Je suis souvent déçu et irrité par la pensée simpliste, binaire, manichéenne, de vos journalistes, qui visiblement ne parviennent pas à se détacher des clichés qui se forment dans l'actualité au point de scléroser la pensée. Je ne m'étendrai pas sur les "violences policières", expression reprise telle quelle et sans guillemets par vos journalistes depuis qu'elle est devenue un slogan et un thème de prédilection des activistes et des populistes d'extrême-gauche.
Toute la journée d'hier, c'était, sans réserve ni nuance les "propos racistes", voire les "propos injurieux" proférés par l'arbitre roumain, lequel aurait dit : "Le noir là-bas. Allez voir qui c'est. Le noir là-bas, ce n'est pas possible d'agir comme ça". A la suite de quoi un des joueurs francophones, entendant le mot "negru" (noir en roumain), aurait compris "negro", ce qui serait évidemment injurieux et raciste. La façon dont s'est exprimé l'arbitre roumain était peut-être maladroite, dépassée, indélicate dans le bouche d'un officiel, etc, mais honnêtement, on ne peut pas parler de "propos racistes". L'expression est ici complètement impropre.
Quand je parle de pensée binaire, je veux dire que vos journalistes, dans cet exemple, pensent en termes de bon / mauvais, bien / pas bien, raciste / pas raciste; il suffit d'un mot malheureux "le noir" pour basculer du mauvais côté, il n'y a rien entre les deux, alors que si la réaction des joueurs sous le coup de l'émotion est compréhensible, le travail de vos journalistes aurait été de remettre les choses à leur juste place. Il suffisait de dire que l'arbitre avait désigné l'entraîneur par sa couleur de peau, sans porter de jugement de valeur, mais non, au nom d'une bien-pensance qui s'interdit la nuance, il faut qu'on colle une étiquette sur les comportements. On voit cela à longueur de temps dans l'actualité mais vos journalistes, en tant que professionnels de l'information, devraient se dégager de ce mode de pensée. Il faudrait aussi que le choix de leurs invités soit un peu plus éclairé. On a entendu hier les propos délirants de l'un deux, militant de la lutte anti-homophobe / antiraciste / anti-violences policières, anti-tout, dire qu'on regardait courir les noirs (les footballeurs) comme les propriétaires terriens regardaient courir leurs esclaves; votre collègue en était toute gênée et a tenté un timide "euh… ce n'est pas la même chose". Pan sur le bec ! Ça n'était pas un grand moment de radio et on aurait préféré un invité capable de faire la part des choses et d'analyser in-tel-li-gem-ment l'incident de la veille.
J'ajouterai qu'à vouloir trop en faire, on finit pas discréditer les plus nobles causes, et nous sommes bien d'accord que l'antiracisme en est une.