Madame, Monsieur,
C’est toujours un plaisir de commencer la journée en votre compagnie. Merci à toute l’équipe du 7/9.
Inquiète depuis que j’ai reçu les dernières nouvelles de Mayotte (île où j'ai vécu de 1998 à 2014 et où j'ai encore de nombreuses attaches), je vous envoie une question que j’aimerais poser à un représentant du gouvernement français, si par hasard vous en receviez un dans les prochains jours.
Merci, si vous le pouvez, de faire écho à cette information sur la situation sanitaire à Mayotte, sur les répercussions de cette situation pour la métropole.
Sans surprise, Mayotte se trouve dans une situation sanitaire inquiétante. Sans surprise dans la mesure où avec la meilleure volonté du monde le personnel de santé sur place ne peut faire des miracles avec les moyens dont il dispose. (Pour info, lire l’article de Grégoire Mérot dans le Monde du 22 février dernier).
Sans surprise aussi par rapport à la philosophie de vie des mahorais. C’est un fait. Actuellement l’île est confinée, les élèves ont des classes virtuelles, les professeurs qui jouent le jeu, ne réussissent pas à joindre tous leurs élèves et lorsqu’ils contactent les parents, certains répondent que les enfants sont à l’école coranique.
Il y a six jours le taux d’incidence (moyenne de l’île, sur Mamoudzou, chef lieu du département, il est plus élevé) était de 875,9 cas pour 100 000 habitants.
Pour moi l’annonce, début février, du confinement de la population a été un petit soulagement. Savoir ceux que j’aime « à l’abri chez eux » me rassurait. Imaginer que le transport aérien contrôlé était un autre sujet d’apaisement.
En fait, ce contrôle n’a pas été très performant dans la mesure où un grand nombre d’irresponsables a cru bon de transgresser les règles de bon sens et a quitté l’île pour aller en métropole, à la montagne, etc…Il y a eu tellement d’abus qu’il se murmure que le recteur de Mayotte a demandé une enquête sur les enseignants qui ont quitté leur poste.
Les vacances sur l’île commencent à la fin de la semaine. Le préfet devrait s’exprimer demain pour annoncer la signature d’un décret qui fixera des conditions plus strictes pour quitter le territoire. Décret qui s’appliquera à compter du 3 mars. C’est à dire que jusqu’au 3 mars les habitants de Mayotte vont pouvoir quitter l’île et entrer sur d’autres territoires « assez facilement », prenant ainsi le risque d'essaimer le virus. Ce risque est délibérément pris par les autorités. Je comprends que le préfet laisse partir du monde, il se donne un peu d’air, gérer la situation actuelle est ultra délicate, mais un homme responsable, citoyen aurait eu le courage d’aller au bout de sa démarche, il aurait demandé une mise en « quarantaine » effective de dix jours (ce variant est particulièrement contagieux) des personnes qui sortent du territoire mahorais.
Ma question : « Mesdames, Messieurs, qui avaient sollicité la confiance des français, qui avaient souhaité prendre part à la conduite de notre pays, que pensez-vous de la gestion de la situation liée au Covid 19 à Mayotte ? Allez-vous cautionner des agissements si peu judicieux ? Le temps presse, il faut réagir dans l’urgence sous peine de voir la situation générale française s’aggraver encore, et avec cette aggravation l’espoir du retour à une vie normale s’éloigner encore. Comme tous les habitants de la Terre concernés par la pandémie du Covid 19, je n’aspire qu’à retrouver cette vie « normale », qu’à voir mes semblables retrouver leur vie, mais avant cette étape ne faudrait-il pas commencer par agir avec bon sens ? Ne faudrait-il arrêter de nous prendre pour des buses ? Ne faudrait-il pas avoir la décence d’éviter d’offrir aux français ce spectacle lamentable de pré-campagne électorale ? Que croyez-vous que la maman, la grand-mère que je suis pense lorsqu'elle prend connaissance du dernier coup de pub de son président (Mcfly et Carlito). J’ai peur pour ceux que j’aime, j’ai mal de voir les restaurants, les cinémas, … fermés et d’imaginer la détresse de ces hommes, de ces femmes, de leurs familles privés d’activité, de ressource, d’espoir. Dans une situation pareille, il n’y a pas de droite, pas de gauche, il y a des hommes, des femmes, des enfants dans la difficulté et dans l’intérêt général ne faut-il pas agir avec sa tête ! ». Dans l’article 4 de la Déclaration du 26 août 1789 des droits de l’homme et du citoyen ne lit-on pas : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. ».
Je vous adresse ce message comme on lance une bouteille à la mer et parce que j’ai une haute opinion du métier de journaliste.
Cordialement.