cela fait bien longtemps que j’ai envie de vous écrire. D’ailleurs je me suis essayé à l’exercice de nombreuses fois, mais jamais je ne suis allé au bout de la démarche... Me lirez-vous seulement ? Tant et tant ont des comptes gérés en leurs noms par quelques community managers, admirateurs voire même cousins éloignés ! Mais après tout qu’importe, je n’attends pas vraiment de réponse et j’aurai au moins le sentiment d’avoir fait une chose qui me tient à cœur. Aujourd’hui j’ai écouté votre chronique sur Madame Anne Sylvestre et je n’y tiens plus : je dois vous dire toute l’admiration et toute l’affection que j’ai pour vous. Vos chroniques, puisqu’on en parle, sont pour moi davantage qu’une bouffée d’oxygène, elles sont une bouée de sauvetage dans ce monde que, malgré mes 37 ans, je peine chaque jour à comprendre... Tantôt sublime, tantôt morose, hélas si souvent terrifiant, vous avez le don et le talent de vous l’appropriez avec sagacité et de le remodeler à l’aune de votre sensibilité unique et par trop rare. Je vous aime d’amour fou François Morel, parfois même de manière irraisonnée ! Maintes fois je suis allé vous applaudir à la Pépinière. Maintes fois vous m’avez fait rire aux larmes et ému... aux yeux qui picotent ! Mes parents savent depuis de nombreuses années maintenant que l’intégrale de vos chroniques sur France Inter est le seul cadeau auquel ils ne peuvent déroger à Noël ! Je n’ai qu’un reproche à vous adresser : certains de vos écrits ne sont plus édités et malgré les longues heures que je passe régulièrement à hanter LeBonCoin, je ne les ai pas tous ! Mais encore une fois qu’importe. Je sais que vous êtes là et que nous avons au minimum rendez-vous chaque semaine, chaque noël et votre existence même me rassure et m’apaise. La mort d’Anne Sylvestre m’a peiné plus que je ne l’aurai imaginé. J’ai le souvenir vivace de cette soirée où, rentrant du travail, mon père m’avait offert le disque vinyl de ses Fabulettes volume 5. Je n’étais pas bien grand pourtant mais ce disque, qui sera le tout premier que je posséderai, a été très important pour moi. Si vous n’êtes pas au fait des trésors qu’il recèle je vous invite vivement à lui accorder une oreille attentive, voire les deux ! Le racisme, le handicap, l’amitié, tellement de richesse dans un album de chansons pour enfants ! Ce n’est jamais bête, jamais facile, c’est somptueux. Je l’ai réécouté lorsque j’ai appris la triste nouvelle et j’ai ressenti cette même émotion. Je ne connais pas particulièrement bien son œuvre hormis ces fameuses Fabulettes ainsi que « Les gens qui doutent » que j’ai découvert au hasard d’une bande originale d’un film il y a quelques années et que j’ai longtemps écouté en boucle par la suite. Il n’empêche que cette dame était, étonnamment peut-être, importante pour moi. Alors quand j’ai constaté que la couverture médiatique suite à son décès demeurait très modérée, lorsqu’à l’inverse celui d’un footballeur argentin avait monopolisé l’ensemble des unes quelques jours auparavant, cela m’a peiné. Non pas que j’institue un quelconque classement dans la notoriété post-mortem mais j’aurai simplement aimé que l’on accorde la même attention à cette grande dame de la chanson, à cette artiste incroyable. Bon okay, peut être que le fait que je sois plus sensible à la poésie qu’aux exploits footbalistiques pèse sur mon ressenti... Quoiqu’il en soit j’étais chiffonné jusqu’à ce que je découvre l’hommage que vous lui avait rendu. Cela m’a rasséréné.
Donc voilà, je vais mieux et une fois encore c’est grâce à vous. Merci François. Merci pour tout. Merci pour l’humour et merci pour la tendresse. Ne changez rien.