Dans cet entretien on regrette qu'une question importante ne soit pas posée : celle de l'apprentissage de la langue. On pose comme une vérité première que les pratiques diverses de la langue sont des marqueurs sociaux discriminants (puisqu'on ne peut plus parler de "niveaux de langue" qui introduiraient la notion obsolète de mérite et d'effort vers une "langue soutenue" comme on disait dans des temps reculés), sans rappeler que l'école de la République, autrefois, réussissait à inculquer aux enfants de tous niveaux sociaux un usage maîtrisé de la langue. Pourquoi ce que l'école pouvait faire jadis, elle ne le peut plus aujourd'hui ? Car, autre bénéfice offert par le langage, l'usage par exemple des formules de politesse dans les correspondances professionnelles avait une valeur de pacification des mœurs, de civilité, et était largement pratiqué par des artisans n'ayant pas dépassé le niveau du certificat d'études. Le temps manque désormais pour elles, comme il manque pour établir une forme de langage largement compréhensible dans les échanges écrits calquer sur l'oral imposé par internet. Qui me dira ce que signifie "neurchi", que je vois désormais de façon récurrente ? Et si le propos est désormais simplement de recenser et d'accepter toutes les nouvelles pratiques langagières (tant mieux si la langue s'enrichit, bien sûr), aurons-nous encore longtemps besoin de profs ?