J’enseigne à la Sorbonne et depuis quelque temps un travail m’occupe et pour trouver la juste inspiration je me suis installé dans la salle des professeurs au-dessus de la cour de La Sorbonne.
J’aime cette vue, elle plonge vers La Chapelle, guidée par les illustres statues, rebondit sur le pavé et tourne, comme un cercle infini de la pensée.
Ce soir en rentrant, je regarde les nouvelles et j’aperçois cette image familière de la Cour de La Sorbonne, transformée en salle de réception à ciel ouvert.Accompagné par une mes musiques préférées, un cercueil la traverse.
La compassion pour ce camarade sans vie se mélange à l’effroi de retrouver ce cadre si familier, mon symbole, mon rêve.
L’endroit est juste, pour marquer ce moment irréel, cet abime vertigineux sans fond.
Les pierres magiques qui l’entourent, ce paquebot de notre pensée semble vaciller devant l’absurde, le néant qui marque cette disparition de notre camarade.
L’espace, l’histoire, l’esprit semblent faire front, rendre digne, comme ces soldats courageux qui portent en rythme un homme, une vie, une lutte, un symbole.
Le courage de ceux qui prennent la parole impressionne. Les mots sont justes et l’émotion semble adoucir ou recouvrir ce précipice.
Mais notre cœur saigne, trop de douleur et trop de peine chez le marin qui pleure et qui saigne.