Cher Frédéric B.,

Ta chronique de ce matin (https://www.franceinter.fr/…/le-billet-de-frederic-beigbede…) ne partait pourtant pas si mal. Google, Netflix, twitter ont compris que nous sommes entrés dans l'ère de la suggestion d'information. Comme beaucoup de monde avant toi, tu as bien noté les dérives et les cloisonnements dangereux que ces pratiques entraînent. Puis tu as lentement mais sûrement dérapé vers des clichés et des raccourcis ridicules qui auraient parfaitement trouvés leurs places dans une émission d'access prime time sur D8.

Mon cher Frédéric, cette notion pourtant simple d'algorithme que tu as eu l'air d'avoir tant de mal à comprendre te rend service tous les jours. Quand tu prends le métro, pardon, quand tu prends le taxi, c'est un algorithme qui guide ton chauffeur. Ce sont des algorithmes qui aident les médecins à mieux interpréter les IRM. Ce sont des algorithmes qui rendent ton vol agréable vers les soirées floridiennes ou tu pourras croiser ces geeks que tu crois connaitre. Cette approche existe depuis des siècles (avant même les ordinateurs), il s'agit d'un pan entier des mathématiques.

Heureusement Frédéric qu'il te reste cette prose et cette originalité qui te permettent d'enchainer en parlant "d'informaticiens boutonneux à lunettes qui ne sortaient pas de chez eux". Et de poursuivre avec une jolie tirade sur "des mecs complexés physiquement". Tu as raison, il fallait vraiment insister sur ces points et reprendre les discours de cour d'école. Dommage que tu n'aies documenté ton étude sociologique qu'à partir d'une seule référence intitulée "Big bang theory". Mais avec tes clichés, tu facilites nombre d'enquêtes policières : si le voleur était boutonneux, il s'agissait probablement d'un geek arabe !

Frédéric, parmi ces attardés et dangereux algorithmiciens, il y a des algorithmiciennes ! Après tout, tu as raison de les oublier, d'après tes clichés elles doivent probablement être moches donc inutiles puisque tu ne pourras pas leur glisser un billet dans la ficelle du string. Dommage, car certaines sont probablement en train de travailler sur une méthode de calcul qui permettra de mieux comprendre, et donc de mieux soigner le cancer.

Monsieur Beigbeider, ces quelques minutes sur une antenne de service public n'ont pas été drôles. Elles étaient presque embarrassantes quand on imagine le peu de temps qu'il a du vous falloir pour écrire ce "texte". Elles ont du choquer tous les geeks algorithmicien(ne)s qui ne cherchent pas à vous vendre des films mais à contribuer à améliorer votre vie de tous les jours. Pour compléter votre étude sociologique de haut niveau, sachez que le week end je vais faire de la planche. Je n'ai probablement pas votre réussite incroyable avec les femmes mais je pense avoir une vie normale de ce côté là. Heureusement pour moi, je n'ai pas de bouton. Comme vous pour cette chronique nauséabonde, je suis payé par le contribuable. Mais j'essaie de lui apporter des choses positives plutôt que de caricaturer et tourner inutilement en ridicule une partie de la population.

Fabien J.