Bonjour Monsieur DENAES,

Je suis un fidèle auditeur de France Inter depuis 40 ans et j'en ai 50. Je suis "accro" à cette radio en raison de son ton, de la qualité de ses programmes, de l'absence de publicité... Quelle que soit la plage horaire, je ne suis jamais déçu ou plutôt je n'étais jamais déçu. Ce matin, la ligne éditoriale des informations relatives au référendum sur le projet d'aéroport à Notre Dame des Landes m'a fait sortir de mes gonds. La parole n'a été donnée qu'aux partisans du "non" qui ont pu faire une succession de plaidoyers pro domo. Lors des journaux de 7, 8 et 13 heures (je n'ai pu écouter les autres), pratiquement seuls les opposants ont eu droit à l'antenne à l'exception du président de la région Pays de La Loire à 08h00. Jamais un habitant d'une localité riveraine de l'actuel aéroport victime des nuisances sonores n'a pu s'exprimer. Jamais un expert de l'aéronautique n'a pu nous expliquer les options entre les deux projets, il y a pourtant de très bons intervenants comme Michel Polacco ou Gérald Feldzer. A 07h20, la chronique Planète environnement a logiquement remis en cause le processus d'utilité publique. Le billet de Charline Vanhoenacker a également été à charge contre l'aéroport mais aussi contre le référendum. Charline était jusqu'à récemment très drôle dans ses billets, mais certains sujets d'actualité lui ont fait perdre son très bon sens de l'humour belge au profit d'un discours quasi haineux (nuit debout, loi travail, NDDL...). Nous avons droit à de la "marteau thérapie" nous ressassant sans cesse que nous sommes d'affreux réacs, des débiles profonds n'ayant pas droit à la parole si nous ne partageons son point de vue. Je digresse excusez moi mais J'aime tellement France Inter que je réagis avec mes tripes. Il faut prendre exemple sur Thomas Legrand dont l'édito du jour était excellent.

Merci de transmettre ce billet pour un plus grand équilibre dans le traitement de l'information.

La Médiatrice Radio France vous répond
01/07/2016 - 11:18

Nous avons demandé à Patrick Cohen d’apporter une réponse à vos nombreux messages consécutifs à l’interview de Cécile Duflot. La voici :
« L’interview de Cécile Duflot lundi dernier, a pris un tour plus vigoureux, plus rugueux que d’ordinaire, je l’admets bien volontiers. Et si j’ai pu heurter les convictions de certains d’auditeurs, ou leur donner l’impression de prendre parti contre l’invitée au-delà du jeu normal d’une interview contradictoire, j’en suis désolé.
Mais la subjectivité dont j’ai pu faire preuve résulte d’une situation tout à fait exceptionnelle : celle d’une responsable politique ayant participé à une consultation démocratique et qui affirme que le résultat n’étant pas conforme à ses souhaits, il ne l’engage pas et doit être considéré comme nul et non avenu. J’ai ressenti là -réaction à la fois de journaliste et de citoyen- un mépris de démocratie qui me parait bien plus important que le mépris que Mme Duflot a cru percevoir dans l’un de mes sourires…
Il était dès lors plus facile pour l’ancienne ministre d’accuser son interlocuteur d’être partisan et défenseur du projet de transfert d’aéroport que d’expliquer son revirement à l’égard d’un scrutin qu’elle avait accepté jusqu’à ce que les urnes lui soient contraires.
Cécile Duflot, de surcroît, sait parfaitement que le dossier est bien plus complexe que l’opposition entre gentils écolos et méchants bétonneurs. Que l’actuel aéroport génère nuisances et pollution importantes. Et que le projet d’aujourd’hui -relancé par Lionel Jospin et Dominique Voynet en 2000- n’a plus rien à voir avec l’idée des années 60 de raccourcir la route transatlantique du Concorde. Dire le contraire relève de la mauvaise foi. Et, en questionnant TOUS les arguments (j’ai demandé le lendemain à Alain Juppé si Notre-Dame-des-Landes n’était pas un projet du XXème siècle), mon rôle est aussi de traquer la mauvaise foi.