Messages d’auditeurs
Vous nous avez écrit, la médiatrice vous répond
Merci d’éviter le journalisme d’opinion
18/10/2016 - 13:46
18/10/2016 - 14:40
Voici la réponse de Quentin Dickinson :
« Le courriel de ce confrère assurément objectif, indépendant, et anonyme appelle de ma part les observations suivantes :
- L’entrée en vigueur anticipée d’un traité international n’est en rien exceptionnelle ; c’est même plutôt la règle en matière commerciale ou douanière. Cependant, ainsi que je l’indique dans le texte mis en cause, elle est révocable, et peut être partielle. Dans l’hypothèse de la non-ratification ultérieure par l’une des parties, la caducité en est donc automatique.
- La question à trancher, lundi soir au niveau des ambassadeurs, était de savoir s’ils recommandaient aux ministres de conserver le calendrier prévu ou, au contraire, de reporter l’entrée en vigueur anticipée et le Sommet euro-canadien, au cours duquel devait être signé l’accord. Le consensus s’est formé sur la décision de ne pas reporter, compte tenu d’une part de l’impatience que commence déjà à manifester la partie canadienne, et, d’autre part, de la jubilation qui ne manquerait pas de s’emparer des opposants au projet, qui pourraient légitimement , mais erronément, en déduire qu’ils avaient partie gagnée. En dépit de la grande variété des arguments avancés par les contradicteurs, j’ai tenu à souligner le rôle des altermondialistes, qui est incontestablement central.
- Qui peut nier que la campagne des opposants repose sur le dénigrement du projet ? Rien que de très banal : c’est même là l’axe de toute campagne d’opposition un tant soit peu efficace à n’importe quel projet. L’utilisation du mot ‘dénigrement’ ne constitue pas le jugement de valeur qu’on voudrait pouvoir me reprocher ; c’est un simple constat.
- Qui peut nier que l’amalgame entre le CETA et le TAFTA est activement pratiqué par les opposants aux accords commerciaux internationaux ? C’est après tout de bonne guerre. Le recours au terme ‘amalgame’ n’implique pas davantage l’expression d’une condamnation personnelle de ma part ; c’est aussi un simple constat.
- En droit européen, la base juridique de la ratification d’accords commerciaux n’implique que la signature des Etats-membres ; l’approbation des parlements, autres que le Parlement européen, est facultative. La Commission européenne a incontestablement pris une initiative hasardeuse en choisissant cette dernière voie, dont on pouvait penser que, compte tenu de l’état actuel de l’opinion en Europe, les risques étaient importants.
- Le fait – y compris pour un journaliste, qui reste citoyen – de prendre fait et cause pour un mouvement de protestation ne doit pas systématiquement conduire à mettre en doute la science et l’honnêteté de celui qui en rend compte, dès lors qu’il n’épouse pas la ligne souhaitée. L’exercice de l’impartialité informée à bonne source est un combat de tous les jours.
Quentin DICKINSON
Directeur des Affaires européennes »