« Etats-unien » : oui, ça existe !
Bonjour,
Plusieurs auditeurs dénoncent l’emploi du terme « états-unien » estimant que ce mot n’existe pas ou serait un néologisme à proscrire d’urgence dans les journaux ou les émissions de programme: « aujourd’hui, dimanche 8 septembre 2019, j’entends sur France Info un intervenant qui utilise de nombreuses fois le terme « états-unien » (ou étatZunien…) que je n’ai pas trouvé dans le dictionnaire» ou encore :« le spécialiste expert des « étatzzuniens » utilise ce néologisme cher aux parleurs dans le micro »
Qu’en est-il ?
Il ne s’agit pas ici d’indiquer si l’emploi de ce mot à une connotation péjorative, s’il confère un caractère antiaméricaniste au propos du locuteur ou bien s’il est un marqueur de gauche. Il s’agit simplement de déterminer si les remarques de ces courriels sont fondées. En réalité, ce substantif existe. Il a fait son entrée dans le dictionnaire il y a près de soixante ans, en 1961 précisément. Il ne s’agit donc nullement d’un néologisme, d’un tic de langage journalistique ou d’un snobisme d’expert.
Jean Pruvost, linguiste et lexicographe, rappelle que : « le mot « états-unien » est apparu en 1934 au Canada francophone. Il ne peut plus être considéré comme un néologisme. Il connaît deux variantes : états-unien ou étasuniens ». La première occurrence du mot remonte ainsi aux années 50 : « le mot est apparu dans une revue politique québécoise L’Action nationale sous la plume d’Arthur Laurendeau, son directeur. On atteste du mot en 1955 sous la forme « étatsunien », et il entrera dans le Grand Larousse encyclopédique en 1961 », poursuit le spécialiste.
Si l’utilisation de ce terme se justifie, c’est aussi parce qu’il permet de désigner plus facilement les habitants des Etats-Unis, alors que ce ne sont pas les seuls « américains » du continent : « On comprend ce qu’a de gênant cette formulation presque impérialiste, l’Amérique désignant à la fois les États-Unis et tout le continent », conclut Jean Pruvost.