Lorsqu'il s'agit de trancher une question de langue, vous faites appel à divers linguistes. A propos de l'expression gravement / grièvement blessé, Laélia Véron indique que les deux adverbes sont utilisés indifféremment devant l'adjectif "blessé", c'est le sort des variantes, elles coexistent jusqu'à ce que l'une des deux s'impose. Ce faisant, elle traite la question en scientifique qui observe l'évolution de la langue sans se soucier de la norme. A ce compte, on pourrait justifier toute forme incorrecte, simplement parce qu'on en observe l'existence : absence du "ne" dans la négation, confusion entre le futur et le conditionnel (je serai / je serais), non-respect du subjonctif, prononciations fautives, anglicismes, etc. Franchement, ce n'est pas ce qu'attendent vos auditeurs. A l'inverse aujourd'hui, M. Bernard Cerquiglini, à propos de l'usage abusif de "sur" (à Paris / sur Paris), tout en analysant l'évolution de la langue, tranche clairement la question des prépositions "dont il faut respecter l'emploi". Il faut : c'est par là qu'aurait dû terminer Laélia Véron; pour parler correctement, il faut dire "grièvement blessé".