Trop émue pour appeler, je tiens à témoigner l'importance que l'équipe de Charlie a eu dans ma vie: née il y a 52 ans, j'ai grandi avec les dessins de Cabu, Reiser, Wolinski qui paraissaient dans Charlie Mensuel que lisaient mes parents, je ne comprenais pas tout mais adorais la poésie du Grand Duduche ou de Topor, l'humour si noir de Reiser, écologiste de la première heure et Claire Brétécher; adolescente je me suis formée à leur esprit en lisant Pilote ou A suivre et en m'abonnant à Charlie Hebdo quand il est reparu : La bande à Charlie a accompagné toutes mes années d'études: toujours Cabu, Siné, Wolinski toujours, mais aussi Tignous, Riss, Honoré, Luce Lapin, Coco, Onc Bernard, la lettre de Renaud et Charb. Je n'étais pas toujours d'accord avec certaines affirmations, mais adorais l'esprit, et même loin de France, où me conduisaient mes recherches doctorales, en Grèce, à Chypre, je recevais mes Charlie que mon père me faisait suivre... Je voyais la stupeur quand mes amis européens ou américains découvraient le ton libre et provocateur du journal, absolument unique et qu'ils pensaient impossible chez eux. Je comprenais que Charlie c'était cela un des étendards de l'esprit des Lumières, tout autant que Voltaire ou Diderot le droit de tout dire, de tout débattre et tant pis si ça ne plaît pas, l'important est d'écrire et dessiner libre. En janvier 2015, une partie de ma vie s'est arrêtée quand l'horreur, l'innommable s'est produit, mes amis, ma famille assassinée, je n'arrive toujours pas à parler d'eux sans pleurer et ai espéré longtemps me réveiller de ce cauchemar... heureusement les héros ne meurent jamais et le phénix renaît toujours de ses cendres, cher Riis, chère Coco chers amis de Charlie continuez, on sera toujours avec vous, malgré les fous de dieu qui rodent avec leur faux, il faut tenir, vous êtes notre famille, vous êtes la liberté, et on n'a jamais eu tant besoin de vous maintenant. Longue vie à vous et portez-vous bien.