La directrice de rédaction du Monde a été interviewée cette semaine à propos du dessin de Xavie Gorce. Bonne idée, mais je voudrais ajouter une ou deux réflexions.
D'abord, puisque Caroline Monnot explique que l'affaire n'est pas due aux réactions des réseaux sociaux, une tempête dans un verre d'eau, mais au manque de concertation de la part de Xavier Gorce, pourquoi ne pas avoir réglé le problème en interne et lui avoir tapé sur les doigts, au lieu de publier des excuses à l'intention des lecteurs ? Il y a là un paradoxe que je ne m'explique pas.
Ensuite, Caroline Monnot insiste sur la variété d'opinions au sein de la rédaction. Il est dommage que votre journaliste n'ait pas demandé s'il s'agissait d'un problème de génération. Il est bien connu qu'à la différence des journalistes les plus âgés, libres d'esprit et universalistes, les générations qui sortent des écoles de journalistes ont depuis quelques années ont un esprit très marqué par toutes les questions de minorités, d'intersectionnalité, d'indigénisme, etc. Et si la France n'est pas affectée par la mentalité "woke", elle semble emprunter le même chemin. Ils sembleraient que beaucoup soient moins journalistes soucieux d'informer que militants d'une cause. La peur d'avoir choqué la sensibilité de certains lecteurs formulée par le texte de Caroline Monnot en est un indice.
Pour terminer là-dessus, ce texte est vraiment inquiétant : "Ce dessin peut en effet être lu comme… ". Si Le Monde s'inquiète des interprétations éventuelles d'un dessin de la part des lecteurs, il met le doigt dans un engrenage dangereux car on trouvera toujours des grincheux, des pisse-froid, ou à l'inverse, des exaltés et des fanatiques de la "cancel culture" pour se prévaloir d'une atteinte à leur sensibilité et demander l'interdiction d'un dessin, sous le prétexte qu'il "peut en effet être lu comme…"