Je me permets de vous écrire sur votre analyse du journal de 13h sur la situation en Bolivie. Vous n’avez pas expliqué très clairement, il me semble le contexte qui a amené les récentes manifestations en Bolivie (référendum contre le quatrième mandat d’Evo Morales en 2016, la modification de la constitution en dépit de ce refus démocratique en 2017, et enfin les rapports de l’OEA et de l’entreprise chargée de l’audit du processus informatique de l’élection d’octobre 2019). Vous parlez aussi des violences qui ont eu lieu à La Paz ce jour et la veille laissant entendre qu’elles étaient provoquées par l’opposition alors que les partisans du MAS en sont à l’origine. Cela me parait un peu dérangeant. Sébastien Velut votre « spécialiste » laisse entendre que la démission de Morales est un coup d’état organisé para l’opposition de droite blanche... Je ne sais pas s’il a visité la Bolivie récemment mais je suppose que non, car personne avec un peu de connaissance de la situation (même avec une affinité pour le MAS et Morales) n’oserait affirmer cela sur une radio publique. Bref je vous accorde de bénéfice du doute en supposant que votre analyse est due à un manque de renseignements et non à une extrême mauvaise foi . Je sais que la Bolivie est un petit pays qui n’intéresse personne et que du coup on peut se permette de dire n’importe quoi même sur France Inter. Mais du coup si c’est pour faire ça... vous savez... à la limite n’en parlez pas! Programmez vous un petit séjour là bas quand la situation se calmera et allez interviewez quelques personnes « non blanches » pour vous faite une opinion un tout petit peu plus informée. Et ce sera facile d’ailleurs, je pense n’avoir quasiment jamais croisé une personne « blanche » en Bolivie... ce qui me fait me demander comment la fameuse « élite blanche » a bien pu être à l’origine des manifestations énormes qui soulèvent le pays depuis trois semaines (thèse de votre spécialiste).

La Médiatrice Radio France vous répond
15/11/2019 - 19:12

Voici la réponse d’Olivier Poujade :

Chers auditeurs, chères auditrices,

Plusieurs journalistes travaillent sur la situation bolivienne depuis quelques semaines. Ils ont bien pris note de vos différents points de vue sur notre couverture de cette actualité.

Tous tiennent à vous alerter sur le fait, comme vous les savez, que le contexte bolivien est particulièrement sensible, compliqué pour ne pas dire opaque. Sur ce sujet, 4 journalistes ont été amenés à évoquer la situation avec un maximum de prudence : Alice Campaignole, notre correspondante à La Paz (source incontournable sur le terrain), Olivier Poujade, spécialiste Amérique Latine à la rédaction internationale, Jean-Marc Four, notre éditorialiste en politique étrangère et  Fabienne Sintès la présentatrice  du 18/20 de France Inter. Lors de nos différentes interventions, nous avons surtout souhaité faire émerger toutes les interrogations qui ont apparues à la suite du départ précipité d’Evo Morales. Quelles ont été les erreurs commises par l’ancien président ? Pourquoi a-t-il été poussé vers le départ alors qu’il venait de convoquer de nouvelles élections ? Qui est à la manœuvre pour officialiser l’intérim de Jeanine Anez alors que le quorum n’était pas réuni ? Nous avons également évoqué le contexte régional, en rappelant sur France Info la volonté des Etats Unis de se repositionner en Amérique du Sud.

Dans une crise politique comme celle que traverse aujourd’hui la Bolivie, il nous apparait essentiel de mettre en lumière les questions qui sont nées des faits politiques et sécuritaires extrêmement troublants. Nous continuerons d’essayer de vous éclairer avec prudence, en nous donnant le temps nécessaire pour que nos informations (même si elles n’apparaissent parfois pas suffisamment satisfaisantes) ne soient pas déformées et altérées par les violentes guerres de « fake news » qui éclatent, désormais systématiquement, dans ce genre de situation.

Bien à vous,

Olivier POUJADE

Grand reporter Amérique Latine

Chef adjoint Pôle Monde Rédaction Internationale RADIOFRANCE