Cher Augustin Trapenard,
j'ai écouté avec attention votre émission de ce jour, mardi 29 mars.

J'ai été profondément ému par la très belle lettre que François Berléand a lu. La lettre de reconnaissance et de gratitude de Camus à son instituteur. C'est magnifique et tellement juste. Merci à vous, infiniment, d'avoir réalisé cette émission. Je les écoute souvent, mais aujourd’hui vous avez permis de mettre en lumière ce travail de l'enseignant, travail de "préparation " de la terre que chacun·e travaillera à sa façon, rendant possible la germination des graines qui sont présentes en chaque enfant, en chaque adolescent, en chaque jeune femme ou jeune homme.

Souvent, j'ai pensé à notre travail d’enseignant. Un artisan, un créateur, un artiste voit le fruit de son travail, son œuvre... Que voit l'enseignant ? Il ou elle essaie d'éveiller dans ses élèves ou ses étudiants, ce qui leur permettra de réaliser leurs aspirations, leurs désirs, leur ligne de vie. Mais... une fois la classe finie, une fois les élèves partis, quel retour avons-nous ? Comment savoir si leur vie a été heureuse, réussie, si notre travail a porté ses fruits ? Comment voir "l’œuvre" de notre travail ?

Camus, dans sa grande intelligence, après avoir reçu le prix Nobel de littérature, sait à qui il doit sa trajectoire... Il ne se trompe pas. Il est reconnaissant, avec une grande sincérité, à celui qui a cru en lui et qui lui a permis de faire germer ces grains qui étaient en lui. De même, je me souviens avoir écouté Cédric Villani qui, après avoir reçu la médiale Fields pour ses travaux en mathématiques, a exprimé publiquement sa reconnaissance envers ses professeurs de mathématiques, particulièrement sa professeure de Terminale (qui était dans la salle, très émue aussi).

Ne nous y trompons pas, je ne dis pas que ces professeurs ont fait ce que ces génies ont seuls été capables de réaliser par leur intelligence et leur travail. Je dis juste qu’ils ou elles ont balisé le chemin, mis des lumières sur le sentier de leurs élèves, préparé la terre, pour que puisse se réaliser ce que leurs élèves avaient en eux ou en elles. Et, lorsque viennent ces mots de reconnaissance, les professeurs, les instituteurs ou institutrices, sont comblé.·e·s. Car, voyant le résultat de leur travail, ils et elles reçoivent, avec bonheur, la chaude lumière d'un merci qui éclaire ce travail obscur, peu visible, souvent décrié, de l’enseignant au service de ses élèves.

Alors, cher Augustin, merci de ce que vous faites, de votre intelligence et de votre sensibilité, de la lumière et de l'éclairage que vous nous apportez, jour après jour, dans vos émissions. Certains se moquent de vous (c'est bien, il faut des humoristes), vous traitant d'intello, etc. Peu importe, "le rire est la source du bonheur" dit un proverbe chinois. Mais moi je sais aussi vous dire merci.

A bientôt, cher Augustin, pour vous retrouver sur France Inter. Poursuivez votre chemin sans faiblir. Je vous souhaite le meilleur, pour votre vie professionnelle et pour votre vie amoureuse (je sais que vous avez parlé de votre solitude, je ne sais où vous en êtes mais vous trouverez un jour l'homme qui vous convient, cela ne fait aucun doute).