Voyages sans limites…

« Marin, Marin qui revient de loin,
Dis-moi, Dis-moi ce qu’on voit là-bas
Là ou finissent les vagues… » chantait Anne Sylvestre

Le problème est que les marins du monde depuis un an, et plus, ont bien du mal à revenir de loin, coincés qu’ils sont sur leurs navires, prisonniers des facéties du Covid-19. La raréfaction des lignes aériennes, les frontières qui s’ouvrent ou se ferments, les périodes de quarantaines çà et là, rendent aléatoire et hautement improbable l’arrivée des équipages de relève et les retours dans les foyers, aux quatre coins de la planète.
Pendant toute cette année passée, et aujourd’hui encore, confinés à bord de leurs bateaux, ils ont assuré sur les océans le transport de toutes ces marchandises qui font tourner les usines, fonctionner notre société, assurer notre confort.
80% des marchandises échangées dans le monde utilisent le transport maritime.
Etre marin de commerce c’est embarquer sur un navire pour une durée définie à l’avance. 11 mois au grand maximum selon les préconisations internationales. A bord la semaine de travail est de 7 jours, il faut assurer le fonctionnement du navire 24 heures sur 24.
Les navires de commerce sont faits pour transporter des marchandises, les escales sont les plus courtes possible, consacrées aux opérations commerciales, les marins assurent la continuité du service même si en temps normal ils peuvent de temps en temps s’échapper à terre pour deux ou trois heures. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Le moral des marins est au plus bas, la fatigue est extrême, la sécurité de la navigation peut s’en ressentir. Voir les rapports de Seafarer Happiness Index et gcaptain ((https://urldefense.com/v3/__https://gcaptain.com/mental-health-issues-on-the-rise-for-seafarers/?subscriber=true&goal=0_f50174ef03-e26e0fed31-169982013&mc_cid=e26e0fed31&mc_eid=1f41c9be3f__;!!B6IQPYr2rLEU!FoFV1zfInr3IY-yWbjNIwKICOSitSHsSmY8C4VSGx-HTLAZdT4VJ7kQID4tRxyRRaJSmBg$ ).
Les démarches du Secrétaire Général de l’ONU, de l’OMI, des associations internationales d’armateurs, de chargeurs, de logisticiens, de distributeurs, des syndicats et même du Pape pour faire reconnaître les marins comme étant « travailleurs essentiels » n’ont pas été suivies de grands effets.
Certes en octobre dernier, le ministère français de la Mer est intervenu avec succès, auprès de l’OMI pour encourager les Etats à déclarer les zones géographiques où les relèves peuvent être effectuées, ce qui constitue une véritable avancée. Cependant, aujourd’hui encore, le problème reste entier : malgré les efforts de leurs armateurs 400 000 marins attendent désespérément la relève, la logistique pour les assurer s’apparente à des missions spéciales.
Que faire ? La solution est bien entendu la vaccination, mais chacun connaît le contexte international… Aussi, pour le moins, il faut leur témoigner notre reconnaissance leur faire savoir que nous savons qu’ils existent, que nous ne les oublions pas, leur apporter un peu de réconfort.
Au Havre, à l’initiative du Propeller Club et de l’Association Havraise d’Accueil des Marins (AHAM), une distribution de « colis gourmands » à base de viennoiseries, confitures et baguettes de pain a été initiée, un peu de douceur et de « French flavour » dans un monde bien rude.