Monsieur,

 

L’actualité de cette région vous a amenés à
lui donner une bonne place dans vos différents journaux (ou émissions).
Malheureusement, vous ne fournissez ni explications, ni analyses complètes.

A vous écouter (ou lire), c’est comme si les violences avaient commencé avec
l’assassinat des deux colons près de Ramallah le 1er octobre. C’est
oublier l’électrochoc qu’a provoqué en Palestine en août, le cas du bébé
Dawabsha et de ses parents brûlés pendant leur sommeil par des colons, qui ont
été identifiés mais jamais arrêtés. C’est aussi oublier les assassinats de
Palestiniens qui se succèdent au fil des mois dans une totale impunité et
une  quasi ignorance médiatique.

 

Il est important de relever le déséquilibre
du nombre des victimes (7 morts israéliens, 45 morts palestiniens au matin du
19 octobre).  Et de noter le nombre de jeunes Palestiniens tués alors
qu’ils manifestent sans arme, comme ces 7 jeunes de Gaza qui lançaient des
pierres contre la frontière  ou ce jeune de 13 ans, Abd al-Raham, du camp
d’Aïda tué au retour de l’école, devant le bureau de l’UNWRA, par des snipers
israéliens postés à 100 m.

 

Il est essentiel aussi de montrer  la
violence quotidienne que subissent les Palestiniens et d’écouter le cri de la
journaliste israélienne Amira Hass, journaliste au quotidien Haaretz « Les
Palestiniens se battent pour leur vie, dans le plein sens du terme. Nous, juifs
israéliens, nous battons pour notre privilège en tant que nation de maîtres,
dans la pleine laideur du terme. »
Ou lorsqu'elle ajoute « Les
jeunes Palestiniens ne vont pas se mettre à assassiner des juifs parce qu’ils
sont juifs, mais parce que nous sommes leurs occupants, leurs tortionnaires,
leurs geôliers, les voleurs de leur terre et de leur eau, les démolisseurs de
leurs maisons, ceux qui les ont exilés, qui leur bloquent leur horizon. Les
jeunes Palestiniens, vengeurs et désespérés, sont prêts à donner leur vie et à
causer à leur famille une énorme douleur, parce que l’ennemi auquel ils font
face leur prouve chaque jour que sa méchanceté n’a pas de limites. »
.
Donnez-lui la parole, elle connaît les deux sociétés israélienne et
palestinienne et parle vrai.

 

Alors que les attaques au couteau sont
montées en épingle, le fait politique majeur qui demanderait à être montré et
analysé, c’est l’engagement massif de la jeunesse palestinienne dans une
nouvelle révolte contre l’occupation. Laquelle, comme celle des années 80, est
réprimée de façon sanglante par un Etat qui refuse de s’interroger sur les
causes de la révolte. Tout simplement parce qu’elles sont trop
évidentes et qu’il en est directement responsable : refus de toute
solution politique, blocus inhumain de Gaza, colonisation et accaparement des
terres palestiniennes, destructions de maisons et « judaïsation » de
Jérusalem, provocations sur l’esplanade des mosquées pour amener le conflit sur
le terrain religieux pour le rendre insoluble.

 

Autre point essentiel,
 les mesures  prises par le gouvernement Netanyahou (tir à
balles réelles sur les jeunes qui jettent les pierres - permis officiel de
tuer- , démolitions des maisons des familles de ceux qui sont impliqués dans
des attaques au couteau, fermeture des quartiers palestiniens de Jérusalem)
méritent au minimum un constat : il s'agit de punitions collectives et
d’un recul de l’état de droit, au profit d’une justice expéditive qui ne
s’encombre ni d‘enquêtes ni de procès.

 

Comme le dit le journaliste israélien Gidéon
Lévy, « Tous ceux qui se sont imaginés qu’Israël pourrait éternellement
continuer sur sa lancée et que les Palestiniens continueraient à baisser la
tête, à se soumettre indéfectiblement, tous ceux-là n’ont jamais ouvert un
livre d’histoire ».

 

Je vous invite donc à ne pas tenir pour
établies les informations fournies par le Maire de Jérusalem qui invite les
juifs israéliens à s’armer, non plus que celles des communicants de l’armée
israélienne qui n'ont qu'un seul objectif, déshumaniser leurs victimes.

 

D'autres sources d'information (dont le
journal israélien Haaretz, des associations israéliennes et palestinienne, les
associations françaises qui connaissent le terrain depuis des années)
s’offrent  à vous ; ne leur fermez  pas la porte au nez. Il en
va de votre crédibilité.

 

Meilleures salutations.