La nécessité d’une police…
Cette institution apparaît essentielle pour garantir le « vivre ensemble ». Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler de ce qu’était le Paris du XVIIème siècle [1][1]« Histoire et dictionnaire de la police. Du Moyen-Âge à nos…. La cité, qui avait vu, au fil des années, affluer une population toujours plus nombreuse, était devenue un véritable cloaque. Ses habitants jetaient leurs ordures ménagères n’importe où, devant les maisons ou au coin des rues. Le contenu des latrines attendait dans les jardins qu’on veuille bien en prendre livraison. Les artisans laissaient leurs matériaux (bois de construction, ferraille, tas de briques et de pierre…) s’accumuler sur la voie publique. Dans la plupart des maisons, les conduits de cheminée jouxtaient les bois de charpente et les fêtes étaient l’occasion de tirer des fusées ou de faire péter des pétards, sans que l’on se soucie des risques d’incendie.
Le métier de policier consiste bien à faire respecter les règles de vie commune et les lois qui sont votées démocratiquement. Mais, contraindre tout un chacun à vivre non selon son bon plaisir, mais en respectant les autres est source de crispation. L’on est tous prompts à exiger que la police nous protège, mais nous trouvons insupportable qu’elle nous contraigne. Quand nous nous faisons dépasser sur la route, par un chauffard, fuse « mais que fait la police ? ». Mais quand nous prenons une amende, c’est le plus souvent vécu comme une injustice.
Faire la police est une profession à risque. Entre 1989 et 1999, 130 fonctionnaires de police ont été tués en service. L’analyse des circonstances qui ont présidé à ces morts tragiques montre que 45 % des victimes ont perdu la vie lors d’un accident mortel de la circulation, 27 % à l’occasion de fusillades lors d’opération, 18 % au moment d’interpellations qui tournent mal, 15 % lors de contrôles de véhicules et 12 % pendant des interventions sur des forcenés. La fonction policière est indispensable. Mais, une société qui délègue à une catégorie professionnelle le monopole de l’exercice de la contrainte et de la violence a le droit d’exiger qu’elle respecte scrupuleusement les règles de droit.
Les Français considèrent que le gouvernement ne soutient pas ses policiers. Après la menace terroriste, les fonctionnaires ont dû gérer le mouvement social des gilets jaunes. En première ligne du mécontentement populaire, les policiers sont souvent montrés du doigt pour des violences et des abus. Mais le gouvernement soutient-il ses fonctionnaires ?
De nos jours, les policiers français vivent un véritable paradoxe : ils peuvent être acclamés et susciter des vocations un jour – suite aux attentats terroristes, par exemple – et le lendemain être insultés, agressés voire menacés de mort, quelques fois par les mêmes personnes qui les avaient portés aux nues la veille.
Comment peut-on exercer sereinement son métier, quand on passe aussi subitement du statut de héros à celui d’ennemi, et que l’opinion publique « change de camp » au gré de ses émotions ? La peur se transforme en amour et la contestation en haine.
L’image de la police, surtout auprès des jeunes, est une problématique des plus importantes pour la cohésion de notre société. Quand une partie de la population n’entretient plus que de la méfiance à l’égard de ceux qui sont censés la protéger, c’est que le malaise est grand et qu’il est plus que temps d’y remédier.
L’insécurité, grande gagnante
Cette partie de la population, c’est principalement celle des quartiers, qui se sent de plus en plus dégradée et stigmatisée, car dans les banlieues – il faut en avoir conscience – la minorité est majoritaire démographiquement parlant. Elle vit plus difficilement que par le passé dans des zones appauvries, gangrenées par le chômage et la délinquance.
Arriverons-nous à trouver le bon équilibre ?