Je crois que je suis en train de tomber en dépression…. Ou si ce n’est pas en dépression que je tombe c’est dans autre chose, dont je ne connais pas le nom et que je place sous la coupe du mot dépression parce qu’au fond je n’y connais rien moi à la dépression, je ne suis pas psy…. Mais ce qui est sûr c’est que je tombe, je tombe, encore et encore, et je crois toujours que j’ai touché le fond, le bout, la fin, ça fait déjà un bon moment que je tombe alors je vais finir par m’arrêter, mais non, jour après je tombe un peu plus bas, ou bien un peu plus loin de la personne que j’étais « avant ». Jour après jour, heure après heure, minute après minute, la jeune femme joyeuse, avide de croquer la vie et de goûter à tout s’efface, se fait flou, disparait, s’éloigne, me fuit et j’ai beau me sourire dans le miroir, me dire que c’est pas grave, que ça va aller que malgré tout j’apprends encore de belles choses, j’ai beau m’accrocher à mes lectures, comme je le faisais quand j’étais au collège, pour m’isoler au maximum du monde extérieur que je ne voulais pas voir, d’une réalité que je ne voulais pas vivre. Mais lire Simone De Beauvoir, raconter dans les mémoires d’une jeune fille rangée, comment à 20 ans elle décida de croquer la vie, ne fait que me rappeler que moi je ne le peut pas, j’aurais 20 ans en janvier et je ne peux pas passer des après-midi à errer dans les grandes bibliothèques de Paris, à débattre pendant des heures avec mes amis autour d’un café sur une terrasse bondée du quartier latin, non je ne peux pas aller au théâtre, au cinéma découvrir les grands et les petits artistes de ce monde… Je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas ! J’ai beau dévoré cette magnifique BD sur la grande Joséphine Baker qui n’était au départ qu’une pauvre petite rêveuse perdue dans les rues de Saint Louis… rien n’y fait, chaque jour je m’enfonce un peu plus. Rien ne contrecarre ce sentiment d’injustice, de tristesse non comprise, de temps volé, de temps perdu à m’enfoncer, moi qui avais la vie, enfin, que je voulais. La jeunesse, le grand coupable dans cette crise, qui n’a pas su se contrôler, ces jeunes qui se croient plus fort que tout et ne respectent rien, ont continué de faire la fête comme si de rien n’était, au fond ils ont osé s’amuser, trouver du rire au fond de cette crise !! Mais si seulement c’était vrai, si au moins on en avait profité un peu, mais qu’importe la vérité puisqu’il faut toujours un coupable : les chômeurs, les migrants ou les jeunes, cette fois ce fut les jeunes, la jeunesse… moi. Mais on n’est pas sorti, on faisait qu’aller en cours tant qu’on le pouvait, je mourrais d’envie de serrer mes amis dans mes bras, j’ai toujours eu besoin de câlin moi, et je ne me suis pas laisser le droit, moi la tactile je me suis retenue, je suis allée une fois au théâtre depuis le début de l’année, 3 fois au café, 2 fois chez une amie, pour travailler, jamais en soirée… Alors on me dira « mais d’accord toi t’es pas comme ça, t’es une jeune femme responsable et bien élevée, mais y en a… tu sais… ils ne respectent rien » … Mais ce n’est pas parce que 3 ou 4 imbéciles qui passent à la télé, relayer en boucle par les médias, ont dit qu’ils n’en avaient rien à faire que tous les jeunes sont comme ça ! Ce n’est pas parce qu’un jeune est idiot que tous les idiots sont jeunes ! Mais « qu’on ait 20 ans qu’on soit grand-père quand on est con, on est con » comme le chantait Brassens, et voilà plus personne n’écoute Brassens aujourd’hui ou quoi !? Et voilà, je suis jeune, femme, et j’écoute Brassens donc toutes les jeunes femmes écoutent Brassens !!! Mais non ! La bêtise n’a pas d’âge, pas de frontière, pas de langue, pas de couleur de peau, pas de classe sociale, pas d’époque, elle est la chose la mieux partagée du monde, alors non, la jeunesse française en tant de pandémie, n’en a pas le monopole !