Chère radio, chers journalistes, techniciens, etc.

Sachez tout d'abord que je vous adore !
Ne soyez pas tristes que je pousse une "gueulante" aujourd'hui, profitant de l'émission annoncée sur la langue française. Merci pour celle-là et pour toutes les autres, passées et futures !
En effet, je m'insurge fréquemment du fait que, non "contents" de maltraiter la Terre, les animaux et les humains, on martyrise aussi la langue française (entre autres) et n'ayons pas peur des mots, je souffre. Par manque de temps (le mien et le vôtre), je me contenterai de quelques remarques. C'est parti...

-Bonjour. Ce mot employé seul m'exaspère. J'ai toujours envie de répondre : "Bonjour qui, bonjour quoi ?" Il m'arrive de le faire, dans ma barbe, car je ne souhaite pas entrer en conflit avec la personne qui me salue. Si j'y réfléchis trop, je déprime, car quand j'entends "Bonjour." j'entends "Bonjour, rien-du-tout."
Cet exemple est d'après moi révélateur de la mentalité actuelle ; on semble se contenter du minimum, le goût de l'effort disparaît, l'approximation est partout.

-On est bien obligé de constater un appauvrissement du vocabulaire, qui va parfois jusqu'à rendre le discours incompréhensible.
Pour n'en citer que trois, les verbes ramener, rentrer, récupérer sont employés à outrance, aux dépens d'amener, emmener, apporter, emporter, rapporter, porter, entrer, obtenir, aller/venir chercher, etc. ; "sur" et "par rapport à" ont perdu leur sens à force d'être employés à toutes les sauces. Pour moi, "j'habite sur Bordeaux" veut dire, à la limite, "j'habite dans les environs de Bordeaux", mais sûrement pas "à Bordeaux" ; "par rapport à" n'est pas du tout synonyme de "concernant" !

-On semble avoir développé un goût pour les lourdingueries (j'assume ce néologisme) : à coups d'expressions telles que "faire en sorte que", on a mis aux oubliettes des verbes simples comme éviter ou empêcher, par exemple. Je ne dois pas être la seule à l'avoir remarqué, quand même !
Autre exemple de lourdeur extrêmement courante : pourquoi le verbe pouvoir semble-t-il systématiquement précéder tout verbe à l'infinitif ? (Exemple simple : "On a pu observer" au lieu de "On a observé"). Cet usage excessif est-il le signe d'une soif de pouvoir ? Je m'interroge à ce sujet depuis plusieurs années déjà... Je hais ces lourdeurs indigestes.

-A-t-on oublié que "voici" et "ceci" servent à ANNONCER ? Je trouve inexcusable de présenter le sommaire de votre émission pour ENSUITE dire "Voici le sommaire de l’émission”. Tout comme les messages qui sont conclus par "Ceci est un message de..." alors que cette phrase devrait PRECEDER le message.

-Je déplore la presque-disparition du futur simple. L'avez-vous remarquée, vous aussi ?

-Je tiens à crier haro sur les horreurs telles que "permettre de pouvoir", "davantage que", "moindre que", le subjonctif après le verbe espérer... J'en passe, et des "meilleures", mais ne veux surtout pas oublier le désormais fréquent "où là" (ouh là là, plutôt !) notamment dans les bulletins météo.

-Et puis, cette mode qui consiste à accentuer la deuxième syllabe des mots est parfois perturbante.

-Enfin, quand finiront les affreux -shhhh ou -ffff qui suivent les sons de voyelles en fin de phrases ? Vous savez-shhhh, "il est midi-shhhh", "Qu'il est chou-ffff"...

Bon, j'arrête là. Merci de m'avoir lue (j'imagine...) !

Encore merci pour vos émissions, chère France Inter, notamment à Rebecca, Dorothée, Fabienne, Stéphanie, Daniel F., Michka, Ali, Denis, Antoine, Vincent... Continuez ! Prenez soin de vous !