J'ai été assez choqué, en tant que critique (et professeur de Lettres en collège), de lire un extrait de l'émission La dispute. Voici ce que disait Monsieur Laporte : "Je me demande s’il y a encore un éditeur aux éditions de Minuit. Pour moi il y a tellement de scories, j’y vois un décalque, un pastiche. Je suis admiratif des gens qui publient de beaux livres à un si jeune âge. Ce n’est pas Pauline Delabroy-Allard qui est cause, mais pour moi un livre doit m’arriver fini entre les mains."
J'ai eu la chance de travailler à la Quinzaine littéraire sous la direction de Maurice Nadeau. Depuis, je continue d'écrire, notamment pour En attendant Nadeau. Je m'interdis de démolir un premier roman, de parler de "beau livre" pour le critiquer en parlant de pastiche, de scories ou de décalque.
Un auteur de premier roman, c'est comme un enfant, c'est fragile. Mieux vaut ne rien dire que dire du mal. Sauf si on veut faire du bruit, ce qui semble bien nécessaire à l'émission de Monsieur Laporte.
Cela dit, j'ai peut-être tort de voir là une critique du roman de Pauline Delabroy-Allard ; visiblement Monsieur Laporte a des reproches à faire à Irène Lindon. Mais qu'il s'attaque alors à tout ce qu'elle fait. Elle publie aussi des auteurs remplis de scories comme Tanguy Viel, Laurent Mauvignier ou Jean Echenoz...

La Médiatrice Radio France vous répond
18/09/2018 - 20:50

Voici la réponse d’Arnaud Laporte :

Cher Monsieur,

Je pense qu’il aurait été préférable que vous écoutiez cette émission plutôt que de vous baser sur le verbatim des propos d’un seul des quatre intervenants.
J’ai pris la parole en dernier, après que mes camarades ont dit le plus grand bien de ce livre et de son auteur.
Après ce concert de louanges, j’ai émis un certain nombres de réserves, que vous citez pour partie dans votre courriel.

Mon émission n’a aucun besoin de « faire du bruit », mais peut-être n’avez-vous pas connaissance de son principe de base : un débat critique autour de l’actualité culturelle.

Quand j’ai connaissance qu’un film sans grand moyen, un spectacle dans une petite salle, un premier roman, a été unanimement peu apprécié par les critiques prévus pour en parler dans mon émission, je déprogramme le sujet en question, car je pense qu’il ne faut en effet pas « attaquer » des œuvres fragiles. Je ne vous ai pas attendu pour cela.
Concernant Irène Lindon, je n’ai pas de contact avec elle, donc vous vous trompez là encore, et me faites donc un deuxième procès d’intention. Auriez-vous un différend avec moi, dont j’ignorerais tout ? N’hésitez pas à me le faire savoir.
Et sachez aussi, puisque vous semblez ne pas du tout connaitre l’émission dont j’ai la charge, que des propos peu laudateurs ont pu y être tenus à l’égard d’ouvrages de Tanguy Viel, Laurent Mauvignier ou Jean Echenoz, pour reprendre les noms que vous citez.

 

Bien à vous,
arnaud Laporte