfants issus majoritairement de classes populaires et/ou défavorisées. Systématiquement, leur hiérarchie académique et ministérielle « couvre » ce harcèlement. Y a-t-il une omerta au sein de ce service public ? 

J’ai 50 ans et été harcelé de manière très violente (bombe lacrymogène, coups, agressions physiques…) durant 1 année. Les séquelles psychologiques et pathologiques sont indélébiles et durables. Pour ma fille, les mots d’ordres sont clairs : on t’embête, tu te défends, s’il faut, tu tapes… Ne cherche pas à comprendre. Les beaux mots de votre invité sont gentils mais à mon sens largement théorique. Veuillez excuser ma position, mais elle est légitime au vu de la violence qui peut apparaître. Un con qui marche va toujours plus loin que deux intellectuels assis, les harceleurs l’ont compris eux.

Je ne suis absolument pas d’accord avec le discours qui a été tenu sur le fait d’être « une victime parfaite » qui « encouragerait les autres à continuer ». C’est à nous d’apprendre aux harceleurs à ne pas harceler, pas aux enfants à ne pas « faire les victimes ». Dire « stop », c’est normal, être blessé quand on nous blesse, c’est normal, appeler de l’aide, c’est normal. Ce n’est pas un « comportement de parfaite petite victime qui l’a bien cherché ». Être victime est un état de fait pas une insulte ni une invitation !

Bravo à Milo pour son intervention. Quel niveau de classe ? Y a-t-il eu le débat organisé après ces fiches, certainement ? Qu’est-ce qu’il a appris ? Est-ce que ça l’a fait réfléchir ? Est-ce que les enfants en ont reparlé ensuite entre eux ? Est-ce qu’il a aimé cet/ces ateliers ? Merci pour vos émissions, super intéressantes ! Merci à vous et votre équipe !

À mes yeux, la première mesure contre le harcèlement scolaire, c’est l’éducation. On sait que les rivalités entre enfants, comme dans « la guerre des boutons » font partie de l’évolution. Ça ne justifie pas le caractère ignoble des comportements en cause, et l’absence totale de conscience des enfants qui harcèlent en bande. Il me semble que hélas, le harcèlement est entré dans les mœurs, comme si la norme d’être bête et méchant en meute à l’âge du collège.

Je suis adulte aujourd’hui, au collège, j’ai été harcelé par différentes personnes. Mon petit frère a été au collège en même temps, que moi pendant un an, j’ai appris qu’il se battait avec des personnes qui se moquaient de moi, et en même temps il a harcelé un enfant sans raison… J’ai été choquée d’apprendre qu’il avait harcelé lui-même… Je lui ai dit de s’excuser s’il croisait la personne qu’il avait harcelée… Mais je n’ai pas su quoi lui dire de plus…

Ce qui est très dur entre autres, je pense, c’est l’accumulation, la masse. J’avais au collège entendu un enfant traité de Corky. Tout le monde riait, du haut de mes 13 ans, je trouvais ça drôle aussi. Quelques jours après, je l’appelais moi-même par Corky, il m’a répondu par la violence physique. Ce n’est qu’il y a peu de temps (10 ans plus tard au moins) que je me suis rendu compte que j’avais fait partie de la masse harcelante, sans vraiment m’en être rendu compte.

Cette expression, je l’ai vécue avec mon fils qui s’est fait harceler l’année dernière… Ce fut très dur à vivre et mon fils a dû durant un an travailler avec une sophrologue qui lui a redonné confiance en lui. L’école n’a pas réagi quand nous l’avons alerté, il a fallu que l’un des professeurs s’aperçoive du comportement de mon fils (il s’arrachait ses cheveux en classe.) pour que le système scolaire prenne conscience de la gravité de la situation. Résultat l’harceleur et mon fils ont eu deux heures de colle en guise de solution, j’ai menacé l’école de faire une main courante si le comportement de l’harceleur continuait, cela continue, mais mon fils ne joue plus le jeu de l’autre. Mon fils a gagné, l’enfant qui harcèle est aujourd’hui dans un comportement étrange, celui du jaloux et poursuit aujourd’hui mon fils comme quelqu’un qui l’aime… Étrange.

Mon fils, harcelé en primaire et changé d’école a retrouvé les mêmes harceleurs en 6e, en 2011. Il n’y avait pourtant ni portable ni réseaux sociaux… Les responsables du collège et certains professeurs faisaient l’autruche, mon fils sombrait… Je pense qu’il ne faut pas attendre et si on peut le faire, le retirer du lieu nocif. Mon fils a suivi l’IEF et actuellement se trouve en fac, 3e année ! Il nous remercie d’ailleurs de l’avoir « sauvé ».

Lors de ma reprise d’études en CFA à 34 ans, j’ai subi du harcèlement. Les formateurs ont minimisé la chose au début, jusqu’à l’envoi d’un mail récapitulant tous les mots/gestes déplacés. Après convocation, ces personnes n’ont rien eu, et ont continué leur harcèlement de manière plus insidieuse. On m’a conseillé de ne pas faire de vague pour être sûre d’être embauchée à la fin de l’alternance et je regrette de n’avoir pas porté plainte. Merci pour vos émissions de qualité que je prends plaisir à écouter en conduisant à longueur de journée au travail.