Merci Ali, pour votre émotion.
Merci encore à vous et à votre équipe, vos intervenants, pour votre geste de donner la parole et pour votre courage d'écouter l'inaudible.
Le plus dur dans tout ça, derrière le silence, le tabou, l'oppression qui ne dit pas son nom et qui donne naissance à la perversité, jusque dans les systèmes sociaux, terminant ainsi de nous fermer la bouche, c'est de voir des semblables réagir en fonction du courant du moment. Ce n'est pas que la double peine, c'est la triple peine, et la dernière est désespérante si on n'y prend garde ; c'est celle d'avoir honte pour les sans courage. Oui, la honte de la victime existe, mais derrière l'apparente cause "qu'est-ce que j'ai bien fait ai pu autoriser à.…", se tient la véritable honte, celle d'appartenir à la communauté humaine, qui perpétue le pire, l'innommable, l'inaudible, cautionné par la cécité et l'impunité collective. La victime se victimise, c'est bien connu. Mais ce qui marche dans un sens marche aussi dans l'autre ; merci à votre émission et ce nouveau paradigme #metoo pour faire péter les tabous. J'ai l'espoir que les victimes sont plus intelligentes que les prédateurs et qu'elles sont fécondes d'un monde intelligent collectivement. Mon histoire est sœur de celles qui sont racontées, avec le même cheminement, et malgré l'âme et la conscience, des répétitions, d'un autre ordre, psychique. J'ai fait péter les tabous dans ma propre famille, il y a bientôt 20 ans, j'ai pris la responsabilité de me réparer, et aujourd'hui, j'ai dû atterrir sur le constat que l'expérience d'abus s'est renouvelé avec le père de mes enfants. Ce fut un abus d'un autre ordre, psychique, mâtiné de mensonges, de tromperies, d'humiliations subtiles, de manipulation mentale. Mais la facture est salée, ma fille est hospitalisée pour anorexie, sans doute réactionnel, mais il est évident pour moi qu'elle porte un symptôme né et non réglé dans le couple que j'ai formé avec son père.
Je me force à une vigilance auprès de mon fils, même s'il semble "bien tenir la route".
Comme l'a joliment dit l'un de vos invités, je suis aussi traversée par la vie et quand on ne peut plus avoir foi en la communauté humaine, croyez-moi, c'est une sacrée planche de salut.
Alors, encore, Merci pour votre émotion Ali ; en même temps que les systèmes se retournent, que vous faites votre boulot médiatique en donnant la parole et en éclatant l'isolement, vous êtes touché par les récits, par ceux qui osent raconter l'innommable et l'inaudible ; vous êtes humains, et ça me redonne foi en la communauté humaine.