Dans le flot de courriels reçus cette semaine du 8 avril, des auditeurs pointent des séquences politiques électorales exclusivement masculines : dimanche, soirée France Culture animée par deux hommes, et lundi, matinale de France Inter avec six hommes invités.

« Ce lundi matin sur France Inter les invités politiques sont des hommes. Normal faut emmener les gosses à l’école et puis tout ça c’est compliqué quand même… » 

« Une raison particulière de n’avoir choisi que des hommes pour cette édition spéciale France Inter ? » 

« En tout cas c’est sympa la diversité « cinquante nuances d’hommes blancs »… » 

« Il y a un problème avec les femmes politiques ? Elles avaient toutes tricot ? » 

« Et les femmes ? Où sont-elles ? Vous êtes désespérants … » 

« France Inter, ça ne vous tente pas d’inviter des femmes ? C’est quoi le problème ? » 

« Encore une belle entorse à la parité. Un couple masculin orchestre la soirée de l’élection sur France Culture et le plateau est, encore une fois, à majorité masculine. Aucune surprise mais immense ras-le-bol de ce mansplaining qui sévit sur Radio France. La quasi-totalité des émissions sont pilotées par des hommes sur France Inter et Franceinfo. Les voix masculines dominent dans toutes les émissions. La discrimination à l’égard des femmes continue sur les radios publiques. Rien ne change. C’est désespérant. Vous ne contribuez pas de la sorte à défendre les droits des femmes. Ce n’est pas à Radio France que les jeunes filles trouveront des modèles, modèles nécessaires à leur épanouissement.  Votre déni est une insulte et une injustice à l’égard des femmes. » 

Ces messages très à charge méritent d’être relayés, ils reposent sur des constats que chacun peut faire quant à la soirée et la matinale électorales mentionnées, cependant le dernier courriel appelle la nuance car si les deux premières phrases sont recevables, le reste du propos est construit à partir d’impressions, de simples perceptions, il n’est en rien factuel et ne repose pas sur une étude méthodologique sérieuse. 

Or cette étude est menée et présentée par l’ARCOM (ex- CSA) dans un rapport fait chaque année sur la place des femmes dans les médias à retrouver ici. Il s’avère que Radio France fait mieux que la moyenne télé et radio sur le pourcentage de voix de femmes à l’antenne : 44% pour Radio France et 43% pour la moyenne télé et radio. Parmi les chaînes généralistes, France Inter présente le taux de parole des femmes le plus élevé à la radio en 2021 : 43 % (+4 points par rapport à 2020), devant RFI (40 %, +4 points), Europe 1 (40 %). Pour Radio France, l’ARCOM note une augmentation du temps de parole des femmes conséquente depuis deux ans : FIP (79 % soit +9 points), Mouv’ (35 % soit +8 points), France Inter (43 % soit +7 points), France Culture (39 % soit +2 points) et Franceinfo (33 % soit +2 points). 

Si l’on détaille les résultats de trois études sur l’année 2021, illustrant les efforts de Radio France en matière de parité : 

En septembre et octobre 2021, le pourcentage de voix de femmes sur les antennes de Radio France s’élève à 44%, en progression de + 1,5 point par rapport à 2020.  
La méthodologie a été la suivante : deux personnes ont suivi l’ensemble des programmes diffusés sur 6 antennes du groupe (sauf France Bleu) pendant deux mois : septembre et octobre 2021 à la demande de l’ARCOM) 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 en prenant en compte les présentateurs/présentatrices, les animateurs/animatrices, les chroniqueurs/ chroniqueuses, les invités-ées politiques et autres intervenants.  
A noter que le pourcentage de voix de femmes dans les catégories présentateurs/présentatrices et chroniqueurs/chroniqueuses tend à la parité avec 45,8% de voix de femmes, en progression par rapport à 2020 : 45%. Quant aux expertes, on note une progression de + 7 points par rapport à l’année dernière : 38% en 2020 –> 45% en 2021.